Restos / Bars

Château Bonne Entente : Pour la cuisine et pour le luxe

Depuis quatre ou cinq ans, une frénésie de bon aloi anime le Château Bonne Entente. Cela se traduit par des rénovations d’envergure et, paradoxalement, par une ambiance de plus en plus sereine et une cuisine qui se raffine encore avec le temps.

Après ce que – entre amis – j’appelle "une semaine de fous", voici venu le moment du farniente. Nous désertons la ville pour nous réfugier… au Château Bonne Entente. Dépaysement total pour cette fin de semaine de presse! À notre arrivée, le vendredi soir, des confrères de Montréal sont déjà sur place. D’autres, de Québec même, n’arriveront que le lendemain. Nous avons droit, mon amie et moi, à une luxueuse chambre de style contemporain, dont l’ameublement se veut à la fois confortable et fonctionnel. Le lit? Une machine à voyager dans le temps! Vous y restez deux heures en voulant faire une sieste de 10 minutes. Puis, nous voici dans la grande salle à manger du restaurant Le Pailleur. Comme d’habitude, ce sont d’abord les odeurs qui vous accueillent: quelque chose de subtil – et de si fuyant qu’on a envie de lui courir après. "C’est comme un sourire qu’on respire", dis-je à mon amie. Pour ce qui est des sourires, des vrais, il y a en tout plein pour nous souhaiter le bonsoir et nous conduire à notre table. Là, nous écoutons un moment la mélodie italienne que joue le pianiste Guy Dumais et, au terme d’une brève introspection, j’aboutis à une conclusion révolutionnaire: ne rien fiche, ça creuse! Il faut dire aussi que la carte s’ouvre sur un menu qui me fait frétiller d’envie. Cela s’appelle "La Grande Chasse" et comporte, pour une personne: aiguillette de canard, noisette de caribou, médaillon de cerf, demi-caille, rouelle de lapin, baluchon de bison confit… Cela me rend terriblement nerveux, parole! Mon verre de riesling tremble dans ma main. Mon amie, qui a tout deviné, m’assure que je n’en viendrais pas à bout. "C’est justement pour ça que je pleure", lui dis-je. L’"Assiette du pêcheur" me bouleverse autant, sans parler des autres taquineries de la carte. Je me rabats sur la "Haute-Provence", en l’occurrence un carpaccio d’agneau à l’huile de morille et coulis de cresson, qu’on savoure comme une vengeance, tandis que ma compagne, "Provence" tout court, se régale d’une verdurette tiède de lapin confit et vinaigre de Chardonnay. Mon plat de résistance? Eh bien, mon trouble était tel que j’avais commandé la "Fantaisie de Gaston", sans m’apercevoir qu’il s’agissait d’une entrée. On m’en a tout de même fait une vraie assiette en doublant la portion. Le pied! En détail, cela signifie des escalopes de foie gras et des ris de veau, poêlés à la perfection, disposés en étages et mouillés d’une sauce à la mangue et au poivre vert. C’est encore le Willm qui m’aidera à assumer tous ces fantasmes réunis dans une même assiette! Évidemment, pour varier un peu, je m’autorise deux ou trois petites incursions de l’autre côté de la table. Steak de flétan et moules sur millefeuille d’aubergine et tomates confites: mon amie aussi se la coule sublime, non? Et dire qu’on va remettre ça demain soir! Mais avant, il y aura eu une petite bagarre avec cette douche ultramoderne qui se commande comme une cabine spatiale, puis un petit déjeuner où l’on retrouve quelques connaissances, Le Relaxarium où mon amie va se faire dorloter pendant une heure ou deux, alors que je me tape un merveilleux roupillon dans ce lit qui va beaucoup me manquer… Apéros, conversations à bâtons rompus dans le salon de thé, visite de quelques chambres haut de gamme. Un peu plus tard, à table, on nous offre la Toscane. L’entrée est constituée d’une entrée de bocconcini et tomates marinées, garnie d’une lame de taro frite et d’une brunoise courte de poivrons rouges. Déjà les langues se délient, le vin coule joyeux, les rires ricochent de table en table. Le gaspacho qui suit (marjolaine, concombre et yoghourt) s’avère trop salé et pas assez froid. Tout rentre dans l’ordre avec l’arrivée des médaillons de veau grillés à la poêlée d’escargots et à la sambuca. Avant la première bouchée, le mariage de goûts n’est pas vraiment prévisible; toutefois, après, on se dit le plus simplement du monde: "Il fallait que ce soit ça." Les fourchettes redoublent d’ardeur, la rumeur des conversations se tape quelques décibels supplémentaires et d’autres bouteilles de vin arrivent à la rescousse. Un peu plus tard, au moment de la mousse de chocolat et mascarpone sur biscuit, les portos nous consolent d’avance, car notre escapade tire à sa fin. Mais il nous reste encore quelques heures de paresse, une nuit moelleuse et, au brunch, toutes ces viandes qui font le bonheur de mes matins dominicaux.

Château Bonne Entente
Restaurant Le Pailleur
3400, chemin Sainte-Foy
Sainte-Foy (Québec)
Tél.: (418) 653-5221
"Le Grillardin": 34 $ à 42 $
"Menu Découverte": 36 $