Au bas de l’escalier, une petite pancarte nous annonce: "L’Olive noire vous reçoit ce soir au 2e étage." Je préfère. Le rez-de-chaussée a tout de même son charme, mais j’aime bien la salle à manger d’en haut, son décor de briques rouges, ses grands miroirs où l’on se voit en double ou en triple sans avoir encore bu. C’est là que nous accueille, comme d’habitude, une salsa jazzée qui nous coule sournoisement dans les vertèbres, alors que nos yeux ont vite fait le tour des affiches proposant toutes sortes de promotions: "À deux, c’est mieux", "Tête-à-tête", etc. Nous avons pris place au milieu de la pièce. Il n’y a là qu’un couple à notre arrivée; une demi-heure plus tard, un flot de clients s’amène comme si tous s’étaient donné le mot. Sur la carte, je retrouve avec plaisir un vieil ami, l’"Aqua-mixed-grill" (filet de saumon, pétoncles, moules géantes et crevettes), avec lequel j’ai quelquefois partagé d’agréables moments. J’adresse en passant un petit clin d’oeil de connivence aux tartares et carpaccio (saumon et filet mignon de boeuf). Mon invitée fait plutôt cas des salades, des brochettes de légumes, des linguine aux foies de volaille, sauce champignons et porto – mais son inclination la porte ailleurs. Elle médite un instant à voix haute sur les mérites probables de l’émincé de poulet de grain, du filet de saumon frais grillé (sauce framboisine) et du tournedos de boeuf Boston grillé (parfumé au cognac). Quand je la vois s’égarer en direction des rouleaux au canard confit et gingembre mariné, bruschetta, bavettes de veau, brochettes de pétoncles et crevettes, je suis certain qu’on n’est pas sortis de l’auberge – je veux dire… du bistro. Pourtant, tout va assez vite. Au tartare de saumon que j’ai choisi comme entrée, elle réplique par une brochette de tomates et d’artichauts grillés (sauce au chèvre) qui aurait été bien meilleure avec des artichauts en boîte. C’est (presque) partout pareil, je sais; cela ne m’empêche pas de prier chaque jour: "Mon Dieu, prouvez-moi que Vous existez en nous débarrassant des conserves!" Quant à mon tartare, frais, relevé sans excès et moelleux comme une gourmandise d’enfant, je m’en régale. Il en sera d’ailleurs de même ensuite, après que nous aurons plusieurs fois trinqué au vin rouge et au blanc, mon invitée et moi. Mon magret de canard à la teriyaki vaut son pesant d’or. La sauce, foncée, haut corsée, au goût presque trop soutenu, suggère une amertume qui semble agir comme un catalyseur sur la chair exceptionnellement tendre du canard. Alors, on sourit béatement, comme ça. "Pour une fois, dit mon invitée, je préfère ce qu’il y a dans ton assiette…" Moi aussi, pardi! Elle s’était commandé des grenadins de veau grillés sur lit d’épinards à la crème: viande de bonne qualité, bien présentée; sauce vaguement banale. Pas mauvais, mais… Avant cela, mon vis-à-vis avait littéralement dévoré une petite salade dont elle m’avait seulement dit: "Tu ne l’aimeras pas, toi". J’en avais déduit que l’acidité y dominait, ce qu’elle adore. Nous avons fini par conclure: deux cafés filtre et, pour ma compagne, un petit flan au caramel qui ne manque pas de personnalité.
Restaurant L’Olive noire
64, boulevard René-Lévesque Ouest
Québec (Québec)
Tél.: (418) 521-5959
Menu du jour à partir de: 7,95 $
Table d’hôte: 15,50 à 23,50 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 66,83 $
Nourrir le corps et l’esprit
Les Aliments Déli-Soleil, sans doute le plus important spécialiste des mets latino-américains dans la région, commandite régulièrement divers types d’activités culturelles. Ce fut le cas le 12 avril, en présence de l’écrivain Sergio Kokis et sous la présidence d’honneur de monsieur André Boulerice, secrétaire d’État à l’accueil des immigrants, à l’occasion d’un événement qui fera date: l’inauguration de la bibliothèque Gabriel-García-Márquez. En effet, la Casa latino-américaine, l’Institut canadien de Québec et le cégep de Limoilou se sont unis pour fonder cette bibliothèque représentative de l’Amérique centrale, de l’Amérique du Sud, ainsi que des Caraïbes hispaniques et francophones. Aucun Latino-américain, aucun latinophile n’ont voulu manquer ça! La soirée s’est terminée par un buffet préparé par Déli-Soleil: pain de jambon (Venezuela), sopa paraguaya (du Paraguay, évidemment), bananes plantain (communes à toute l’Amérique), manioc frit à la mode colombienne, plus un dessert, à la fois simple et somptueux, combinant fromage et confiture de goyave. Juste avant ce buffet, nous nous étions régalés d’un spectacle littéraire multidisciplinaire, conçu, produit et mis en scène par le comédien Luis Thenon. Paul Hébert, Denyse Noreau et Luis Thenon ont prêté leurs talents aux grandes voix d’Amérique latine, dont Gabriel García Márquez et Nicolas Guillén… Il y eut aussi la danse, la musique, les tangos… tout ce dont on parlait encore, après, en sirotant un verre de vin, en se délectant de fajitas, de carrés aux légumes uruguayens ou de piononos brésiliens. Bref, ce fut magique et ce n’est qu’un début.
Casa latino-américaine
Tél.: (418) 647-2929
Courriel: [email protected]