Pour toute publicité, le nom du resto inscrit sur la vitre et un bouquet de parfums qui vous cueille littéralement sur le trottoir. Ma première visite en fut une d’observation… participante. Nous étions quatre amis en balade, vaguement sollicités par une fringale d’après-midi. Nous avions donc fait escale ici, le temps de quelques bières arrosant tacos et bavardages. Nous revoici ce soir, mon amie et moi, attablés au même endroit, assis sur les mêmes chaises en lanières de bambou. Un coup d’oeil à l’écran du téléviseur: un téléroman latino, évidemment, sur fond d’azur, de soleil et de bikinis. Pour s’évader, me dis-je, mieux vaut du velours que du barbelé, des mots soyeux plutôt que des hurlements… Et aussi, bien sûr, le grésillement des poêles d’où montent ces odeurs complexes qu’on a peine à identifier. En revanche, la carte est claire: d’un côté, repas simples et tout-venant, enchiladas, sopes, quesadillas style Acapulco, fajitas, tamales, chili con carne, chilaquiles, nachos et guacamole; de l’autre, l’objet de nos préoccupations. Il s’agit des "spéciaux" proposés du jeudi au dimanche, du pozole (soupe à base de viande et de maïs en grains) au poulet stofado, en passant par le poisson à la mexicaine (cuit à la vapeur), les crevettes a la diabla, la barbacoa de borrego (agneau cuit à la vapeur dans des feuilles de bananier), etc. Nos choix faits, nous optons spontanément pour des boissons gazeuses (mexicaines naturellement) à la mandarine et à l’ananas. Du coin de l’oeil, je regarde dresser nos assiettes, lesquelles nous sont bientôt servies avec ce même sourire éblouissant qui nous a souhaité la bienvenue un peu plus tôt. Mon assiette est toute modestie: une quesadilla délicieuse (bien que le fromage y soit un peu trop salé), une fajita au poulet que j’extermine en quatre bouchées et un sope (tortilla garnie de poulet, salade, crème, fromage et salsa). Quant à la salade, on retrouve la même dans l’assiette de ma compagne (laitue, brunoise de tomates, oignons et coriandre fraîche), à côté d’une généreuse portion de riz (goûteux et cuit à point) et d’une demi-purée de haricots rouges. Deux belles tranches de viande constituent le principal – du porc mariné, nappé d’une sauce brune, riche de saveurs et très pimentée. Nous n’avons pas à nous forcer pour venir à bout de cela. Et c’est moi qui, cette fois, termine par un dessert. À vrai dire, je ne l’ai pas commandé. La jeune personne qui nous sert (et qui cuisine aussi) nous a proposé un flan au caramel. J’ai répondu sans rire que j’en prenais rarement au restaurant, vu que le mien est le meilleur du pays. "Eh bien, je vous l’offre!" a-t-elle déclaré, comme pour relever un défi. Le verdict? Disons qu’il est un concurrent sérieux, ce flan.
Restaurant Déli-Mex
332, rue Dorchester
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 649-0830
Repas légers à partir de 1,99 $
Tables d’hôte: 8 à 10,95 $
Souper pour deux (incluant taxes, boissons et service): 24,72 $
Champignons sauvages
Si vous êtes à la fois distrait et prudent (ou peureux), vous préférez laisser à d’autres la cueillette de champignons, vous réservant le seul plaisir de les consommer. Dans ce cas, il convient de vous prescrire le petit livre que publiait Thierry Bissonnette à la fin de l’année dernière: Champignons sauvages à découvrir dans le nord-est de l’Amérique. L’adjectif petit ne s’applique qu’à sa présentation en format poche. Il comporte tout de même près de trois cents pages. Ajoutons, pour en finir avec l’aspect matériel, qu’il est imprimé sur papier glacé et dans une typographie claire et propre. On a affaire à un ouvrage sérieux, d’une rigueur toute scientifique et pourtant abordable par le commun des mortels. L’auteur ne se contente pas de décrire les champignons et de nous assurer qu’ils ont bon goût ou pas. Il propose au contraire une véritable initiation à la mycologie, allant d’un "Petit historique de la mythologie gourmande" à la présentation des espèces. Qu’est-ce qu’un champignon et qu’est-ce qu’une espèce? Thierry Bissonnette répond en détail à ces questions, abordant aussi les notions de groupes et de familles, rappelant les périodes propices à la cueillette, les lieux à éviter et ceux ("bois mêlés", "vieilles populations de conifères", etc.) où la récolte devrait s’avérer abondante et saine plusieurs années de suite. Avec la "Démarche de l’identification", on aborde d’autres éléments tels que les caractères du chapeau, des lames ou des tubes, du pied (forme, couleur, odeur, saveur). Une photographie couleurs complète la fiche. Sur cette dernière figurent les noms français et scientifique du champignon étudié, sa description précise et, pour les espèces comestibles, un "complément culinaire". L’ouvrage est agréable à consulter, méthodique et aussi instructif qu’"émerveillant". Il s’achève sur une bibliographie et un index que précèdent un glossaire succinct et quelques annexes consacrées aux techniques de conservation, au commerce des champignons sauvages, à la culture domestique, aux clubs et sites dédiés à la mycologie. On en fait une lecture passionnante en rêvant déjà d’excursions prochaines.
Champignons sauvages à découvrir
dans le nord-est de l’Amérique
de Thierry Bissonnette
Les Éditions du Pré-Vert
2000, 272 pages