Quelques "suggestions du chef" servent d’introduction à la carte: pleurotes à la crème, suprême de faisan aux pêches, filet de Douvres meunière, côte de veau au jus… On s’y attarde un peu, pour la forme, le temps de se mettre dans l’ambiance et de se demander, l’oeil vagabond, si le décor a quelque peu changé. Rien de nouveau dans la grande salle profuse de boiseries, de lampes et de miroirs – à part l’interminable procession d’oeufs de Pâques courant le long des cimaises. À notre arrivée, une seule table était prise. Et puis, soudain, les clients commencent à arriver par petites vagues – couples, groupes de quatre ou six, quelques solitaires -, tandis que la brigade des serveurs se déploie en tous sens. Ici roule une desserte surmontée d’un grand bol à salade; là, une autre hérissée de bouteilles; et là encore, sur une autre, un poêle à peine allumé nous rappelle que la maison affectionne particulièrement les flambés. Mousseline de foie blond à la gelée de porto, feuillantine de ris de veau aux pleurotes, filet de doré et fruits de mer, entrecôte, canard à l’orange pour deux, râble de lapereaux et cèpes jalonnent avec d’autres le chemin qui mène des premiers mets de la carte jusqu’à la table d’hôte. Arrêt obligatoire, valse-hésitation. Puis le rituel de questions et réponses qui nous amuse un peu, mon amie et moi – escargots à la mode de Provence? rognons de veau à la moutarde? -, préliminaires de table qui se poursuivent même après que nous avons passé notre commande. Sage et ordonnée, la carte des vins n’en est pas moins invitante et prolixe; nous nous contenterons d’une demi-bouteille de muscadet (La Sablette, 1994). Notre serveur prépare sous nos yeux les "fines pousses du jardin à la crème de roquefort", salade fraîche et croquante, bien poivrée, dont mon amie fait ses délices. Le goût du roquefort ne s’impose pas trop. Il contraste tout de même avec celui de mon entrée, en l’occurrence une assiette froide de crabe des neiges: pattes décortiquées, couchées sur un lit de fin céleri-rave et accompagnées d’une sauce tomatée, plutôt doucette et bien relevée. Pendant que nous mangeons s’élaborent, encore sous nos yeux, nos plats de résistance: pour moi, des ris de veau flambés au cognac et au madère, dans une demi-glace que nous regarderons longtemps mijoter; pour mon amie, des crevettes géantes, flambées au cognac, sherry et vin blanc. Les premières bouchées confirment que leurs fumets ne nous avaient pas menti. Cuits à point, les ris de veau ont de leur mieux assimilé le suc de la sauce; je les aurais tout de même souhaités un peu plus moelleux. Les crevettes, elles, craquent légèrement sous la dent pour attester leur fraîcheur; leur sauce leur va bien, elles s’y complaisent, pour le plus grand bonheur de ce sourire qui me fait face et demande: "Ça sort de l’ordinaire, hein?" Mon plaisir rivalise avec le sien et je me demande ce que seraient les repas sans états d’âme… Et voilà: nous avons trop mangé, bravo! Avec nos cafés arrivent peu après une extravagante tranche de St-Honoré accompagnée de trois demi-fraises et de… deux fourchettes. Alors, hein! puisqu’il le faut…
Restaurant Le Continental
26, rue Saint-Louis
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 694-9995
Suggestions du chef: 7,25 à 29 $
Menu du midi: 9,75 à 17,95 $
Table d’hôte: 34 à 41 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 124,81 $
Les mots gourmands
Gourmandise et littérature ont toujours fait bon ménage. En célébrant publiquement cette belle complicité, l’Institut canadien de Québec et le musée Marius-Barbeau vous invitent aussi à mieux connaître l’histoire du Québec. Pique-niques d’hier à aujourd’hui, fêtes et festins, cocktails, manières de table, origine des mots et des mets, autant de thèmes explorés au cours de cet événement où des objets de table et de cuisine se mêlent à des extraits de textes littéraires. L’exposition, réalisée avec la collaboration du ministère de la Culture et des Communications, se tient jusqu’au 5 mai à la Bibliothèque Gabrielle-Roy et comporte cinq volets: le monde de l’enfance, l’époque victorienne, les années 20, les années 50 et enfin la période s’étendant de 1980 à nos jours. Gourmandise et littérature assaisonnent également une exposition interactive consacrée aux bonbons, une série de conférences, des contes, un concert, un concours, etc. Renseignements: (418) 529-0924, poste 266.
Gastronomie à La Boustifaille
Il reste encore quelques places pour le souper-bénéfice du 6 avril, organisé au profit de la Fondation Tristan. Le menu gastronomique concocté par les professeurs et les élèves du Centre de formation professionnelle Fierbourg (secteur alimentaire) sera servi à partir de 18 h 45 au restaurant La Boustifaille. On vous propose notamment des canapés de luxe Boustifaille, mousse de saumon aux fines herbes et esturgeon fumé, émincé d’autruche avec tombée de champignons et d’oignons perlés, noisettes de caribou aux canneberges séchées et poêlée de foie gras, etc. Le coût est de 75 $ par personne. On peut se renseigner ou réserver auprès de M. Dano Gaulin: (418) 622-7821.