Restos / Bars

Chez Queux : Vieille France

Chez Queux est l’un de ces restaurants souvent ignorés des hédonistes à la recherche du dernier truc à la mode. Car ici, la mode n’a pas cours. Ce grand restaurant à l’ancienne est prudemment boudé des néo-mondains qui le trouvent trop mélancolique. Et c’est un peu vrai qu’on s’y sent sur une autre planète, dans un autre siècle, à une époque où les tables devaient être occupées par des célébrités qui sabraient le  champagne.

Chez Queux est l’un de ces restaurants souvent ignorés des hédonistes à la recherche du dernier truc à la mode. Car ici, la mode n’a pas cours. Ce grand restaurant à l’ancienne est prudemment boudé des néo-mondains qui le trouvent trop mélancolique. Et c’est un peu vrai qu’on s’y sent sur une autre planète, dans un autre siècle, à une époque où les tables devaient être occupées par des célébrités qui sabraient le champagne. Installé depuis presque 30 ans dans une maison du XVIIIe parmi les mieux conservées du Vieux-Montréal, située place Jacques-Cartier, ce restaurant est le refuge bourgeois par excellence.

La clientèle se compose donc de nostalgiques et d’habitués les soirs d’hiver et l’été de touristes – souvent américains, qui doivent avoir lu quelque part que c’était le lieu le plus pittoresque en ville -, et chacun sait qu’ils aiment ça le pittoresque, surtout si ça vient avec gants blancs et belles manières. Chez Queux cultive le luxe kitsch dans un décor de club anglais (légèrement abîmé du reste) chargé de miroirs et d’étoffes un peu surannées que tiédit une cheminée ouverte sur deux salles. C’est un peu pompeux, un peu second empire, on se croirait chez un premier ministre. Côté service, on vous traite comme si vous étiez légèrement décalé.

En cuisine, ça va déjà mieux. Si la technique est impeccable, souple, les goûts travaillés avec un certain soin et la main légère du côté des sauces – ce qui n’est pas toujours le cas dans ce genre d’endroit -, et si les cuissons sont justes, le style reste celui d’une maison archi-classique. Entendons-nous, ce n’est pas un défaut. Ça plaira surtout à ceux qui ne veulent pas s’exposer à des aventures gastronomiques. Les autres s’en lasseront vite.

La carte propose des plats vus et revus qui donnent l’impression d’avoir été composés pour une clientèle de passage. Le menu du soir est plus intéressant et fait des clins d’oeil (du moins à l’écrit) à une certaine modernité. On nous annonçait un gâteau de foie blond avec une compote de figues que nous n’avons ni goûtée ni vue et qui avait été remplacée miraculeusement par une gelée assez sucrée au goût de vin blanc. Disposée avec une certaine élégance et servie sous quelques feuilles de laitues, la terrine était succulente quoiqu’elle fût presque paralysée de froid. Une salade panachée faite de laitues mélangées et de noix de Grenoble, nappée d’une émulsion savoureuse, constituait l’autre option. Après les entrées, une poêlée de pétoncles saisis puis déglacés avec un jus citronné et des dés de jambon de type Bayonne se présentait sur un petit mesclun arrosé d’un jus d’agrume trop léger. En revanche, les pétoncles étaient fondants et moelleux. En plat, le coquelet annoncé au menu avait été remplacé par un chapon, tendre et goûteux, rôti à la vanille et nappé d’une sauce au champagne assez courte mais parfumée aux cèpes, et accompagné d’un paillasson de pommes de terre, sorte de rösti croustillant, et d’asperges vapeur. Rien à dire du pavé de veau rôti à point, servi sur une poêlée forestière, des champignons au goût de noisettes sautés au beurre, sinon que le chef le présente avec des macaronis trop cuits au pesto de basilic, un accompagnement aussi désaccordé au reste qu’il est hors saison. En finale, nous retenons la crème brûlée au parfum de fleur d’oranger au goût ultra-délicat et le royal au chocolat, une crème moulée, aérienne et parfumée qui reposait sur une croûte meringuée.

Quoi dire de plus sur ce maître queux des vieux quartiers sinon qu’il ne déçoit pas, mais que la sagesse de la cuisine jette un peu d’ombre sur la rigueur et la qualité générale des produits. Deux menus du soir coûteront autour de 65 $ avec les taxes et le service compris.

BÉMOL: L’ambiance un peu bouffie, le service infatué.

DIÈSE: La cuisine, facturée à très bon prix pour la qualité. Et une formidable carte des vins avec quelques bons crus à prix raisonnables.

Chez Queux
158, rue Saint-Paul Est
866-5194

CAFÉ CULTURE
Avec un nom pareil, on se doute bien que nous ne sommes pas chez le cousin américain. Ici, pas de burgers ni de pizzas, pas de néons ni de musak. Avec beaucoup de soin, la jeune patronne vous fait de ces sandwichs tout à fait sympathiques aux merguez ou aux saucisses de Toulouse, dans un pain portugais bien frais. Mais l’intérêt vient de ce qu’elle y fourre des frites à la belge, avec la peau, pas mal de mayo et de moutarde de Dijon. Ça donne un snack salubre et absolument succulent dont on ne se lasse pas. Surtout l’été. C’est vrai, l’endroit ne paie pas trop de mine, mais on peut y prendre le soleil et une Belle Gueule quand les portes s’ouvrent sur la rue. Pas cher.

Merguez Frites
5405, 9e avenue
725-8181