La salle est bondée, comme si tout le quartier avait décidé de se réfugier là en cette journée propice à un défilé de parapluies. Mais la clientèle est surtout composée de visiteurs – avec, dans la moindre inflexion, cette excitation de ceux qui ont fui leur environnement quotidien. Ça parle et rit, blague, s’esclaffe. Nous sommes installés, mon invitée et moi, tout contre l’une des grandes fenêtres. Une simple vitre nous isole de la rue; je l’aurais préférée à droite, nous isolant plutôt d’un groupe trop proche d’où ne montent que des voix de stentor. Au milieu de cette effervescence, le personnel garde son calme, son sourire, sa courtoisie. Notre serveuse nous a proposé l’apéro. Mon invitée a opté pour un pineau des Charentes, alors que je m’en tiens à l’eau pour le moment. Avant mon arrivée, elle a fait plus d’une fois le tour de la carte, mais ne s’est pas encore décidée pour l’un ou l’autre des 10 plats composant le menu du jour: omelette aux trois fromages, cannelloni à la viande, aiguillettes de poulet au miel et pêche, boudin aux pommes, côtes levées, bifteck de contre-filet et frites… Du côté de la table d’hôte, ce sont plutôt les satay de saumon et velouté de mangue, carpaccio de boeuf, mignotte de porc à l’érable et lime, perdrix Bartavelle piquée au romarin (sauce harvest et gelée de cèdre), etc. "Voulez-vous que je revienne dans deux minutes?" demande la serveuse qui sourit à notre indécision. Je lui en suggère plutôt trois. Mon invitée, qui s’avoue franchement végétarienne, attend de voir à quoi ressemble la "salade du marché" choisie en plusieurs exemplaires à la table voisine. Elle n’attend pas longtemps et songe à autre chose dès qu’elle voit arriver les assiettes – coussinées de salades (laitue et pousses de maïs), matelassées de nouilles brunes elles-mêmes chapeautées de petites crevettes. "Farandole de feuilles" pour elle et, pour moi, le potage du jour: voici réglée la question des entrées en matière. Et puis, soudain, elle se décide pour la suite. Peut-être a-t-elle, comme moi, chantonné mentalement Am Stram Gram… Une vraie farandole, en effet: diverses feuilles, de la luzerne, la moitié d’une tomate-cerise et plusieurs légumineuses cuites ensemble (haricots rouges, doliques, pois chiches, etc.). Mon invitée se dit enchantée de ce plat condimenté de miel et de moutarde. Mon potage est une crème d’épinards judicieusement assaisonnée, mais un peu tiède. Son bon goût m’incite à la clémence et je lui pardonne d’être un peu claire. "Tant qu’on ne voit pas à travers…" rigole mon invitée. On lui amène ensuite son "pavé de saumon au vinaigre de Muroise": le filet de poisson (d’une cuisson parfaite) surmonte un lit de riz blanc autour duquel se répand un liquide aussi clair que de l’eau. Mon invitée y goûte, fronce les sourcils et commente: "C’est sucré… Tout est sucré…" Elle mange lentement, de plus en plus préoccupée. À un certain moment, je hasarde ma fourchette jusqu’à son assiette et m’octroie une bouchée. J’ignore quelle expression elle lit sur mon visage, mais elle pouffe de rire. "Aussi sucré qu’un dessert, hein?" J’acquiesce. Et je me demande sérieusement si le cuisinier a lui-même goûté à ce plat avant de se risquer à le servir! Dans ma propre assiette, je trouve un peu de consolation, en l’occurrence de la longe de porc nappée d’une sauce arrabiata réussie, ni acide ni trop enragée. Nous mettons fin à l’expérience avec deux feuilletés aux pommes (rien à signaler!) et deux bons cafés.
Restaurant Le Gavroche
240, rue Saint-Joseph Est
Québec (Québec)
(418) 524-5330
Menu du jour : 7,95 à 14,95 $
Menu du soir à partir de 12,95 $
Tables d’hôte à partir de 21,95 $
Dîner pour deux (incluant taxes et boissons) : 36,69 $
Gastronomie internationale
Deux cuisiniers de Fairmont Le Château Frontenac, MM. Stéphane Pelletier et Jean-François Fortin, ont remporté à Seclin (près de Lille) la médaille d’argent au prestigieux Concours gastronomique international 2002 des Cuisineries gourmandes des provinces françaises et Mandarine Napoléon. Il s’agissait pour les candidats de préparer, lors de l’épreuve finale, un plat chaud à base de viande blanche et comportant la mandarine Napoléon, plus un dessert ayant pour thème "Fruits et mandarine Napoléon".
Un grand champion dans Charlevoix
"Création canadienne unique qui ne s’est pas inspirée d’un modèle existant", le Migneron de Charlevoix, champion de la catégorie Croûte lavée, a été choisi Grand Champion toutes catégories lors de la 3e édition du Grand Prix des fromages canadiens, événement organisé annuellement par les Producteurs laitiers du Canada. Le président du jury, le Dr Jacques Goulet, précise que le Migneron de Charlevoix "s’est détaché du lot et a surpassé les attentes des membres du jury en raison de l’aspect harmonieux de son ensemble". Rappelons que ce fromage à pâte demi-ferme, affiné en surface, est une création de la Maison d’affinage Dufour (Baie-Saint-Paul) qui travaille de concert avec la laiterie de Charlevoix. Renseignements complémentaires: (514) 344-9528 ou .