Les restaurants La Piazzetta ont en commun des spécialités telles que la fougasse, "réinventée" par eux, les pizzas fines, les pâtes, le veau, et ne se distinguent l’un de l’autre que par le thème général du décor. Dans ce più, c’est donc le nouveau menu qui nous absorbe dès notre arrivée, ses pastas all’arrabbiata, au saumon fumé, aux aiguillettes de canard fumé… Et mon invitée n’a d’yeux (déjà!) que pour la crème brûlée au jalapeño. Vous vous dites que cela n’a rien d’italien? On vous le naturalisera. Recuerdos de la Alhambra ne l’est pas non plus, mais c’est sur cet air de Tárrega que nous avons fait notre entrée, immédiatement accueillis par une serveuse souriante qui s’est empressée de nous placer. Des plantes en pots s’épanouissent dans la grande salle à manger aux murs ocres décorés de quelques tableaux. Ici, un tronc de colonne; là, une affiche annonçant la journée "Générosa". Une cohorte de bouteilles vides se déploie en arc de cercle sur une tablette suspendue près du plafond. "De bons souvenirs!" vous confiera en souriant le sommelier. Lui-même m’a d’ailleurs dit, quand j’ai commandé mon carpaccio: "Vos papilles vont se mettre à frétiller." La chose s’est produite, en effet, mais pas à la première bouchée. Servi sur de fines tranches de poires et accompagné de "guacamole et tombée de poires aigre-douce", mon carpaccio m’a tacitement suggéré une pincée de sel et un soupçon d’huile d’olive piquante. Alors, là, elles ont jubilé, les papilles. Les miennes et celles de mon invitée qui a bien voulu délaisser un instant sa melanzana al pomodoro – délicieuse préparation à base d’aubergines grillées et marinées, tomates italiennes, basilic frais, huile d’olive, ail et parmesan. Nous trinquons aux arie et aux airs de jazz qui se succèdent. La suite du repas n’est pas moins emballante. Si je me montre moins enthousiaste pour l’escalope servie à mon invitée (limone, gremolata et miel), c’est parce que je n’ai jamais fait de réelle folie pour le veau. Mes réticences font rire ma compagne, qui me laisse tout de même goûter aux excellentes pâtes garnissant son assiette. Mes fidelini aux aiguillettes de canard fumé ont de quoi surprendre. Le fumage délicat de la viande, sa juteuse tendreté, les pâtes cuites juste à point (et non pas raides sous prétexte de faire du… al dente), leur sauce (crème, miel et gingembre), tout cela organise pour moi tout seul une petite fête intime que je ne manque pas d’arroser de vin et d’un peu (très peu!) d’huile piquante. On ne mange pas de pain avec les pastas? Moi, si. Et j’en suis fier. J’en demande un, mais la serveuse m’en apporte deux. C’est trop. Je dirai encore "c’est trop" quand, un peu plus tard, ma petite cuiller dérapera pour la nième fois en direction d’une crème brûlée au jalapeño servie à ma compagne… très loin de moi. C’est fou ce qu’une petite table peut sembler grande, soudain!
La Piazzetta
3100, rue de la Forêt
Sainte-Foy (Québec)
Téléphone: (418) 650-6655
Menu du jour à partir de 7,95 $
Table d’hôte: 13,95 à 23,95 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 69,48 $
Porc, salut!
Pourquoi un livre sur le porc? À cette question, 288 pages de réponses et de recettes joliment illustrées. En général, on connaît mal ce quadrupède qui n’est plus tout à fait celui qui débarquait au Québec en 1541. Qu’à cela ne tienne: l’historien Jacques Lacoursière en retrace allégrement l’évolution dans une "Petite histoire du cochon" qui fait office d’avant-propos. Le chroniqueur gastronomique Ricardo Larrivée et Louise Cantin, de la Fédération des producteurs de porcs du Québec, signent respectivement la préface et l’introduction de l’ouvrage intitulé Le Porc en toutes saisons et auquel a également collaboré le chef Mario Julien. Saviez-vous que, depuis 1987, le porc a perdu 3,9 grammes de matières grasses par portion de 100 grammes? Et que, dans le domaine de la santé cardiaque, tous les experts recommandent la consommation de "viandes maigres comme le porc"? Ainsi s’envolent, au fil des pages, quelques idées préconçues dont procèdent bien des frustrations alimentaires – dont on se vengera d’ailleurs par un "Chili de porc picante", des "Filets de porc au cinq joyaux", des "Porc-burgers dijonnais à la framboise" ou un "Sauté de porc paprikash". Les 94 recettes du livre s’ordonnent sous quatre chapitres portant chacun le nom d’une saison de l’année et proposant invariablement des suggestions pour tous les jours ("Qu’est-ce qu’on mange?") et des "Menus de fête". On en salive à pleines louches! Un peu plus loin, des recettes de sauces et de marinades viennent en aide à l’imagination du lecteur. L’un des derniers chapitres traite des coupes (longe, épaule, etc.), un autre de questions relatives à la santé (cholestérol et valeur nutritive). Entre les deux se trouvent "Les trucs et les conseils du chef" en ce qui a trait à la préparation, la conservation, la cuisson et le service de la viande de porc. Tous ceux qui s’en sont privés jusqu’ici estimeront sans doute, à la lecture du Porc en toutes saisons, qu’il est grand temps de rattraper les festins perdus.
Le Porc en toutes saisons
Les Éditions de l’Homme
2001, 288 pages