Restos / Bars

Café de la Paix : Quiétude de cas

Il est, dans le Vieux-Québec, un petit nombre de restos dont ni la cuisine ni le service ne se laissent perturber par l’affluence des touristes. Le Café de la Paix est de  ceux-là.

On y retrouve toujours une certaine paix, celle de l’esprit allégé de toute inquiétude. Que des groupes y festoient à l’étage alors que la salle à manger du rez-de-chaussée est bondée n’y change rien. Un peu de fébrilité dans l’air, tout au plus. Le personnel sillonne la pièce en tous sens, servant ici du lapin à la moutarde, débouchant là une bouteille, desservant un peu plus loin ce qu’il reste des côtelettes d’agneau grillées servies à un couple d’anglophones. À travers la rumeur plus ou moins bilingue des conversations mêlées de rires brefs, on croit deviner une musique d’ambiance. Tout le monde a l’air de fêter quelque chose. Mon invitée a presque terminé son campari-soda. Je lambine, je sirote longuement ce kir dont j’apprécie à haute voix le dosage. "C’est vrai que tu l’aimes sucré, toi…" constate mon vis-à-vis après y avoir trempé ses lèvres. Nous avons dépassé l’heure des soupe-tôt; je ne m’attarde donc pas à leur rubrique de lapin braisé à la niçoise, filet de tilapia à la sauce homardine, etc. Je rattrape mon invitée qui médite quelque part du côté de la table d’hôte, entre un filet de saumon belle meunière et un trio d’agneau "Café de la Paix". Elle me lance à brûle-pourpoint: "J’offre le vin, tu sais…" et poursuit sa lecture – à mon intention, cette fois: escalope de veau panée, sauce homardine; entrecôte béarnaise; feuilleté de fruits de mer et poissons frais. Une longue hésitation, un léger dodelinement de la tête, une moue d’embarras, puis elle reprend: boeuf Wellington, carré d’agneau à la provençale, noix de pétoncles à la niçoise, bouillabaisse, cuisses de grenouilles, filet mignon, ris de veau aux truffes, crabe d’Alaska, du gibier en saison… Au serveur qui s’est approché pour prendre notre commande, nous demandons un sursis de quelques minutes. Le temps de changer d’idée une ou deux fois et nous voilà au choix du vin, pour lequel nous demandons conseil à notre serveur. Il nous recommande sans hésiter un Pomino Bianco (Frescobaldi 2000). Pour faire pendant à mon consommé de boeuf au madère, mon invitée s’est fait servir une salade mixte (radicchio, laitue, tomates, épinards et endives), fraîche et croquante, plus huilée que vinaigrée. À vrai dire, pas vinaigrée du tout, conformément à une louable tendance qui séduit de plus en plus de papilles.

De mon côté, deux pincées de sel suffisent à réveiller les saveurs paresseuses du consommé – dont les dernières chaleurs se laissent emporter par une bonne rasade de vin. En attendant nos plats de résistance, nous nous intéressons un brin à ce qui se passe autour de nous, aux clients que les desserts font sourire, à ceux qui s’en vont, à celui-là qui est arrivé en coup de vent, s’est assis quelques secondes, puis est reparti sans crier gare, le dos criblé de regards amusés. Des crevettes semées de safran font la ronde autour d’un petit monticule de riz. Elles sont mouillées d’une sauce… safranée qui s’étale dans toute l’assiette. Pour toute décoration, une tranche de tomate et un petit bouquet de persil. Présentation aussi simple qu’élégante; le goût s’avère aussi raffiné. Le riz, tout blanc et cuit à point, n’a pas d’autre saveur que la sienne propre et s’accorde dès lors assez bien à celle de la sauce – si délicieuse que j’oserai quelquefois y promener une langoustine. Ce sont en effet des langoustines que j’ai choisies. Grillées. J’ignore quel traitement on a bien pu leur faire subir, mais elles sont… parfaites. Ni fermes ni molles; disons: moelleuses, délicates et, plus que tout, savoureuses. Véritable enchantement que je prolonge à ma manière, c’est-à-dire en divisant chacune d’elles en trois dès qu’arrive son tour. Aussi passons-nous un long et agréable moment ensemble. On m’a également servi du riz, du persil, de la tomate, mais je sympathise plus naturellement avec le Pomino. Nous aurons la même attention pour les digestifs (grappa et limoncello) que nous prendrons après n’avoir pas réussi à nous décider entre le gâteau de la Forêt-Noire, les poires au Pernod, le sabayon au Grand Marnier, la mousse au cassis…

Restaurant Café de la Paix
44, rue Desjardins
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 692-1430
Menu du jour à partir de 8 $
Soupe-tôt: 15,95 à 19,95 $
Table d’hôte: 24,95 à 31,95 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 146,82 $

Grands Prix du tourisme
Au cours du gala national des Grands Prix du tourisme, qui a eu lieu récemment à Gatineau, le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, M. Maxime Arseneau, a évoqué l’excellence du travail accompli par les "artisans de la table", ceux des établissements lauréats à l’échelle nationale et ceux qui se sont distingués sur le plan régional. Les lauréats de la catégorie "Restauration-cuisine" se sont nettement démarqués tant par la mise en valeur des produits régionaux que par leur créativité, leur souci de la présentation et le soin apporté à la préparation des mets. Tels sont: le restaurant Le Doyen de l’Auberge des 21, au Saguenay-Lac-Saint-Jean (or); L’Auberge du Mange Grenouille, du Bas-Saint-Laurent (argent); Les Saveurs oubliées, la table champêtre de Charlevoix (bronze). Le ministre a conclu en invitant "les Québécoises et les Québécois à parcourir les belles régions du Québec et à se familiariser avec notre cuisine et nos produits".