Restos / Bars

Owl’s Bread : Notre pain quotidien

Les journées chaudes sont une bonne occasion de fuir la ville. Si comme tous les Montréalais qui fréquentent les Cantons-de-l’Est vous ne connaissez pas encore Mansonville, c’est que vous ignorez que là s’y trouve l’une des stars de notre patrimoine gastronomique.

Les journées chaudes sont une bonne occasion de fuir la ville. Si comme tous les Montréalais qui fréquentent les Cantons-de-l’Est vous ne connaissez pas encore Mansonville, c’est que vous ignorez que là s’y trouve l’une des stars de notre patrimoine gastronomique.

Endormi à la frontière américaine pendant plusieurs années, ce village d’abord agricole a commencé à faire parler de lui il y a huit ans. Voici pourquoi: le café Owl’s Bread. Installé dans une maison de village devant la jolie place (autrefois un stationnement) et son kiosque, cette opération commerciale hésite entre celle d’un resto et d’une boulangerie comme certains à Montréal hésitent entre ouvrir un resto et un bar. Le patron est français, et ne propose que des choses françaises après s’être essayé dans un menu plus éclectique. Le midi, on y propose des plats légers, vu la saison, mais le soir, la carte se veut provinciale et fait le tour d’une France rustique que l’on rêverait parfois de coudoyer en ville. Au menu, le cassoulet toulousain avec du canard et de la saucisse, le confit de canard avec des pommes de terre sarladaises sautées à la graisse de canard et des choses qui vont bien à la campagne voisine comme du caribou, du jarret de cerf braisé ou des escalopes de foie gras sauté aux pommes et aux raisins. Pour pallier le climat chaud, on grille le saumon à l’unilatérale ou l’on poche le flétan avec du thym et du citron.

À l’heure du lunch, on se contente de sandwichs en tout genre, au fromage manchego entre autres, un DOP espagnol de qualité remarquable, à l’emmenthal et au jambon, au feta et aux tomates, certains s’accompagnant de salades toutes simples (déjà mêlées à la vinaigrette, ce qui me fait réfléchir à la détestable habitude de ne jamais mélanger la laitue à sa sauce à peu près partout ailleurs au Québec, avec pour résultat qu’on en met partout sur la nappe, sur soi, sur les autres) ou en solo. On peut, si on veut, choisir aussi quelques plats inhabituels comme ces pommes de terre farcies de gruyère – monsieur le chef a étudié en Suisse, paraît-il -, quatre petits morceaux posés délicatement sur une laitue mélangée, un plat à l’air candide mais en fait l’achèvement dans l’art de l’humilité, une très grande qualité en cuisine.

Toutefois, c’est dans l’art de la boulange qu’on excelle ici. Tant les croissants que le pain, les tartelettes aux fruits secs ou frais, et les extraordinaires frangipanes aux abricots dont la croûte beurrée presque à l’excès est un peu croquante, comme on devait les faire dans les cuisines de grand-mère, sont tout à fait exceptionnels. On ne trouve rien d’aussi bon en ville. J’ai découvert là, au bout du Québec – nous sommes à 7 km des USA -, l’une (sinon la) meilleure pâtisserie du pays. Je ne suis pas le seul si j’en juge par les Américains qui fuient leur pays régulièrement rien que pour manger ici. Comptez environ 30 $ à deux le midi, et 65 $ le soir, avec les taxes et le service avant le vin.

Bémol: Difficile de trouver des défauts à ce bistro sincère. Difficile d’y obtenir des réservations les soirs de week-end?

Dièse: Pour la cuisine, la qualité des produits, le soin mis dans chacune des préparations, la simplicité des propositions.

Boulangerie-Bistro Owl’s Bread
299A, rue Principale
Mansonville
(450) 292-3088

Rendez-vous terrasse
Reconnaissons que Walima (festin en arabe) n’est pas à proprement parler une terrasse classique, avec des bouquets, une rangée de pins et des parasols. La terrasse en question n’est qu’une grande plaque de béton installée entre une forêt de buildings en plein centre-ville. En soi, rien d’original. Mais s’installer là, le soir, et manger les délicieux sandwichs marocains au kefta de boeuf mariné, aux merguez, au foie ou au poulet mariné dans le jus d’oignon, servis dans de la baguette croustillante avec les frites et les salades à l’intérieur du sandwich, évoquent un peu la place Djemaa El Fnaa, sans les saltimbanques. Le menu de ce snack ultra-propret ne propose que des sandwichs et des salades, toujours préparés à la commande, de la soupe harira et du thé à la menthe et des cafés comme là-bas. Mais j’ai adoré les desserts assez uniques, des miniatures qu’on vous sert dans une assiette, chacune proposant une variation sur quatre ingrédients: des amandes, de l’eau de fleur d’oranger, du beurre et un peu de farine. Que les Marocains puissent décliner ça en des centaines de pâtisseries tient du génie. En tout cas, ce n’est pas surprenant de voir débarquer chaque soir toute la jeunesse marocaine de la ville (des étudiants surtout) qui vient chercher ici un peu de réminiscences. Comptez environ une vingtaine de dollars à deux, tout compris.

Walima
2285, rue Saint-Mathieu
934-7337