C’est fou ce que les gens peuvent se méprendre, des fois! Ainsi, ce soir, je passe pour un sage. J’en suis flatté, certes, et mort de rire par surcroît. "Mais non… c’est par calcul que je m’abstiens, en prévision de bombances prochaines… le temps des Fêtes, quoi!…" Ma conviction n’est vraiment pas contagieuse. À preuve qu’elle rigole, ma compagne, et m’assure qu’elle se "sacrifiera" pour moi. Entendez par là qu’elle va se taper seule la bouteille de rouge qui fait partie du menu spécial Plaisir à deux. À un certain moment, j’aurai pitié d’elle au point de verser quelques larmes… de vin dans mon verre. Mais j’anticipe. Le plaisir ne nous a pas été servi comme ça, de but en blanc. Ce fut d’abord un accueil chaleureux, empressé sans obséquiosité. Un apéro proposé d’office, et auquel cède mon amie sans se faire prier, alors que j’exprime mon premier "non".
Pourtant, tout m’incline à boire: nous sommes assis près d’un chariot surchargé d’alcools divers. À quelques pas, sur la gauche, se dresse l’armoire à cognac qui fait face à l’un des celliers, aussi garni, de la salle à manger. Entre les deux, la porte des cuisines qui s’ouvre et se ferme au rythme trépidant des commandes passées par une clientèle nombreuse et loquace. Nous avons droit au défilé de tout ce que nous décrit la carte en termes de panaché de laitue de saison, tartare de saumon frais du Galopin (inoubliable, parole!), truite grillée à la menthe poivrée… Et d’autres aussi, que nous n’identifions pas. Mon amie sirote son kir, tourne et retourne les pages de la carte sans se presser, se décide, hésite, change d’idée. Je fais de même, passant de la bavette de veau tériaki (réduit de tamari à l’érable) au suprême de volaille en chapelure d’amandes et compote d’artichauts. Un crochet par les aiguillettes de porc laqué aux grenobles et dattes rôties à la vanille et me voilà commandant d’urgence un potage, car ma faim, vieille de plusieurs heures, vient de passer aux armes offensives du genre crampes et borborygmes. Comme par miracle, une petite corbeille vient se poser devant nous. Jamais le pain ne m’aura semblé aussi béni! Le velouté de champignons s’amène peu après. Chaud, crémeux, parfumé, savoureux… Je regrette même que ce ne soit pas du solide, afin de pouvoir mordre dedans. Je n’ose pas le déclarer extraordinaire, vu l’état d’esprit ou plutôt… d’estomac où je me trouve. Mon amie confirme, et reconfirme à chaque cuillerée qu’elle reprend pour s’assurer de la chose. Bon, d’accord, j’ai compris; je reprends donc mon bol. "L’estomac va mieux?" vient s’enquérir celui qui nous sert. J’acquiesce. "Un peu de vin, alors?" Je dis non pour la deuxième fois. "Je vais passer pour quoi, moi, si je vide la bouteille toute seule?" J’ai donc craqué et bu un peu. Puis c’est à moi de lui demander ce qu’on va manger, car je ne me rappelle même pas avoir commandé. Mais nos entrées s’amènent, sobres et joliment présentées. Pour moi, un tartare de saumon et pétoncles fumés "Grizzly" mouillé à l’huile de câpres aux agrumes. Épices et aromates en font un enchantement. Au premier abord, on aurait tendance à y ajouter un peu de sel; ce serait catastrophique, car les fines tranches de taro frites en comportent amplement. Il suffit de laisser l’alliance s’opérer toute seule et de se laisser aller. Le pied! De son côté, mon amie fait ses délices d’un "rouleau printanier de lapin confit" sous la forme de trois tronçons posés sur un lit de laitues, délicatement relevé d’une réduction à base de canneberges séchées et de vinaigre de riz. Encore une fois, cela vous fait en bouche un mariage d’amour. Des cailles farcies aux abricots éclatés au porto blanc! C’est ce qui m’arrive et me ravit. Avec une garniture variée de couscous, carottes, courgettes, poivrons rouges et un peu de hoummos assaisonné sans cet excès d’ail ou d’acidité qu’on déplore si souvent. De son côté, mon invitée fait un joyeux sort à son "canard goulu" confit sur nid de linguine aux poires et scotch. Elle mange sans mot dire, attentive à elle-même. De temps à autre, elle lève les yeux pour sourire – à la vie, peut-être. Il en sera de même quand, pour finir, elle succombera à la tentation d’un "meringué poires et chocolat", léger comme le rêve dont elle tarde à émerger.
Restaurant Le Galopin
3135, chemin Saint-Louis
Sainte-Foy (Québec)
Téléphone: (418) 652-0991
Menu du midi: 1,95 à 15,95 $
Table d’hôte: 24,95 à 31,95 $
Plaisir à deux (incluant une bouteille de vin): 59,95 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 83,85 $
Tables en fêtes
Sous le thème "Tables en fêtes", sept chefs de la région interprètent Noël à leur façon, le dimanche 9 décembre, au Musée de la civilisation. Coordonné par Didier Girol, du Centre intégré en alimentation et tourisme (C.I.A.T.), l’événement se déroulera de 13 à 16h. Le public est cordialement invité à venir déguster, à peu de frais, les spécialités proposées par le Café suisse, le Café du Clocher penché, Les Plaisirs gourmets, le Poisson d’avril, Mon manège à toi, La Miellerie Prince-Leclerc, la Chocolaterie Champagne, les cidreries Verger Bilodeau, la Brûlerie Tatum de Québec, le Traiteur Le Truffé, le Traiteur Pomerleau, Bowring et l’Atelier Ilathan. Le sommelier et maître d’hôtel Jean-Pierre Pans sera aussi de la fête pour vous conseiller sur l’accord des mets et des boissons, ainsi que sur les manières de table. Qui plus est, le chef Jean Vachon accepte exceptionnellement de dévoiler ses secrets; il vous remettra ses recettes après avoir préparé sous vos yeux un menu complet: médaillon de cerf à la gelée de cèdre, suprême de caille et cuisse caramélisée au jus de volaille et miel, spirale de saumon à la provençale, etc. Cette démonstration est prévue pour 14h et requiert de votre part une réservation.
Portion-dégustation: 2 $ (3 pour 5 $)
Renseignements et réservations: (418) 643-2158