Restos / Bars

Temps mort : L'Entracte

Le chef, suisse, se dit consultant "en manifestation culinaire"; il prétend du même souffle faire de la cuisine du marché. Or, nous ne savons pas vraiment ce que l’un et l’autre signifient dans le contexte de cet étroit (et pourtant très mignon) bistro de quelques tables, qui propose une cuisine un peu prévisible, sans grande originalité.

Le chef, suisse, se dit consultant "en manifestation culinaire"; il prétend du même souffle faire de la cuisine du marché. Or, nous ne savons pas vraiment ce que l’un et l’autre signifient dans le contexte de cet étroit (et pourtant très mignon) bistro de quelques tables, qui propose une cuisine un peu prévisible, sans grande originalité. Et nous soupçonnons que lui ne le sait pas non plus.

Dans un menu proposé à 25 $, on offre des plats aussi connus que des entrecôtes grillées ou des pastas, quelques bizarreries (qui n’étaient pas disponibles le soir de notre repas, tels du serpent en sauce ou de l’alligator), et on trouve une assiette d’amuse-bouches constituée d’olives confites trop sèches et de saucisson tranché. En entrée, la salade de confit de gésier se présente sur un lit de laitues fraîches nappées d’une émulsion simple et assez bonne. Les gésiers aussi sont savoureux et bien apprêtés, mais le tout est présenté de manière négligée, comme on servirait un lunch rapide, le midi, sur un coin de table. Le même assemblage de laitues printanières et la même émulsion sont offerts à la table d’hôte, baptisés cette fois salade verte! En plat, le magret de canard à la sauce à l’orange est nappé d’une sauce extrêmement riche et crémeuse, au goût insolite qui n’a rien de l’orange. Elle noie sans répit la viande dont on ne peut discerner le goût car, incidemment, elle est trop cuite. On accompagne le tout d’un ragoût de légumes qu’on a sauté et braisé à la manière d’une ratatouille. Seulement le résultat est triste, mal assaisonné et curieusement dominé par l’amertume persistante du céleri, maladroitement utilisé dans cette recette. Le tournedos au beurre maître d’hôtel manque tout autant de finesse, le beurre déposé à la cuillère sur la viande encore chaude goûtant tellement l’ail qu’il est pratiquement impossible d’apprécier la viande, et encore moins le reste. Quoique dans le cas de la ratatouille au goût de céleri qui accompagne aussi ce plat, ce ne soit pas une grande privation. Ça ne s’arrange guère à la finale: une tarte au citron un tout petit peu meringuée, mais qui n’a aucun goût de citron, le chef n’ayant pas utilisé assez de jus ou s’étant contenté de faire un simple appareil aux oeufs; il eût mieux fallu baptiser tarte aux oeufs ce dessert saugrenu! La tarte aux fraises n’est pas réjouissante non plus, il lui manque autant de corps que de parfum, et les fruits importés de Californie n’ont absolument aucun arôme. Le service est assuré par un sympathique jeune homme qui doit constamment demander à son chef des détails sur une cuisine qu’il ne connaît manifestement pas beaucoup. Chacune de nos questions le renvoie, ahuri, derrière le passe; chacun de nos commentaires le fait rougir. On apporte son vin, mais c’est une mince consolation pour une cuisine brouillonne et approximative. Surtout pour 66 $ à deux, incluant les taxes et le service.

CAFÉ-BISTRO L’ENTRACTE

421, rue Marie-Anne Est

Tél.: 284-3332

Maison de Nouilles

Sympathique, frais et sans prétention, ce petit troquet installé en plein centre-ville est resté presque ignoré des amateurs de nouilles asiatiques que nous sommes devenus. Pendant que la foule se presse rue Sainte-Catherine dans les autres temples de la pasta orientale, vous trouverez toujours une table de libre dans celui-ci, à quelques rues de ses compatriotes. Le décor: une cuisine ouverte qui, comme dans les autres restos du genre, a tendance à évacuer les odeurs d’huile dans la salle. Celles-ci seront absorbées par vos lainages! Outre des affiches très rouges, censées apporter chance et prospérité, on n’y trouve que quelques tables et une banquette qui longe la fenêtre. Au menu, surtout des spécialités cantonaises authentiques: une soupe de riz aux oeufs "préservés" et aux tranches de porc, le congee, onctueuse et parfaitement réussie, qui tient lieu de petit-déjeuner là-bas; de très bonnes crevettes sautées à la sauce au homard; un étonnant poulet au citron; et plusieurs entrées en pâte, des dumplings au porc, frits ou à la vapeur. En plus du tofu frit avec du soja – ce qui lui assure toute rédemption en ce qui me concerne -, on offre les sautés de nouilles auxquels nous nous sommes habitués et qui sont assez réussis: pad thaï, vermicelles à la Singapour au cari jaune, nouilles épaisses sautées à la façon de Shanghai, et plusieurs chow meins, qui feraient rougir de honte les abjects buffets de nos banlieues qui se prétendent encore chinois. Curieusement, dans ce resto que l’on croit spécialisé en nouilles, on trouve davantage de plats de viande et de poisson sauté. Je le dis comme ça, en passant, bien que ça ne change pas grand-chose à la qualité générale des plats. En tout cas, un tel endroit nous prouve encore et toujours que l’on peut manger décemment à Montréal pour moins de 15 $ par personne, incluant les taxes et le service.

LA MAISON DE NOUILLES

1862, boulevard de Maisonneuve Ouest

Tél.: 933-2288