Restos / Bars

Un monde à part : Le meilleur du monde

D’une saison à l’autre, cette table ne cesse de se raffiner. C’est d’ailleurs l’un des rares restaurants d’ici où la cuisine dite internationale ne "goûte" pas la confusion.

Amours tristes, joyeuses ou désespérées… De la salle à manger au salon exotique attenant, un duo latino-américain promène nonchalamment de vieux succès cubains ou mexicains. Il s’arrête parfois à une table ou à une autre et enchaîne presque tout de suite avec la "demande spéciale" que lui souffle une voix timide. En cette soirée de la Saint-Valentin, toutes les tables sont prises, mais le bruit des conversations reste on ne peut plus discret. Du velours de circonstance? Accoudés au bar, nous avons regardé préparer nos apéros – mon "Diamant vert" (rhum blanc, liqueur d’ananas, Midori) et celui, rouge comme une passion, que mon amie hume en déplorant qu’il n’ait pas de nom. Je suggère "Rubis", mais elle préfère baptiser "Flamme" ce mélange de martini blanc, liqueur de cassis et jus de canneberges. Notre table est bientôt prête.

Nous prenons place à côté d’un jeune couple aussi… "calorique" que nous le souhaitions. Cela nous vaut les fréquentes escales du duo, et nous serons souvent quatre à chanter ou à fredonner (pas trop fort) avec lui. Nos voisins, qui attendent maintenant leurs plats de résistance, nous "racontent" les trois entrées de leur tour du monde gastronomique "Saveurs des Caraïbes": rillettes de thon frais et de thon fumé (confit de papaye à l’aigre-doux), vichyssoise des îles aux patates douces, chausson d’agneau farci à l’antillaise (sauce créole pimentée) – brèves et copieuses escapades conduisant tout droit à une sorbettine à l’ananas, histoire de se rajeunir les papilles. Au-delà de ce tour du monde gastronomique, qui inclut aussi un poisson et un filet de porc grillé, la carte propose toutes sortes de combinaisons permettant à chacun de composer sa propre table d’hôte. Autant de dilemmes, d’hésitations, de choix avortés, de délicieuses petites angoisses qui ne font qu’exciter l’appétit. On n’en sort que plus affamés, avec cette hâte de savoir si la réalité correspond aux vertus que nous prêtons d’avance à un tartare, une terrine, un dos de saumon en croûte de sésame, une grillade de wapiti. Un mignon de boeuf au coulant de chèvre (sauce porto et poire) fait le bonheur de ma voisine, qui se pâme, alors que son compagnon se dit aussi heureux d’attaquer son filet de porc grillé au cari de mangue et gingembre. Cela embaume et hypnotise.

Mon entrée s’amène à point nommé, dans une assiette triangulaire aux coins arrondis: au centre, un mesclun huilé juste ce qu’il faut, et bien croquant, empanaché de thym frais, de pousses de blé d’Inde et d’une fleur comestible; autour, trois petites mottes d’un chutney de papaye et de goyave alternent avec les larges tranches d’une terrine aux cinq gibiers (bison, canard, chevreuil, caribou et… anonyme) dont les saveurs semblent se renouveler à chaque bouchée. Mon amie y goûte de justesse; je l’oubliais. Un croustillant de poulet thaï aux légumes et vermicelle, sauce curry et coco, lui a pailleté le regard de petites lueurs furtives. Il m’enflamme littéralement la bouche quand j’y goûte. Dans ces moments-là, on convoque sans tarder la fraîcheur providentielle d’un Errazuriz (Fumé blanc, 2000). Ce petit vin chilien, qui se boit bien trop vite, nous accompagne ainsi jusqu’à la fin du repas. Et, quand arrivent nos plats de résistance, il a l’air de se réjouir autant que nous. Il se fait charmant avec mon amie, qui a choisi le filet de saint-pierre poêlé à l’huile d’olive, truite fumée, sauce safranée. Il s’énerve un peu avec mon brûlant mais délicieux tartare de poisson (saumon frais et truite fumée), qu’on m’a fait goûter à trois reprises avant d’en arriver au dosage qui me convient. Pause-Bacchus avec ma compagne; pause-Guantanamera avec le duo qui revient nous conter soleil et joie de vivre. Nos voisins de table s’en vont avec leur amusante jovialité. Nous traînassons un peu, alanguis de vin et de bonne chère. Nous n’avons même pas le courage de dire non à un gâteau chocolat-coco escorté de deux cafés bien tassés.

Restaurant Le 47e Parallèle
24, rue Sainte-Anne
Québec (Québec)
Tour du monde gastronomique: 40 $
Carte: à partir de 14 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 112,72 $
Téléphone: (418) 692-1534

Art de vivre
Les activités, payantes ou non, se poursuivent au Centre d’animation Art de vivre de la SAQ Place Sainte-Foy. Ainsi, le jeudi 21 février, de 17 à 19 h, Robert Savard, conseiller en vin à la SAQ et animateur des cours Les Connaisseurs de la SAQ dirige un séminaire intitulé Vous voulez en connaître plus sur le scotch?. Un léger goûter et une dégustation de grands scotchs complètent le programme. Le vendredi 22, de 11 à 14 h, ce sera au tour d’Yves Marineau, spécialiste du poisson et chef du restaurant Marie-Clarisse, de vous faire une démonstration culinaire en continu. Une dégustation de vins suivra. Dès 13 h, le samedi 23, Annie Ancelot, de la boutique FromAnie, vous dévoilera les "petits secrets" des fromages du Québec. Après quoi, vous serez conviés à une dégustation de vins, grâce à la collaboration de Serge Guy Cloutier (maison Charton-Hobbs). Pour la dernière activité du mois de février, qui aura lieu le 28, on vous réserve… le bouquet! C’est en effet à la demande générale que la SAQ organise cette deuxième dégustation de vins prestigieux (suivie d’un léger goûter): Château d’Yquem, Château Mouton Rothschild 1er grand cru, Cos d’Estournel, Château La Tour, plus un grand bourgogne Charme-Chambertin et un grand champagne Louis Roederer Cristal. Le mois de mars promet d’être tout aussi palpitant. Renseignements et inscription: (418) 653-0866.