Je me désole encore d’avoir "raté la Thaïlande". Dans ces moments-là, il se trouve toujours un ami "qui vous veut du bien" et vous raconte, avec un luxe de détails, ce que vous avez manqué. Alors, puisque la Norvège est encore dans nos murs pour quelques jours, j’attrape mon amie par le bras et l’entraîne. En route, je lui explique le "où" et le "pourquoi" – deux chefs norvégiens venus nous faire découvrir la gastronomie, souvent méconnue, d’un pays figurant parmi les moins pollués de la planète.
La table d’hôte que nous examinons un peu plus tard, attablés près d’une fenêtre donnant vue sur la Terrasse enneigée, cette table d’hôte ne risque pas d’effrayer les timorés. Ni ragoût de mouton au chou (fårikål), ni mouton séché (pinnekjøtt), ni morue à la soude (lutefisk). Et plutôt que le geitost (fromage de chèvre caramélisé), un bon vieux Jarlsberg qui ne déroutera personne. Le personne nous explique en détail le déroulement du festival et se désole pour nous, parce que les artistes invités se produisent ailleurs ce soir. Nous compenserons leur absence à la mode bachique: deux vins canadiens (Château des Charmes, St. David’s Benchg, 1998), un chardonnay américain (Dunningan Hills) et, une fois si bien partis, un sauvignon blanc (Peninsula Ridge, 2000) qui vous chante dans la tête. Mon amie opte pour une entrée à la carte (poêle d’escargots aux pleurotes de Verchères, sous croûte dorée); je m’en tiens au Gravad Lax du menu. Et elle a une façon de vous déguster ça! Avec un petit sourire en coin qui vous fait douter de votre propre choix! Ma fourchette saute sans hésiter sur l’invitation qui lui est faite et ramène à ma bouche haletante deux escargots moelleux comme la mie d’un bon pain et des arômes subtils emmitouflés de cette fine "croûte dorée".
Quant à mon gravlax… ou plutôt, mon Gravad Lax, il est constitué de fines tranches de saumon mariné vaguement entrelacées de rondelles d’oignons également marinés. Sa garniture est de cresson jeune et frais, de tranches de citron, de radicchio et de pousses de blé d’Inde. Je n’ai à déplorer ni manque ni excès de sel ou d’acidité. J’en aurais fait tout un repas! Mais la soupe de poisson et crevettes nordiques s’amène avec son petit panache de fumée odorante, se pose innocemment devant nous et se laisse faire. Nous faisons. Jusqu’au dernier petit brin de d’herbe qui s’est réfugié au fond du bol.
Très discrètement, je desserre d’un cran ma ceinture. Ce n’est surtout pas le moment d’abandonner. Pas avant d’avoir accueilli la cuisse de canard aux airelles, dorée comme ce n’est pas possible! Presque saturée de goût, et nappée d’une sauce brune bien serrée, elle s’accompagne de petits cubes de pommes de terre accommodés à la crème et aux anchois. Le pied! Même les deux! Voire même les quatre, si j’en juge par cet état de langueur où mon amie s’est laissée glisser comme dans un bain de mousse. C’est là que je déclare forfait. Ce qui ne m’empêche pas de piquer une petite pointe du jarlsberg servi peu après avec quelques "pousses du jardin". Et je m’en veux tellement de mon peu d’appétit quand je vois arriver, pour ma compagne, cet imposant gâteau à la crème, cylindrique et tout blanc, fourré de pêches et décoré de fruits des champs (framboises et bleuets, notamment). Très beau à voir, surtout avec son large ruban de chocolat, brun au recto et blanc au verso. Onctueux, délicieux et gourmand, tout ça! Comment je le sais? Ben…
Restaurant Le Café de la Terrasse
Fairmont Le Château Frontenac
1, rue des Carrières
Québec (Québec)
Table d’hôte: 36 $
Plats à la carte: 17 à 31 $
Téléphone: (418) 692-3861 ou 1 800 441-1414
De Québec à… Montréal en lumière
C’est à Québec qu’a été dévoilée, le 4 février dernier, la programmation officielle du Festival Montréal en lumière, au cours d’un déjeuner-rencontre convoqué par le président-directeur de l’événement, M. Michel Labrecque. L’amphitryon n’était nul autre que le restaurant Initiale, en l’occurrence son chef Yvan Lebrun. Concassé d’omble de l’Arctique au raifort et huîtres, crème de panais et mousseuse à l’oignon, grosse caille rôtie, artichauts mêlés de gésiers de canard confits, saucisse de pied de porc: autant de notes exquises pour donner le ton à un festival qui, ses assises bien consolidées, fait maintenant appel à des chefs de Québec et des régions, dont M. Lebrun lui-même ("Dîner des grands chefs québécois" au Café des beaux-arts), Mme Diane Tremblay, du restaurant Le Privilège, et M. Alain Labrie, de l’Auberge des 3 canards, qui complétera un "trio gourmet" (cours-repas sur l’étiquette à table, les accords mets-vins et la cuisine régionale). D’autres chefs renommés arrivent de New York, d’Europe et de l’Australie. Rappelons que ce Festival, qui se poursuit jusqu’au 3 mars, se veut unique en Amérique du Nord et propose une programmation étourdissante de variété: conférences, cours et ateliers touchant la sommellerie et la gastronomie aussi bien régionale et qu’internationale, dîners gourmands, dégustations commentées, musique et… lumière! De son côté, la SAQ, fidèle partenaire de l’événement, a constitué cette année une "Sélection officielle du festival" (25 vins et spiritueux de qualité). Renseignements: 1 888 477-9955 ou http://www.montrealenlumiere.com.