Restos / Bars

Vert Lime : Acid bistro

Voici un bistro décontracté à la montréalaise: rien de formel dans le décor, ni dans le service, et encore moins à la  carte.

Voici un bistro décontracté à la montréalaise: rien de formel dans le décor, ni dans le service, et encore moins à la carte. Cet établissement s’appelle Vert Lime et, comme son nom l’indique bien, il y a de l’acide dans les couleurs, le décor, et dans les goûts et les idées que déploie le chef. Néanmoins, il y a quelque chose d’encore plus singulier: ce bistro a récemment ouvert ses portes dans un quartier souffrant d’une réputation altérée par le côté rock’n’roll de ses habitants. Les patrons ont pourtant fait montre de courage et de volonté en fondant une petite maison d’allure sophistiquée là où les restos, quand il y en a, sont des émules du Roi du Smoked Meat. Une fois à l’intérieur, on se croirait sur le Plateau: les lampes halogènes, les miroirs, le plat de citrons frais déposés sur le bar, la machine à espresso, et un menu de sandwich, hamburgers et de préparations au credo américain.

Cela dit, ce qui doit distinguer un bistro d’un autre, c’est la vision d’un chef et la façon dont il la présente à ses clients. Dans le cas du Vert Lime, on ne sait pas si la cuisine avec ses prétentions vaguement américaines réussit à livrer la marchandise. Sur une courte carte où virevoltent les idées, on propose des classiques de la cuisine bistro, bavette, confit de canard, crème caramel, et des choses surprenantes comme les sandwichs Po-boy, une spécialité de la Nouvelle-Orléans. Mais l’exécution technique est loin d’être à point et ne pousse pas à l’indulgence.

Le potage aux haricots blancs pourrait tout aussi bien avoir été concocté avec du bouillon commercial et des haricots en boîte, tant ce goût un peu contrefait est transparent. Le velouté au chou rouge et aux carottes, trop épais et farineux, ressemble davantage à de la purée qu’à un potage.

Au menu ce soir-là, une sole poêlée (qu’on m’a affirmé être fraîche) avait cette texture unique des poissons congelés, flasque et sans goût. C’est malheureux, car l’émulsion d’huile d’olive, de jus de citron vert et d’une sorte de pesto de coriandre (en pot) qui la nappait avait du mérite. Déposé sur un pilaf de riz aux légumes, du reste assez bon, et accompagné de haricots verts frais, cuits à l’eau – non salée donc fade – le poisson avait une triste mine. Le tartare de cheval avait le goût de la bonne viande fraîche, mais on le présentait déjà mêlé à ses composantes aromatiques dont des cornichons… sucrés. Accompagné de pommes de terre frites (mais trop molles, l’huile n’étant pas assez chaude), ce plat avait des airs de cuisine bâclée.

La maîtrise technique semble aussi faire défaut à un trio de crème brûlée, lavande, menthe et moka; et ce, malgré la bonne volonté de faire différent et original, une vertu pour ce petit bistro, c’est vrai. Pour la réussir la crème doit être très froide et le sucre, impérativement caramélisé au chalumeau, sinon la crème tournera. Et c’est exactement ce qu’a révélé la première bouchée: une crème qui s’est liquéfiée sous l’effet de la chaleur et dont les oeufs se sont séparés. Si cela avait été limité à une seule, j’aurais ignoré la faute, mais les trois crèmes avait le même défaut. Même j’avais voulu être miséricordieux envers ce resto, les erreurs techniques m’en auraient empêché. Elles ne sont pas irréparables heureusement. Un peu d’attention aux détails et à la finition générale devrait y remédier. En attendant, le service est assuré avec beaucoup d’élégance; la carte des vins est modeste, mais faite avec précision, et les prix sont vraiment très décents: les tables d’hôte sont facturées à 13 $ le soir pour trois services. En faisant plus simple (et surtout plus précis), les patrons réussiront sûrement à garder une clientèle qui, il ne faut plus en douter, commence sérieusement à s’y connaître. Comptez environ 45 $ à deux avec les taxes et le service.

Vert Lime
4255, rue Ontario Est
Tél.: 255-4747

CAFÉ CULTURE
Le premier s’appelle La Cabane à Pain, et le second, La Bouchée de Pain; mais les deux ont en commun d’être tenus par deux soeurs brésiliennes. Vous aurez deviné qu’ils offrent en plus des pains frais, des croissants et des brioches de bon calibre et quelques apaise-fringale dont les dattes iraniennes, des muffins et des confitures. La Bouchée de Pain fait boulangerie du coin. La Cabane à Pain est un café sympathique, dans un décor chromatique un peu psychédélique, lieu idéal pour une dînette légère entre amis. À partir d’un petit menu de choses modestes, pas chères et préparées avec soin, on peut choisir quelques plats brésiliens comme le vatapa maison et quelques bricoles tropicalo-baba cool. Mais les patronnes sont sympathiques et souriantes, la musique, reposante, l’ambiance décontractée; on a envie de s’installer là des heures durant pour lire ou discuter.

Café La Cabane à Pain
2020, rue Gauthier
Tél.: 521-9766

Bouchée de Pain
910, avenue Duluth Est
Tél.: 523-6922