On croirait que les jardinières se sont multipliées dans ce resto plus vaste qu’il n’en a l’air. Les plantes ont drôlement profité, en tout cas. Maintenant, ce sont presque des bosquets suspendus (j’exagère un brin) que vous effleurez si vous passez trop près des tables. Et cela convient parfaitement au thème du mois d’octobre: la forêt canadienne. Depuis quelque temps, on le sait, La Faim de loup a mis sur pied une longue série de thématiques. L’Australie et la Nouvelle-Zélande seront à l’honneur jusqu’au dernier jour de novembre, relayés ensuite par les pays scandinaves. Le Liban en janvier, la Californie en février… Suivront le Japon, l’Espagne, etc. Deux verres de vin blanc (Inniskillin) nous tiennent lieu d’apéro, mon invitée et moi. J’ignore ce que tous ces gens fêtent, autour de nous, mais ils y mettent du coeur et de la voix. Plusieurs couples, quelques petits groupes, plus une tablée de 10 personnes à ma droite. La carte? Immense. Deux grandes feuilles glacées, montées sur une planchette de la même dimension, qu’on ouvre avec force précautions: éviter de faire tomber les ustensiles ou basculer le verre d’eau. Faire gaffe aussi à la bouteille d’huile aromatisée… Un dépliant séparé résume le menu et propose des vins d’accompagnement. Égaré comme un Grand Poucet, je passe et repasse par les mêmes sentiers semés de tentations: pizzas traditionnelles ou européennes, burgers, pâtes à la française (canard et pintade confits; sauce miel, pastis et ciboulette), entrecôtes, filet mignon et, bien sûr, le gibier. "Elle est bien douce, la forêt canadienne!" Ce commentaire fait allusion à l’entrée que j’avais fini par choisir et à laquelle je viens de goûter. Il s’agit d’un carpaccio d’autruche mouillé d’une sauce Cumberland à la gelée de groseilles. Pas mauvais, non, mais le sucré y domine un peu trop. Un peu de sel et de poivre n’y change rien. Une pointe d’acidité, peut-être? Mais c’est une tranche d’orange (plutôt que de citron) qui escorte mon plat. Celui de mon invitée, un peu plus agréable, est constitué de raviolis frits de cerf, pomme sûre (sic) confite et sauce au cidre. La pâte un peu trop sèche des raviolis tend à étouffer le goût subtil de la farce. "Peut-être qu’on n’aurait pas dû les frire?" se demande mon vis-à-vis. Au service suivant, on lui sert une petite salade à la vinaigrette balsamique. J’ai droit, pour ma part, à une merveilleuse crème d’épinards à l’estragon qui me fait le plus grand bien. J’en avais demandé peu (je le regrette!), soucieux de me garder de la place pour le plat de résistance, lequel se présente avec une touchante simplicité. Une brochette de chevreuil qui vous est livrée comme ça, avec ces gros morceaux de viande marqués au gril, vaguement luisants comme s’ils vous faisaient de l’oeil! Je craque, moi. Je croque aussi. C’est bon. Il y a là quelques pâtes spiralées. Elles peuvent toujours attendre. Et de la sauce en abondance – malheureusement trop douce, encore une fois. Qu’importe! Particulièrement tendre et gorgée de tous ses sucs sauvages, la viande rachète tout. Du côté de mon invitée, qui s’est fait servir un verre de rouge, même dérapage quasi sentimental. Un râble de lapin farci de sanglier, plus une sauce aux raisins, cela vous fait de chaque bouchée un petit bonheur feutré qu’on aimerait voir s’éterniser. Mais il y a une fin même à la faim. Nous déclinons l’offre d’un dessert et, conformément à une coutume bien établie ici, on nous propose un digestif à la place. Mon invitée accepte de terminer par quelques gorgées d’Amarula.
La Faim de loup
2830, chemin Sainte-Foy
Sainte-Foy (Québec)
Téléphone: (418) 653-8310
Menu du jour: 7,75 à 10 $
Table d’hôte: 14,95 à 21,95 $
Menu "Découverte" pour deux (vin inclus): 52,95 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 61,54 $
Saveurs
À moins d’oeuvrer dans le domaine de la restauration, on ne connaît en général qu’un petit nombre de producteurs, recommandés par des amis, retracés tant bien que mal dans l’annuaire ou découverts au hasard d’une promenade. Tout vrai gourmand appréciera donc ce répertoire, le premier du genre, publié par le Conseil de l’agriculture et de l’agroalimentaire pour le développement de la région de Québec (CAADRQ): Saveurs et savoir-faire agroalimentaire. L’ouvrage regroupe près de 400 entreprises regroupées sous 14 rubriques: fruits et légumes frais (incluant fines herbes et fleurs comestibles), fruits et légumes transformés (huiles, confitures, etc.), produits carnés (viandes diverses, volaille, gibier et autres), mets préparés, produits biologiques certifiés… Cela va jusqu’aux épiceries fines et commerces spécialisés. Il couvre sept régions (Charlevoix, Charlevoix-Est, Côte-de-Beaupré, CUQ, île d’Orléans, Jacques-Cartier et Portneuf) et présente de manière succincte chacune des entreprises. Des pictogrammes permettent d’identifier du premier coup d’oeil le producteur, le transformateur, le distributeur, le grossiste ou le revendeur. Il s’achève sur une liste d’associations et de réseaux touchant le domaine agroalimentaire, plus quelques index complétés d’un calendrier des produits régionaux. Un guide pratique, bien fait et disponible à un prix plus qu’abordable: qui voudrait s’en passer? Renseignements: (418) 872-6290.
Saveurs et savoir-faire agroalimentaire
CAADRQ
2000, 272 pages