C’est dans l’ambiance d’une fin d’émission de radio que nous commençons à souper. Animateurs, techniciens, réalisateur, toute la petite équipe récupère ses effets et distribue ici ou là quelques poignées de mains avant de quitter les lieux. Les deux parties de la salle à manger sont bondées. La plainte grave et obstinée d’un saxo se fraye un passage dans le bourdonnement des conversations. Sur les murs, de grands tableaux du peintre salvadorien Antonio Avilés éclatent de couleurs vives en hommage au peuple des Mayas. Mon amie en est à son deuxième verre de vin rouge, ce Windham Estate Bin 444 qu’elle a pris en affection – comme j’ai fait, moi, du Fetzer Fumé blanc. Momentanément apaisée par les amuse-gueule, notre faim rapplique en force, surtout qu’à la table voisine, deux clientes se tapent avec un certain entrain des "pasta du clocher", petites coquilles à la sauce tomate, prosciutto (dommage que la carte dise "proscuitto"!), kalamatas et fromage. Il y a au menu le boudin noir "Queue de cochon": le meilleur en ville. J’en ai pris une tranche au moment des amuse-gueule, où se retrouvait aussi une incomparable andouillette, dont j’ai mangé les deux morceaux dans un élan d’enthousiasme que mon amie qualifie d’égoïste. Pour la consoler, j’essaie de lui "raconter" le goût qu’ils avaient… Bref, de facéties en facéties, nous aboutissons aux choses sérieuses, à l’urgence de commander. En attendant d’être servis, nous avons la chance de compter parmi les quelques "élus" pour goûter à la "Cuvée du Diable" (hydromel lauréat du Renaud-Cyr 2000) et à un vin doux Henry of Pelham Vidal (vendanges tardives VQA). Le moral s’en porte infiniment bien. Et voici l’entrée de mon invitée, en l’occurrence une salade de laitue, endives, basilic, persil plat, oignons rouges et autres – bien poivrée et pas acide du tout. Dans la salle, toujours le feu roulant des conversations, maintenant sur fond sonore de rythmes exotiques – Cuba, Cap-Vert, Martinique… En posant nos assiettes devant nous, la jeune serveuse nous prévient qu’elles sont archi-brûlantes. Mon invitée a choisi le mahi-mahi, poisson blanc dont je ne raffole pas en général. Ce soir, toutefois, il a eu droit à un traitement plus qu’honorable. Grillé, bien assaisonné, il s’accompagne d’une salsa d’avocat aux ananas et à la coriandre fraîche, escortée de "racines" (céleri-rave et panais). Au plaisir immédiat d’une bouchée s’ajoute un soupçon de curiosité – en l’occurrence une pointe d’acidité furtive, tellement fuyante qu’on a envie de lui courir après. Et va pour une seconde bouchée! Va pour une autre encore… À ce train-là, mon invitée (qui me regarde faire en riant) n’aura rien mangé du tout et mon assiette aura refroidi, non? Je lui offre de goûter à mon "parmentier d’agneau", ce qu’elle accepte de bonne grâce. Sur un confortable lit de purée de pomme de terre au basilic, des morceaux de jarret d’agneau confit, puis du chèvre fondu, des tomates et une salade d’endives le Meuilly. Je décroche du réel pendant un bon moment, oubliant même que je m’étais fait servir un autre verre de vin. Quand je "reviens", je m’aperçois que je me "cadence" doucement sur mon siège au son de Dança Ma Mi Criola. Deux cafés. Sans oublier, pour mon amie, le pannetone doré et coiffé d’une boule de glace au cassis. Ni le petit alcool de mirabelles maison qui vient se poser mine de rien à côté de nos tasses. Avec tout ça, l’hiver, dehors, n’a qu’à bien s’accrocher: j’arrive!
Le Café du clocher penché
203, rue Saint-Joseph Est
Québec (Québec)
Tél.: (418) 640-0597
Menu du jour à partir de 8,95 $
Table d’hôte: 9,95 à 13,95 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 66,32 $
Valentin et les Amazones
Évidemment, aucun des nombreux saints portant le nom de Valentin n’a jamais rencontré une Amazone de sa vie, sinon au cours de ses lectures. Le hasard, coquin, favorise néanmoins le rapprochement, puisque le vernissage du jeune peintre Guillaume Desjardins, consacré aux Amazones, aura lieu demain, lors d’un 5 à 7 au Café du clocher penché… Et les "redoutables et fascinantes Amazones" y seront encore au moment où vous viendrez sous le même toit célébrer la Saint-Valentin. Les chefs de ce Café vous ont en effet concocté un menu spécial de sept services pour le 14 février: quelques amuse-gueule avant l’entrée végétarienne (polenta dorée, saisie de champignons, fondue de chèvre, etc.), une soupe du clocher à la crème de volaille et fèves de Lima, des ravioli au saumon fumé, un granité et un choix de plats principaux – dont l’assiette végé et le canard du lac Brome laqué. Suivra le "dessert des amoureux", puis le café, le thé ou l’infusion.
Le Café du clocher penché
203, rue Saint-Joseph Est
Québec (Québec)
Tél.: (418) 640-0597
Menu de la Saint-Valentin: 19,95 à 21,95 $