Canicule. On transpire rien qu’en changeant d’idée. Mes amies et moi sautons à pieds joints sur l’occasion de ne rien faire, sauf manger un peu et boire beaucoup, en l’occurrence un souper de presse à l’île d’Orléans. Mais les vêtements d’été qui s’imposaient à Québec s’avèrent bien trop légers si près du fleuve, à l’abri de quelques parasols et sous la protection de grands arbres qui laissent entrevoir, pas très loin, une table à pique-nique, un bout de quai, un pan de fleuve, des rails… La campagne, quoi! À notre arrivée, plusieurs invités occupent déjà la première des deux terrasses composant le restaurant. D’autres se joindront un peu plus tard à nos libations. Les conversations vont bon train, vins et bières nous aident tant bien que mal à tromper la fraîche qui s’accentue et les regards se tournent avec de plus en plus d’insistance en direction de l’autre terrasse, couverte, où des clients se régalent de homards que notre faim fait paraître énormes. C’est bientôt le moment de passer à table, nous rapprochant par le fait même du chansonnier Nicolas qui passe avec un égal bonheur de Daniel Bélanger à Charles Aznavour. Assis entre Dominique et Michèle, je les écoute s’échanger des suggestions en consultant la carte. Le vrai problème, ce sont les entrées, bien sûr, car nous prendrons tous du homard. Alors? Salades de moules, de thon ou de crevettes; pâté de campagne… Leurs choix faits, elles décident que, moi, je prendrai une salade chaude de saumon fumé afin qu’elles puissent y goûter. J’acquiesce mollement et passe ma commande sans grand enthousiasme. Toutefois, cette entrée s’avère excellente, mouillée d’une vinaigrette de bon goût et pas du tout acide. De son côté, Dominique fait son bonheur d’un avocat farci de crabe et de crevettes. Pour ce qui est de la chaudronnée de palourdes commandée par Michèle, elle ne livre sa pleine saveur que moyennant une petite pincée de sel et de poivre. Nous trinquons à gogo au blanc Soleil nantais dont nos verres s’emplissent et se vident avec la régularité d’un métronome. Tiens, la nuit est tombée. Les filets de pêche tendus au plafond se sont étoilés de minuscules ampoules électriques. Comme plat de résistance, certains, autour de nous, ont retenu le "Terre-mer", variation inévitable sur un thème connu. D’autres ont semblé hésiter: méchoui de porc? filet mignon? grillades diverses? Quelques-uns se sont laissé tenter par les moules marinière ou par l’assiette du capitaine (homard, crabe, crevettes, moules et salade chaude de saumon fumé). Pour Michèle, Dominique et moi, du homard! Rien que du homard. On n’attend que cela, et avec une impatience grandissante – qui grandit d’ailleurs au-delà de toute mesure, car le deuxième service s’avère passablement long. La "salle" est bondée, certes, et le personnel, aussi attentif que décontracté, se démène avec la meilleure volonté du monde. Mais qui peut prétendre raisonner la faim? Nos homards se présentent enfin, énormes, bien en chair, savoureux et cuits à point. Tiens, on ne se parle presque plus, mis à part quelques brefs commentaires plus ou moins interrogatifs, histoire de se dire qu’on n’a pas la berlue et que les autres prennent leur pied autant que nous. Un autre homard nous est amené comme ça, à tout hasard, pour ceux qui en auraient encore envie… Un café me suffit, plus quelques bouchées de gâteaux à ma droite et à ma gauche, cédant de bon gré aux tentations du framboisier et du "chocolatier" que mes compagnes ont choisis pour conclure.
Restaurant-terrasse Les Homardises de l’Île
120, chemin de la Chalouperie
Saint-Laurent, île d’Orléans (Québec)
Tél.: (418) 828-2002
Repas à partir de 16,95 $
À boire!
Le lundi 18 juin avait lieu, à Château-Richer, l’ouverture officielle du vignoble-boutique Moulin du Petit Pré, membre du réseau "Marché des saveurs du Québec". Depuis sa construction par monseigneur de Laval en 1695, sur une terre dont le premier tenancier fut Jean Jolliet (père de Louis), ce moulin a connu plusieurs restaurations et a fait l’objet de nombreuses transactions. En 1991, c’est l’acquisition, par son onzième propriétaire, d’une terre agricole en friche… Aujourd’hui, outre ses deux vins blancs (Veuve La Caille et Les Grèves), le Moulin du Petit Pré propose plus de 150 produits du terroir québécois: foie gras, mousse et terrine de canard, vinaigres, caviar de lompe, pâté de caribou ou de canard, oeufs de caille, confitures, tartinades et gelées de petits fruits, gelée de sapin, fines herbes, tisanes, feuilles de vigne farcies, etc.
Vignoble et boutique Moulin du Petit Pré
7007, avenue Royale
Château-Richer (Québec)
Tél.: (418) 824-4411