Restos / Bars

Au Petit Berger : Table avec vue

Cette auberge-restaurant installée à flanc de montagne offre d’un peu partout une vue magnifique sur le fleuve. Sa table mise sur des valeurs sûres et privilégie le goût autant que la  fraîcheur.

Outre la bâtisse principale, de construction plus récente, trois pavillons coquets occupent la grande cour plantée d’arbres. Le restaurant occupe tout le rez-de-chaussée du Desbiens – âgé de 108 ans et soigneusement entretenu. Une odeur fraîche de fleurs coupées nous accueille à l’entrée. Du coin de l’oeil, on remarque la plus petite des trois salles à manger et l’amorce d’un foyer. Sourires et mot de bienvenue nous conduisent jusqu’à la table qu’on nous a réservée, dans un angle de la pièce, à proximité de deux fenêtres qui nous proposent, au choix, la verdure sombre d’un coin de forêt et, par-delà quelques cimes, l’immensité du fleuve tachée d’un cargo rouge. Nous voici bientôt en pleine conversation avec un jeune couple de Jonquière arrivé "par la petite route" et qui, pour le moment, termine ses entrées: ris de veau à la crème de thym frais et baluchon de champignons sauvages. Nous finirons par choisir les mêmes, mon amie et moi, non sans avoir (pour la forme) tergiversé entre le panaché de jeunes pousses du jardin, la trilogie du fumoir de Charlevoix, le confit de canard en salade tiède, l’aumônière de migneron et son coulis de framboises. Notre déjeuner n’est qu’un lointain souvenir et nous n’avons pas dîné: notre faim a donc des accents d’authenticité qui ne trompent point. Quelques bouchées de bon pain et plusieurs gorgées de vin blanc calment à peine ses ruades. Je réprime une furieuse envie d’applaudir quand arrivent nos premiers plats. Je la réprime encore après avoir goûté à mon baluchon: pas moins de sept champignons (bolets, chanterelles, pleurotes, girolles, etc.), finement hachés, assaisonnés avec, dirait-on, le souci de ne rien profaner. Par contre, la sauce au porto est sans doute ce qui se fait de plus soutenu: serrée, corsée, à la limite de la saturation. Une goutte sur la langue, et un petit frisson vous zèbre de la nuque à l’échine. De son côté, mon amie glousse. Pour les mêmes raisons, mais sous l’effet d’une crème de thym nappant ses ris de veau (fondants comme des noix de beurre). Au milieu de son assiette se dresse un petit monticule de semoule truffé de raisins. L’harmonie est parfaite et le moment béni. La crème de légumes qui nous est amenée ensuite s’avère moins… intense en ce qui concerne l’assaisonnement. On fait plutôt dans la subtilité et c’est, par contraste, presque un repos pour le palais, un petit congé où se multiplient les raisons de lever le coude. "Te rappelles-tu ce qui s’en vient?" Je pose la question parce que je ne me souviens plus de ce que j’ai commandé. Le grenadin de porc à la mangue et au gingembre m’avait beaucoup tenté. Autant que la bavette de veau (crème d’estragon et moutarde), le filet d’agneau (à l’orange, menthe et poivrons rouges et la pintade laquée (à l’érable et aux amandes). Dans la salle à manger la plus proche de la nôtre, on installe maintenant un groupe de clients volubiles qui, peu après, accueille en choeur un couple retardataire en chantant "Happy Birthday to you…" Mais notre serveuse, invariablement souriante, dépose à l’instant devant nous deux grandes assiettes chaudes et odorantes. Elles se ressemblent quelque peu. J’avais opté pour l’"Inspiration de la brigade", soit l’assiette de crevettes et pétoncles, mon amie pour les "Fruits de la mer gaspésienne", à savoir un plat de saumon, crevettes, pétoncles et pinces de crabe. Nous avons les mêmes accompagnements, à savoir du riz (cuit à point, ni raide ni pâteux) et des légumes (brocoli, carottes et chou-fleur). J’ignore résolument le brocoli (malheureusement trop, trop, trop cuit). Les sauces, suaves, rehaussent délicatement la saveur de chaque élément, aussi bien des crevettes (tendres et croquantes) que des pétoncles (qui n’ont pas traînaillé dans le poêlon). Même la bouchée de saumon qui se risque jusqu’à mon assiette me plaît bien, moi qui n’en suis pas d’habitude friand. Mon plaisir se prolonge, un peu plus tard, d’un simple café. Histoire de laisser à mon amie le temps de dire non au dessert, de soupirer, d’invoquer les dieux, puis de prendre un air résigné pour céder aux avances d’un gâteau aux poires et au caramel. Il a bien fallu que je l’aide un peu. Par simple charité gourmande.

Au Petit Berger
20, rue Desbiens
La Malbaie (Québec)
Téléphone: (418) 665-4428 ou 1 800 314-4428
Table d’hôte: 35 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 94,03 $

Napa grill-terrasse-spa
Dans le sillage d’une nouvelle vague de rénovations, un troisième restaurant voit le jour au Château Bonne Entente. Il s’agit d’un "grill-terrasse" de 60 places installé aux abords de la piscine chauffée, dans un environnement de verdure. Une imposante gloriette abrite la cuisine. Le gril grésille et fume, alors que les convives se pressent devant les comptoirs surchargés de victuailles: cette soirée d’ouverture nous initie à un nouveau "concept" où le client vient choisir lui-même les poissons (entiers ou non) et les fruits de mer arrivés le jour même. Il les consommera crus ou grillés, dans des assiettes européennes en forme de vagues. Le mobilier lui-même rappelle la Californie, plus particulièrement la vallée de Napa, qu’ont rendue célèbre les Gallo, Mondavi et consorts. Crevettes géantes, thon, pétoncles en coquilles, saumon, espadon, lotte… Il y a un peu de tout sur la table que je partage avec quelques autres invités. Certains ont préféré se rabattre sur l’entrecôte de boeuf, la côte de veau de Charlevoix ou le carré d’agneau. L’uniforme coloré et le sourire aux lèvres, une brigade de jeunes serveuses s’empresse, proposant ici ou là du vin, des condiments, des huiles aromatisées. Rires et commentaires répercutent la bonne humeur de table en table, éclipsant par moments la musique du saxophoniste François Hébert.

Château Bonne Entente
3400, chemin Sainte-Foy
Sainte-Foy (Québec)
Téléphone: (418) 653-5221