Restos / Bars

Soñar : Tapas-partout

De l’audace et du goût: je pourrais ainsi résumer mon expérience de ce resto-bar à tapas qui semble avoir trouvé la bonne formule.

Ce que je reprochais jusqu’à présent aux… "tapas" de la région, c’était le manque de variété, le manque d’audace et des prix quelquefois exagérés. La curiosité sanglée d’appréhensions, j’ai descendu les marches conduisant à cette salle à manger qui a connu, depuis cinq ou six ans, diverses vocations culinaires qui m’ont tour à tour ballotté de la déception à la perplexité. La terrasse m’a tenté, à vrai dire, mais je n’ai fait que dire mentalement "chapeau!" à ceux qui y bravaient sans sourciller le vent frisquet. Nous avons choisi une table installée contre le mur du fond, juste en dessous d’un poste de D.J. Le décor a quelque peu changé, depuis le dernier occupant, mais nous y retrouvons les banquettes, noires ou à motifs, les fauteuils rouges ou noirs. Entre les trois colonnes peintes en alu, on a dressé des tablettes faisant office de comptoir-dînette. Nous commençons par ce qui devrait être l’apéro, mais que nous renouvellerons plusieurs fois jusqu’à la fin du repas: du vin rouge (Castillo de Almanza 1996) pour mon invitée et, pour moi, un vin blanc catalan (Viña Sol 2000). Et puis, voici les cartes, celle du resto et celle du bar à tapas: ça se lit, ça se délecte avec le sourire (parfois moqueur pour les fautes d’orthographe ou de typographie); ça se commente en termes d’audace et d’originalité. Aubergines en millefeuille et concassé de tomates, mejillones en escabeche (moules en escabèche), tilapia au pastis et figues confites, mignon de boeuf aux pommes vertes et gingembre, maigret de canard (lire plutôt magret) à l’avocat et framboises… Pour le moment, toutes ces tentations ne valent pas celles des tapas. Il y en a là 15, et nous aimerions goûter à tout. Notre serveur est-il devin? Voilà qu’il nous propose un spécial improvisé pour ce soir: tout l’assortiment pour deux personnes. ¡Olé! Pour bien m’y préparer, je me fais amener une soupe "Galice", principalement à base de Serano, de chou, de céleri, carottes, poivrons, concombres. Elle est goûteuse, chaude, nourrissante – "maison", quoi! Quant aux tranches de pain grillées qu’on nous a servies (avec un bol d’huile d’olive à peine teintée de vinaigre balsamique), stigmatisées de noir par un vrai gril, elles sentent le frais-sorti-du-four. Je regrette de gâcher ainsi mon appétit, mais j’en mange et en remange, me jurant à chaque bouchée que c’est la dernière. Les tapas arrivent à point pour me sauver. Immense, le plateau de bois! Il fait la largeur de la table. Nombreuses et parfumées, ces entrées semblent y jouer du coude pour y tenir sans déborder. Il y a là… Ai-je le temps de noter tout cela? Une tranche de tortilla española – qui vaut une réconciliation, car ce mets ne m’a pas toujours ravi -; des champignons à l’ail qu’on a presque envie d’avaler "tout ronds"; des dattes farcies de chorizo, petits délices où le piquant et le sucré semblent jouer à cache-cache; le "coeur Soñar", un demi-artichaut farci de thon judicieusement assaisonné; des calmars frits que nous trempons allégrement dans un petit verre de vinaigrette crémeuse à l’orange (un nectar!). L’oeuf à l’andalouse ne passe pas non plus inaperçu, ni les aubergines au parmesan, ni les croquettes de Serano. Aux salpicons de fruits de mer, je soupire tous mes souvenirs de bord de mer, tant leurs saveurs me rappellent des plats de lambi grillé – mais j’ai ici affaire à des pétoncles, des crevettes, des moules… Un mini-pâté de crabe! Et des tranches de chorizo au xérès! Des tranches de pommes de terre au poivre citronné… Ce que je trouve extraordinaire, c’est que rien, absolument rien ne ressemble même de loin à une fausse note. "Tu as l’air heureux!" constate mon invitée, se rappelant soudain que la bouche sert aussi à parler. Heureux, mais aussi songeur, je me laisse aller à un fantasme de gourmand: et si le plateau, au lieu d’être en bois, était fait d’une pâte… Imaginez, imaginez toutes ces sauces, toutes ces saveurs dont il serait imprégné! J’en rêve encore. Après tout… Soñar, n’est-ce pas?

Restaurant et bar à tapas Soñar
1147, avenue Cartier
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 640-7333
Menus du jour à partir de 9 $
Tables d’hôte: 19,95 à 27,95 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 69,80 $

De nouveau La Rotonde
Pour une deuxième année d’affilée, La Rotonde, de Fairmont Le Château Frontenac, a ouvert ses portes le 3 mai. Cette brasserie française saisonnière propose une carte des vins maintenant riche d’une cinquantaine d’étiquettes et une vingtaine de vins qu’on peut commander au verre. La cuisine? À la manière classique et française du chef Jean Soulard, avec son authentique coq au vin, son mignon et son entrecôte de boeuf, son thon poêlé, sa bouillabaisse, sans parler de ses entrées (saumon, escargots, canard…) et de ses desserts. La carte vous laisse le choix quant à votre propre "conjugaison gourmande" à un prix de table d’hôte. Une nouveauté cette année: le "Forfait La Rotonde", véritable escapade européenne comprenant l’hébergement pour une nuit, le petit déjeuner buffet au Café de la Terrasse et un dîner à La Rotonde. Renseignements et réservations: (418) 266-3966.

"L’homme de la mer" à Québec
À l’invitation du collège Mérici et de l’Association Québec-France, une vingtaine de chefs de la région de Québec acceptaient, le 29 avril dernier, de cuisiner en compagnie de M. Jacques Le Divellec, écrivain et chef de renommée internationale qu’on surnomme "l’homme de la mer". Son dernier livre s’intitule justement Le Régime de la mer et son restaurant parisien, Le Divellec, a pour spécialité – on s’en doute – la cuisine des poissons et fruits de mer. M Jacques Le Divellec est en effet une sommité en la matière. Il veille en outre sur deux établissements en franchise, Le Sea Grill (Bruxelles) et La Cocina del Mar (Madrid).