Depuis quelque temps, nous nous promettions de dîner ensemble, histoire de se raconter ce qu’on devenait, l’un et l’autre, au fil des jours beaux ou sombres. Il se trouve que ce midi est de grisaille et de bruine. Il n’y a du soleil que dans les yeux de mon invitée assise au fond de la salle et fixant calmement l’entrée. Au lieu de saluer notre revoyure d’un "Enfin!" bien mérité, nous nous retrouvons comme si nous nous étions quittés la veille et entrons immédiatement dans le vif de plusieurs sujets – dont ce menu du jour où les tentations se suivent sans se ressembler. Du jambonneau de pintade au tartare de boeuf, on survole rapidement le steak frites, la bavette à l’échalote, l’omelette au fromage, la salade d’escargots aux lardons, puis l’on revient au début par crainte d’avoir sauté quelque chose. Je parle pour moi, évidemment. Mon invitée n’a eu besoin que d’un coup d’oeil pour arrêter son choix sur la paupiette de sole et saumon sauce aux moules. Je me décide assez vite, surtout que la salle se remplit à un rythme étourdissant. Bientôt les conversations fusent de partout, en français, en anglais… "et en aparté", comme aurait ajouté San-Antonio. Deux verres de vin blanc (Orpailleur et Gentil) seront les bienvenus, un peu plus tard, pour accompagner notre repas. En attendant, l’un pour l’autre, nous brossons à grands traits notre quotidien, ses surprises et ses projets. Mon invitée évoque en quelques mots sa prochaine tournée, au cours de laquelle, avec d’autres, elle ira porter en terre de France la bonne chanson traditionnelle québécoise. Puis ce sera, en octobre, la 11e "édition" du Festival international des arts traditionnels, dont elle parachève la programmation. Son entrée arrive, fraîche et joliment présentée: concombres, feuilles de chêne, dés de tomates et ciboulette ciselée mouillée de sauce crémeuse. Je n’y goûte pas, mais elle m’en dit le plus grand bien. Pour attester sa sincérité: le plaisir évident (et appliqué!) qu’elle met à n’en rien laisser du tout dans l’assiette – sauf un très vague souvenir de crème. De mon côté, je savoure presque béatement une crème d’épinards qui passerait pour un modèle de réussite – brûlante, veloutée, bien assaisonnée – et qui vous rappelle à chaque bouchée qu’il fait bon vivre. Avant qu’arrive la suite, je me fais apporter la carte du soir pour y fourvoyer ma curiosité parmi les poissons, confit de canard, ris de veau et magret de canard "Goulu". Un regard sur le décor? L’endroit ne semble pas avoir changé depuis la dernière fois que j’y ai mis les pieds. Dans l’imposant casier vitré, que je lorgne de biais, patientent des vins haut de gamme qui font l’orgueil de la maison. N’est-ce pas toujours, sur la droite, ce grand tableau de Rémy Clark? Il y a également ces grands miroirs où l’on se voit parfois sous des angles inattendus. Et voici, chaude et sympa, le filet de sole farcie de saumon et semée de grosses moules dodues. Tout cela nappé d’une sauce blanche. Purées (carottes, pomme de terre), haricots à la française et céleri-rave composent un accompagnement aussi appétissant que le reste. Mon invitée apprécie, savoure, se délecte… et m’en offre. Je cède pour une moule, et j’en souris de plaisir. Mon tartare de saumon, généreusement clouté de câpres, s’est fait escorter par des tranches de tomates, une petite salade. Frites délicieuses et mayo (trop moutardée) me sont servies à part. Le tartare, quant à lui, a un bon goût… qu’on arrive à déceler quand on parvient (tant bien que mal) à faire abstraction de tout le poivre qu’on y a mis. J’en laisse donc à peu près le tiers – et me console de voir avec quel joyeux appétit mon invitée vide encore une fois son assiette. Et elle finit en beauté avec un gâteau aux carottes et crème anglaise agrémenté d’une petite salade de fruits.
Restaurant L’Échaudé
73, rue du Sault-au-Matelot
Québec (Québec)
(418) 692-1299
Menu du jour: 8,95 $ à 16,95 $
Table d’hôte à partir de 25 $
Dîner pour deux (incluant taxes et boissons): 49,98 $
Tournée champêtre
"Nous voulions offrir à tous les Québécois un bout de campagne à savourer": ces mots de Daniel Boulanger, directeur des publications, résument de manière éloquente le contenu et les objectifs de ce nouveau magazine publié par L’Union des producteurs agricoles. Nouveau? Pas vraiment, quand on sait que Tournée champêtre paraît depuis 10 ans comme simple supplément à La Terre de chez nous. Mais c’est désormais une publication autonome, un guide agroalimentaire et agrotouristique de bonne tenue, imprimé sur papier glacé et abondamment illustré de photographies en couleurs. Il présente une à une 18 régions touristiques du Québec. Il s’ouvre sur un judicieux sommaire thématique divisé en quatre sections: "La tournée des régions" (présentations synoptiques), "Les saveurs du terroir" (trucs et recettes), "Nos producteurs dévoilent leurs passions" (entrevues et mini-reportages). Quant à la dernière section, intitulée "Et aussi…", elle regroupe des calendriers d’activités champêtres (festivals, expositions agricoles et autres), des messages "officiels" (UPA; ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation; Coopérative fédérée du Québec), des concours et autres. Au fil des pages se succèdent acériculteurs, producteurs de pommes de terre, éleveurs de porcs, d’agneaux, de poulets, fromagers, etc. À l’intérieur des sections, on retrouve aussi diverses sous-rubriques du genre "S’informer", "Se promener", "Se divertir", "Se restaurer"… Le lancement du magazine a eu lieu à l’île d’Orléans, le mardi 28 mai, précisément à l’auberge-restaurant Le Canard huppé. Si l’on a pu déplorer la lenteur du service (tout de même attentionné), on n’en a pas moins savouré l’excellence d’une table qui proposait, ce midi-là, de remarquables rillettes de canard du lac Brome, du poulet de grain de la ferme Orléans, du canard de Barbarie en salade tiède et du saumon du Nouveau-Brunswick. Tournée champêtre est déjà disponible, à prix modique, dans tous les kiosques à journaux. Renseignements: (450) 679-8483 ou www.laterre.qc.ca.