Restos / Bars

Trattoria Sant-Angelo : Un dimanche à la campagne

Cuisine honnête, service simple et courtois, prix abordables, cela suffit à définir une trattoria, surtout quand on s’imagine, non pas en ville, mais à la campagne ou en banlieue, quelque part dans le sud de l’Italie.

Il nous suffit de quelques pas pour aller prendre place près du mur qui fait face à l’entrée. Là, nous nous retrouvons en superbe compagnie – entre un bout de fresque de Michel-Ange et une reproduction de La Joconde. La musique d’ambiance est italienne, bien sûr, mais très actuelle. Les Che Bella Cosa et autres, ce sera pour plus tard, alors qu’on nous proposera la crème caramel ou les gâteaux au fromage, au chocolat, au moka… Pour l’instant, nous détaillons avec intérêt cette partie de la salle où, devant un mur de vieilles pierres, se dresse un imposant four à bois, apparemment aussi solide qu’un château fort: "Il date d’environ 20 ans. Ç’a été le premier du genre à Québec", vous dira-t-on. Il a dû en voir défiler, des pizzas! De la "napolitaine" à la végé, en passant par la quatro stagioni, la "Neptune", les calzoni et la Leccabaffi (garnie de poire, prosciutto, gorgonzola et mozzarella). En deçà, sur un haut comptoir, des bouteilles et des bocaux d’huile d’olive, de poivrons en conserve et de condiments divers. À une table, tout près, des clientes discutent à voix basse. Leur repas semble tirer à sa fin. Ici ou là, d’autres clients, seuls pour la plupart, mangent ou lisent le journal. Et il nous arrive des odeurs chaudes, diffuses, mais tellement apéritives que mon invitée et moi avons déjà sérieusement entamé la corbeille de petits pains. Nous avions spontanément commandé deux verres de vin maison; nous nous apercevons seulement après que la maison offre d’excellents vins au verre, même des rosés et un mousseux. Ce sera pour la prochaine fois, tiens! En table d’hôte, elle propose l’entrecôte forestière, la paëlla valenciana, les moules et le faisan périgourdine sur riz sauvage, tandis que, pour ce midi, on a le choix entre l’omelette aux trois fromages, les moules à la provençale, les paupiettes de sole aux crevettes… Veau, boeuf, volaille, poissons et fruits de mer, soupes et pâtes diverses: une petite virée du côté de la carte s’avère bien édifiante, mais n’apaise aucunement la faim, on s’en doute. Mon invitée partage cet avis et renchérit même d’une petite remarque sur mon indécision. Message reçu, commandes vite passées. On lui sert en entrée des asperges vinaigrette sur un peu de laitue. Il s’agit de petites asperges fraîches, cuites à point. À moi, le potage du jour – en l’occurrence une crème de petits pois qu’on a réussi à sauver de la fadeur. Il lui manque tout de même une petite pincée de sel, ce dont je la gratifie volontiers. Pour mon plus grand plaisir. Le pain aidant – car il est frais, bon et léger -, me voilà presque rempli. Souhaitons que le service traîne un tantinet avant nos prochains plats. Nous sommes presque exaucés. De gros morceaux de poulet nappés de sauce aux champignons et au vin blanc, telle est la blanquette de poulet à l’ancienne dont mon invitée entend se régaler. Elle avait demandé qu’on lui remplace le riz d’accompagnement par des pâtes; elle a donc droit à du spaghetti sauce tomate dont elle prend immédiatement une bouchée avant de déclarer, sentencieuse: "C’est bien. Pas trop al dente!" Elle trouve aussi des qualités à sa blanquette: chair tendre, sans être trop cuite, et bien imprégnée du bon goût de la sauce. Ma propre assiette me décourage rien qu’à la regarder. Je me dis que jamais je ne viendrai à bout de cet énorme osso buco, sans parler de sa garniture de riz et de légumes (carottes, chou-fleur, mange-tout et brocoli). La sauce, épaisse, est d’un rouge soutenu. On y décèle sans contredit la présence du zeste d’orange, mais discrète, presque fuyante. En ce qui concerne la viande, je m’intéresse davantage aux parties gélatineuses, car j’en raffole. Il n’y a qu’un os à moelle, et d’ailleurs plutôt petit; je le déplore. J’en aurais voulu au moins deux, bien plus gros, avec de belles moelles qu’on aspire d’un seul coup – et tant pis pour les coincés qui vous regardent de travers! C’est tout de même un plat bien réussi. J’y fais le plus de ravages possible, jusqu’à plus faim. Quant à mon invitée, elle a déjà repoussé son assiette et me prévient qu’elle dira non à quelque dessert que ce soit.

Trattoria Sant-Angelo
10, rue du Cul-de-Sac
Québec (Québec)
Tél.: (418) 692-4862
Menu du jour: 6,95 à 14,95 $
Table d’hôte: 16,95 à 24,95 $
Dîner pour deux (incluant taxes, boissons et service): 45,50