Restos / Bars

Le Sainte-Victoire : Le fin de la faim

Depuis son ouverture, il y a quelque trois ans, ce restaurant a pris du galon. Sa cuisine bistro s’est beaucoup raffinée et son service, courtois, s’avère beaucoup plus  attentif.

Nous sommes entrés par l’hôtel attenant. Au bout d’un couloir, juste avant de bifurquer en direction du restaurant, un grand tableau de Lucille Marcotte retient un moment notre attention. Trois autres, du même style dépouillé, me feront face de loin pendant tout le souper. Ils se détachent sur un fond de hautes tentures rouges, dans la grande salle à manger – celle que nous n’avons pas choisie, préférant pour diverses raisons la proximité de l’entrée et, surtout, le voisinage du bar et de son gigantesque casier garni de bouteilles. Des clientes groupées au bout du comptoir extériorisent à qui mieux mieux leur bonne humeur, dominant par instants la voix de Diana Krall qui, en comparaison, semble roucouler. Dehors, il commence à pleuvoir. Tant pis. Nous sommes au sec. Et même un peu trop, puisque nous acceptons d’un même élan l’apéro maison (moitié porto blanc, moitié soda tonique) que nous propose notre serveur. Note joyeuse et combien rafraîchissante pour commencer la soirée! Et nous feuilletons la carte comme on effeuille une marguerite, sans nous gêner pour entrecouper la formule rituelle de "qu’en penses-tu?" et de "peut-être" à la lecture de chaque plat. Asperges vertes et canard séché maison ou bavarois de tomates jaunes au crabe et estragon? J’opte plutôt pour le croustillant de saumon fumé en rémoulade aux câpres. C’est ce que comptait prendre mon invitée, qui alors se rabat sur une fondue de Victor & Berthold et poires au caramel d’épices. "Il vient de mon coin", dit-elle du fromage, et elle me gratifie de son sourire le plus joliettain. L’assiette est décorée de basilic pourpre; trois fondues incrustées de noix alternent avec des tranches de poires. Amertume et douceur s’y livrent un combat sans violence. À chaque bouchée, un rebondissement, une surprise agréable. De mon côté, les choses auraient pu se passer très bien… si le saumon fumé, joliment décoré d’une pâte légère elle-même cloutée de sésame noir et blanc, n’était pas tellement salé. La rémoulade de câpres y fait son possible, de même que ce mince filet de sauce blanche (une crème d’oseille au goût subtil) qui serpente autour. Je termine l’unique verre de vin que je voulais pour faire cortège à mon entrée et me convertit à l’eau. Mon invitée terminera seule le demi-litre de Bourgogne aligoté (Terpierreux 2000) que nous avons commandé et, si bien partie, se fera servir après cela un verre de Gentil d’importation privée pour passer d’une savoureuse soupe du jour (crabe et légumes), bien relevée et très parfumée, à son médaillon de lotte grillée au sabayon d’oseille et salsifis au poivre rose. Quel enchantement que ce plat! Garni de tomates cerises, de carottes, de haricots verts, d’un demi-pâtisson… et de la sauce qui parachève le miracle. Sourires et gloussements sont de rigueur. Cette fois, les choses vont beaucoup mieux en ce qui me concerne. Imaginez une belle bavette de bison grillée, simplement accompagnée de frites (délicieuses) et d’un mesclun que j’ai gratifié d’une attention assez inhabituelle. Mais la viande! Plus que tendre (je dirais même aimable!), légèrement croûtée, elle révèle un coeur rosé qui jute dans la sauce (juste un peu douce) en attendant de vous juter en bouche. Après cela, que désirer d’autre qu’un café? Je ne consulte la carte des desserts que pour la forme. Je prélèverai tout de même une modeste quote-part de ce que mon invitée a choisi pour conclure: gaufrette au croquant d’érable et mascarpone, coulis de fruits de la passion – avec tout de même un petit goût de mangue qu’on se surprend à traquer dans la petite assiette.

Le Sainte-Victoire
380, boulevard Charest Est
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 525-5656
Tables d’hôte: 23 à 33 $
Menu "L’Entracte": 15 à 19 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 102,37 $

Festival parisien au Concorde
Jusqu’au 28 mai, le restaurant L’Astral du Loews Le Concorde reçoit M. David Lemée, chef du restaurant parisien Le Troisième Bureau (16e arrondissement), qui se propose de vous faire découvrir sa vision de la cuisine bistro. M. Lemée a fait ses armes dans plusieurs établissements connus, tels Le Soufflé, Les Jardins de Camille, Le Réservoir et le restaurant du Louvre. Pour l’occasion, il est accompagné de M. Philippe Polla, maître d’hôtel et propriétaire du Troisième Bureau, qui prend autant de plaisir à vous parler de Paris qu’à vous suggérer les vins les plus appropriés. En table d’hôte… l’embarras du choix: accord de veau et crevettes en croûte, sauté de vermicelles de riz et légumes croquants; fricassée de pintade lardée et braisée au romarin, pomme grenaille à la fleur de sel; pavé de morue fraîche en croûte de pomme de terre, beurre de cannelle; parmentier de canard à la sauge et sarriette, petite roquette citronnée, etc. Renseignements et réservations: (418) 647-2222.