Nous n’avons rien prémédité, mais cela allait de soi. D’abord, un apéro et plusieurs amuse-gueule à l’occasion d’un après-midi "portes ouvertes" aux Années folles, ce tout nouveau "gîte (B&B) Art Déco" de Limoilou, où le moindre objet, la moindre affiche, un bibelot, un fauteuil évoquent plein de souvenirs filmiques ou livresques, sinon la voix de Joséphine Baker ou un air de Gershwin. Puis, presque sans transition, notre souper à La Petite Folie, dans l’ambiance bonhomme que le Trio Linda Racine (voix, contrebasse et clavier) se charge de jazzer chaque jeudi jusqu’à la fin de l’été. Derrière le comptoir délimitant la cuisine "ouverte", le chef et son second s’affairent. Mon amie ne les quitte pas des yeux. "Ils préparent mes barquettes", souffle-t-elle à mon oreille. Est-ce la musique (You’ll Be So Nice) ou la gourmandise qui l’émeuvent à ce point? C’est avec le sourire qu’elle accueille peu après ses rillettes de sardines en barquettes de poivrons, escortées d’endives et de céleri-rave. C’est aussi avec le sourire que je l’aide à en venir à bout, tout en commentant ce qui nous entoure, entre autres les clients accoudés au bar, sirotant une bière ou grignotant une aile de poulet. Sur la banquette, non loin de moi, un client s’est fait servir un volumineux sandwich, une ciabatta apparemment bien garnie de viande. Je ne crois pas avoir vu cela sur la carte, parmi les salades (aux morilles et petits lardons), feuilleté de chèvre aux pignons, bloc de foie gras de canard et ses confitures, entrecôte Eldorado vieillie 21 jours, entrecôte ami-amie grillée (le classique de la maison!), cannelloni sauce à la viande… En entamant son deuxième verre de vin (Etchart Torrontes), mon amie tente de se rappeler le titre d’une chanson qu’elle aimerait proposer au trio. Elle y renonce quand arrive sa petite salade verte – tout de même égayée du rouge des poivrons et d’une tranche de tomate. On me sert en même temps une brûlante et délicieuse crème de rapini, légume-fleur apparenté au brocoli, dont j’ignorais jusqu’à ce soir le goût à la fois subtil et soutenu. Après nous avoir chanté la version mi-anglaise et jazzée des Feuilles mortes, Linda Racine nous interprète maintenant Summertime. Elle a dans les yeux le soleil qui nous manque, dehors, et sa voix induit une espèce de rêverie bienfaisante. Dans ces moments-là, il ferait bon que le temps s’arrête, mais il semble plutôt se hâter comme nos derniers plats semblent arriver trop vite. Hésitant entre différentes possibilités (du boudin noir pur porc à la cuisse de canard confite), j’avais opté presque distraitement pour le lapin à la moutarde. Heureuse distraction qui me vaut cette petite fiesta intime, les papilles jubilantes et la fourchette leste. Pour un peu, la sauce serait trop corsée; elle l’est cependant juste assez pour justifier ici une gorgée de vin, là une bouchée de crosses de fougères qui me sont autant de petites haltes fraîches. Mon amie doit insister pour que j’accepte de goûter à son homard thermidor sauce Mornay, choix d’ailleurs aussi judicieux que le mien. Nous continuons de manger lentement, presque égoïstement. Encore un peu de jazz? Et deux autres verres d’Etchart pour prolonger l’instant…
Café La Petite Folie
1995, boul. Jean-Talon Sud
Sainte-Foy (Québec)
Tél.: (418) 681-8008
Table d’hôte à partir de 12,95 $
Menu du jour: 9,95 à 12,25 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 78,34 $
Gala de la restauration
Le 12e Gala de la restauration de Québec a, cette année encore, fait de nombreux heureux parmi les 112 établissements participants, inscrits dans l’une ou l’autre des 24 catégories. L’événement, auquel assistaient plus de 400 personnes, a eu lieu le 16 mai dans la salle de bal du Loews Le Concorde et sous la présidence d’honneur de M. Maxime Arseneau, ministre québécois de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation. Ce fut l’occasion d’honorer monsieur Beppino Boezzio, propriétaire de La Crémaillère, pour sa contribution au milieu de la restauration où il oeuvre depuis près de 40 ans, alors que le Grand Prix du public toutes catégories confondues a été remporté par La Fenouillère. À la suite d’un vote confidentiel des restaurateurs inscrits, le prix Chef de prestige 2001, institué par le magazine Prestige, a été attribué à M. Jean-Luc Boulay du restaurant Le Saint-Amour. L’espace nous manque pour énumérer tous les "Prix du public" et "Grands Prix du public" décernés selon les catégories "Classique" et "Prestige". Mentionnons en passant La Pointe des Amériques et La Piazzetta (pizzeria spécialisée), le Portofino et Jaune tomate (italien), Le Lapin sauté et La Clef des champs (café de quartier), le Pub Saint-Alexandre et L’Inox (pub), L’Entrecôte Saint-Jean et Le Charbon (grillades), L’Astral et le Manoir Montmorency (brunch), l’Apsara et le 47e Parallèle (international), La Fenouillère et Laurie Raphaël (table de prestige). Toutes nos félicitations aux gagnants!