Restos / Bars

Zen Ya : Destin cru

Une autre adresse nipponne, tenue par une équipe multiculturelle, administrée par un patron grec et un patron taïwanais: sortez vos baguettes! Pour la trouver cependant, il faut monter dans un ascenseur que rien de bien beau  n’ornemente.

Une autre adresse nipponne, tenue par une équipe multiculturelle, administrée par un patron grec et un patron taïwanais: sortez vos baguettes! Pour la trouver cependant, il faut monter dans un ascenseur que rien de bien beau n’ornemente. Une affiche discrète, presque transparente, sur la porte au niveau de la grande rue. Et c’est tout ce qui révèle la présence au second palier d’un restaurant de luxe dont le décor a vraiment quelque chose de théâtral. Et qui est très réussi dans le style branché-exotique. Sans vraiment savoir si nous observons, ou si c’est nous qui sommes observés, tant l’éclairage est discret et tamisé, on s’installe dans une salle aux tons sombres, décorée à la manière que le serait l’intérieur des temples shintos. Du noir, du bambou, du verre, un air souterrain, accentué par l’installation de lattes de bois sombre, fixées à toutes les fenêtres, bien que nous soyons au deuxième étage. Ce Zen Ya a de la gueule.

On est également surpris par la taille du menu et la liste – pour le moins impressionnante – des propositions dont certaines sont des menus "découverte" de plus de six services, facturés entre 30 $ et 60 $ par personne. La plupart des plats sont plus que corrects, et montrent beaucoup de goût et pas mal de maîtrise dans la préparation, bien que l’on retrouve davantage de mets nippo-touristes comme les grillades yakitori et teriyaki au menu, plutôt que des créations originales. Mais ces plats traversent tout de même les âges sans se craqueler, quoi qu’on dise: du saumon mariné au vinaigre de riz en amuse-bouche, du tofu légèrement pané et servi avec un hachis d’algues dans un court-bouillon parfumé et délicat, des brochettes (inévitables!) de poulet mariné au soja, un plat de tempura de crevettes et de patates sucrées, aérien et au goût assez fin, une soupe de miso, et enfin une assiette très copieuse de sushis et de sashimis. Les bouchées de poisson cru sont faites avec la délicatesse, le riz adhérant bien à la chair. On a le choix parmi une trentaine de nigiris (les sushis de forme effilée) et de makis (sushis roulés) avec des surprises comme la laitance d’oursin en "cuirassé" d’algue noire, un sushi au goût unique de noisette et, pour certains, séduisant. Quelques futomakis assemblant des produits chauds et des produits froids présentent aussi une composition savante.

Le point faible de ce restaurant, et il est de taille, reste le service: désarticulé, ignorant complètement tout de la cuisine japonaise, et montrant des signes évidents d’incompétence. Il faut espérer que les patrons le comprennent vite avant que cela ne leur cause de sérieux problèmes. Qu’ils n’oublient pas que le dernier souvenir qu’emporte le client, d’un lieu de plaisir lui est fourni par la brigade de service.

Autrement, côté cuisine, nous nous inclinons devant le raffinement de l’Orient, mais restons tout de même surpris par l’addition un peu surexcitée: 130 $ à deux, avec les taxes et le service et un peu de saké, mais juste un peu.

Zen Ya
486, rue Sainte-Catherine Ouest
Tél.: 904-1363

Amuse-Gueule:
– Le Canard du lac Brôme se refait une fête. Il y a deux ans, on avait mis un stop à ce Festival censé célébrer la bête et ses qualités, mettant en scène un pays ou une région. Seulement voilà, plusieurs des pays choisis au fil des ans (sauf pour la France) ne cuisinent pas le canard… Une année a passé et certainement pas mal de réflexion. La question se pose: le canard a-t-il besoin d’un festival pour se faire valoir comme viande? Les organisateurs pensent que oui et, cette année (jusqu’au 28 octobre prochain), ils remettent ça, mais en ayant fait une pause d’un an. La nouvelle édition: aucun thème sinon le canard lui-même, mis en scène par une trentaine d’établissements de la région des Cantons-de-l’Est. Déjà, manger du canard, s’il est préparé avec talent, serait une raison suffisante de sortir de la ville. Mais en plus, certains des établissements font de réels efforts pour se distinguer et proposer des menus différents. Parmi les meilleurs: McHaffy à Cowansville, Neroli à Knowlton, L’Orée du bois à Saint-Joachim-de-Shefford, L’Aubergade à Granby, La Falaise Saint-Michel à Sherbrooke.