Restos / Bars

47e Parallèle : Qui pair gagne

Ce restaurant du Vieux-Québec demeure égal à lui-même. L’amabilité du service va de pair avec la constance d’une table dont l’exotisme se veut une vocation plutôt qu’une mode  éphémère.

Ce n’est pas la canicule, loin de là. Disons… son petit cousin. Avec cet air de famille dont on augure sans mal des jours meilleurs – vous savez, ces jours où la porte peut rester grande ouverte sans que vous en grelottiez. Stephany et Magalie me font face. Sur le rebord de la fenêtre, derrière elles, une petite plante verte se trémousse pour nous rassurer: nous n’avons pas la berlue, un vent discret se faufile bel et bien dans la pièce jusqu’aux tables proches de l’entrée, dont la nôtre. Michèle se trouve à ma gauche et, plus loin, Tina trône en bout de table. Nos trois visiteuses sont arrivées de Montréal. Trois kirs pour les adultes, du jus d’orange pour les ados: nous trinquons, jasant de tout et de rien, jetant de loin en loin un coup d’oeil à la rue Sainte-Anne, achalandée, où quelques caricaturistes et un guitariste oeuvrent avec conviction. Le menu de Pâques diffère évidemment de la carte habituelle, inspirée des quatre coins du monde. "Qu’est-ce que tu prends?" On dirait un mot de passe circulant autour de notre table, interférant avec les réponses qui fusent sans ordre: l’omelette… les côtelettes… peut-être le poulet… pourquoi pas le saumon?… Autour de nous, la clientèle est nombreuse et variée, mais pas bruyante pour un sou. Comme entrée, Michèle a choisi un feuilleté débordant d’escargots généreusement nappés d’une crème de ciboulette où pointe, discret, un goût d’anis qui leur va bien – et qui nous va bien aussi, à dire vrai, car nous y goûtons tous. Le reste de la tablée s’est rabattu sur une savoureuse terrine de caille et poire, escortée d’une petite salade et d’un confit d’oignons. Malgré le plaisir qu’on y prend, les portions s’avèrent vraiment trop abondantes et nous obligent à déclarer forfait. Au deuxième service, voilà requinquée notre gourmandise défaillante: Michèle et Magalie avaient opté pour la coupe de fruits exotiques au sirop de menthe fraîche, les ados et moi pour la "soupière du moment", en l’occurrence une crème de navets qui fleure bon la table champêtre, l’évasion, les vacances… Bref, elle nous met de bonne humeur, à tel point que Magalie déclare dans un élan soudain d’enthousiasme: "Un très bon restaurant!" Ses filles y font écho avant d’y aller de leurs propres commentaires sur la beauté des lieux, ces notes d’exotisme qui vous interpellent à chaque instant. Je commande une demi-bouteille de rosé. Nous y goûterons tous, peu ou prou, sauf Tina qui continue de dorloter son verre de jus. L’accueil réservé aux plats qui suivent doit certainement faire plaisir au chef, s’il nous regarde de sa cuisine ouverte. Stephany et moi (que Michèle appelle "les viandeux") avons droit aux côtelettes d’agneau grillées à la moutarde et aux herbes. La sauce qui les nappe s’avère agréable. Elle surprend un peu, néanmoins, sans doute parce que je l’imaginais un peu plus relevée – avec une pincée supplémentaire de poivre et de sel. Ce qui ne nous empêche pas de terminer nos assiettes en parlant déjà de desserts… Magalie avait hésité avant de se décider pour le duo bénédictine à la truite fumée, sauce hollandaise. Tandis que Tina, d’inclination végétarienne, délaisse un peu le suprême de poulet au profit des légumes sautés servis en accompagnement, Michèle fait un sort à son filet de saumon grillé, enrobé d’une appétissante croûte au sésame et au miel, relevé d’une sauce aux carottes et gingembre. Tout cela nous occupe agréablement, surtout en raison du libre-échange que nous pratiquons dans tous les azimuts et en toute sérénité. Au-dessus de nos verres à moitié pleins ou presque vides, les bouchées se croisent et ne se ressemblent pas. Nous avons failli croire que le temps s’était arrêté, mais l’un de nous s’est soudain rappelé que nous avions un parcomètre à nourrir… Cette corvée accomplie, nous reprenons de bon coeur notre ripaille… Thé, café, plus la kyrielle de petites gâteries qui vous ravivent les sourires les plus éteints: crème brûlée à l’érable, coupe de fruits, gâteau au chocolat…

Restaurant 47e Parallèle
24, rue Sainte-Anne
Québec (Québec)
Tél.: (418) 692-1534
Menu du jour: 8,95 à 12,95 $
Table d’hôte: 19,95 à 29,95 $
Brunch pour cinq (incluant taxes et boissons): 141,53 $