Restos / Bars

La Scala : Une chance sur deux

Souffre-t-on tout simplement ou souffre-t-on davantage quand les tables qu’on aime nous déçoivent? Voilà ce qu’il me reste de ma soirée: une question sans réponse.

Il est des soirs où vous sortez de table un peu triste. Un peu, puisque vous vous consolez à la pensée que votre invitée, elle, n’a pas eu à se plaindre. Quand il s’agit d’un établissement que vous aimez bien, parce qu’il fait mieux d’habitude, vous vous dites qu’il s’agit d’un "mauvais" soir pour le chef (ou son remplaçant), vous vous répétez que cela peut arriver. La preuve, justement: c’est arrivé. Alors, me voici penaud sur le chemin du retour, avec quelques égratignures dans le souvenir. "Tu les a tous essayés!" avait commenté mon invitée après que j’eus commandé mon entrée de calmars frits. En effet. J’en raffole. Pas un restaurant de Québec où je n’en ai pas commandé au moins une fois. Le résultat se situe en général dans la bonne moyenne et, quelques rares fois, du côté de l’excellence. Ce soir? Elles ne sont que jolies, ces rondelles dorées, servies avec un léger accompagnement de luzerne, radicchio, tranches de concombre, de tomate et de citron. Pas de sauce. Je m’imagine donc qu’elles sont excellentes au point de pouvoir s’en passer – surtout qu’elles sentent bon. On a, hélas, oublié d’y mettre ne serait-ce qu’un grain de sel! Je ne me plaindrais pas pour si peu. Le problème est qu’elles sont d’un coriace!… À ma demande – car je n’y tiens plus -, on m’apporte un petit mélange vite fait de mayonnaise condimentée. Avec cela, je peux ramer quelque temps. Je peux bien, en rémission de mes péchés, offrir cela à quelque divinité. Mais tout vrai purgatoire a une fin. C’est du moins ce dont je tente de me persuader. "Goûte à mes croquettes de risotto au fromage!" Joignant le geste à la parole, mon invitée a déjà déposé dans mon assiette une moitié de croquette, moelleuse sous sa mince couche brune et croustillante. Rien à redire, sinon que j’aurais dû les choisir moi aussi. Mais il y a le pain! Il réunit toutes les qualités qu’on peut en attendre: dense sans être lourd, sentant bon, et savoureux au point qu’on pourrait en manger toute une corbeille sans même toucher au beurre. C’est ce que je fais. Ou presque. Je termine mon verre de vin blanc (Cantina Follo, Valle d’Oro 2000); mon invitée continue de siroter sa lager italienne (Moretti). Nous meublons la brève attente qui suit de commentaires sur les airs d’opéra et les chansonnettes italiennes que diffusent tout bas les haut-parleurs. Nous entendrons aussi, en fin de soirée, un peu de jazz et de latino. On nous amène deux grandes assiettes blanches (une creuse pour mon invitée) avec, sur le pourtour, des touches de couleur: paprika, curry, cerfeuil séché. Trois imposantes côtelettes d’agneau, luisantes et parfumées, partagent la mienne avec des farfalle en sauce rosée. "Oh non!" C’est ce que je pense sans le dire; c’est aussi ce que devine mon invitée, car elle demande dès ma première bouchée: "Qu’est-ce qui ne va pas?" Il est vrai qu’elle m’a vu me débattre pour parvenir à prélever un morceau de viande. Ce qu’un couteau dentelé découpe avec peine, quelles dents humaines en viendraient à bout sans mal? Il y a des moments où l’on a envie de crier: "Pourquoi moi?" Je me contente d’"essayer" les deux autres côtelettes. En désespoir de cause, je me rabats sur les farfalle qui, par contraste, me semblent mériter une médaille. Et quel repos pour les mâchoires! Sereine, mon invitée déguste son spaghetti gitano (huile d’olive, piments et ail), y déposant de temps à autre un morceau d’anchois (dont elle avait commandé un petit bol à part). J’en mange un peu, moi aussi, pour passer le temps et parce qu’il s’agit d’un plat simple et délicieux. Notre soirée s’achève sur deux cafés allongés que nous buvons en silence, l’esprit marbré de contradictions.

Restaurant La Scala
31, boulevard René-Lévesque Ouest
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 529-8457
Menu du midi et du cinq à sept: 6,95 à 12,95 $
Table d’hôte: 17,95 à 27,95 $
Forfait Italia pour deux (vin inclus): 65,95 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 72,41 $

L’Alsace au souper
Du mardi au samedi, et pendant tout le mois de janvier, le Bistrot le Moulin à poivre vous invite à savourer l’Alsace en table d’hôte ou à la carte. Cela commence par le potage du chef ou par le fromage de tête vinaigrette et finit par un kougelhof ou une tarte aux pommes à l’alsacienne. Vous avez également le choix entre plusieurs plats principaux tels que la tarte à l’oignon, la choucroute garnie, le petit baeckaoffe d’escargots, les cuisses de grenouilles au riesling, la bavette de chevreuil sauce poivrade et le suprême de pintade à la bière. Les prix s’échelonnent de 13,50 à 29,95 $. Choix de vins (alsaciens ou non) en bouteilles ou au verre. Il est préférable de réserver.

Bistrot Le Moulin à poivre
2510, chemin Sainte-Foy
Sainte-Foy (Québec)
Téléphone: (418) 656-9097