À Québec, nos rapports avec la cuisine latino-américaine, bien que sporadiques jusqu’à tout récemment, ne datent pourtant pas d’hier. Ils remontent au-delà de ce restaurant argentin de l’avenue Maguire qui tint bon un an ou deux; ils remontent même au-delà du Poncho, petit café mi-paraguayen mi-mexicain qui fit, pendant quelques années, place D’Youville, le bonheur des étudiants désargentés et des amateurs de sensations pimentées. Toutefois, au fil des ans, nous l’avons plus facilement acceptée mâtinée d’asiatique ou d’italien et servie à la mode U.S.: cuisine fusion, cuisine tex-mex et autres métissages plus ou moins complexes qui nous ont lentement apprivoisés. Si bien qu’au cours des 12 derniers mois, on a vu naître presque coup sur coup trois restaurants assez typés, disons même typiques, portant à six le nombre d’établissements qui, dans la région, défendent à leur manière des spécialités allant du simple guacamole aux salades de nopal et pescado Tikin-Xic (poisson à la mode du Yucatán). Citons donc, par ordre d’entrée en scène: Déli-Mex (café-resto de la rue Dorchester), Bistro Caramba! (rue de la Chevrotière) et ¿Qué Pasa? (rue Saint-Jean). La réaction ne s’est pas fait attendre de la part d’un vieux de la vieille qui, depuis quelque 20 ans, assure un service de traiteur et fournit certaines chaînes d’alimentation en mets argentins, paraguayens, boliviens, chiliens, mexicains et autres. En effet, Déli-soleil, dont le restaurant de la rue Kirouac n’ouvre que le midi, a soudain décidé de combler cette lacune en s’associant le mois dernier avec le Jazz-Café (boulevard Charest) qui, dorénavant, ne servira du mercredi au samedi soirs que ces spécialités… exotiques. Nous nous sommes aussi laissé conquérir par les tapas, spécialité espagnole depuis longtemps adoptée en douce par les Portugais et les latinos. C’est ce que propose en priorité un nouveau venu dans le décor: Soñar (avenue Cartier). Dans un secteur voisin (et mieux assis), soit celui du tex-mex, La Playa (rue Saint-Jean) a connu quelques changements: une carte quelque peu remaniée par les nouveaux propriétaires qui entendent insuffler une nouvelle vie à ce restaurant du quartier Saint-Jean-Baptiste. On a aussi vu naître le Napa Grill, resto saisonnier en plein air du Château Bonne Entente (Sainte-Foy). Assiettes en forme de vagues, uniformes colorés, mobilier stylé, piscine chauffée, gril immense, viandes et poissons, sans oublier le vin (Gallo, Mondavi et consorts): tout veut évoquer la Californie, précisément la vallée de Napa. Pour l’asiatique: Ex-Orient (Vietnam, Cambodge, Japon) qui, depuis quatre mois, a pignon sur la rue Saint-Vallier Ouest et Fleur d’Orient (surtout vietnamien) qui ouvre ses portes d’ici deux semaines dans la rue Dorchester. De ce côté, le raffinement culmine sans doute avec la table végétarienne du Café du Roi (boulevard René-Lévesque). Ajoutons à cela un sushi bar qui se joint à la dizaine existante. Son nom, encore secret, ornera sous peu une devanture de la rue de l’Église (coin Charest). Du vrai nord-américain? La Fabrique du smoked-meat, rue Sainte-Thérèse, qui excelle aussi dans les grillades et dont le bouche à oreille a assuré le succès du jour au lendemain – ou presque. Pour la petite touche française, on signalera l’arrivée du bistro Le Tire-bouchon (chemin Saint-Louis) qui propose une cuisine mijotée, assortie de bons vins, et l’ouverture de Pains, pizzas… et dolce vita (rue Saint-Jean), boulangerie artisanale européenne qui, pendant sa courte existence fidéenne, s’appelait Comme un coq en pâte. Parlant de résurrection: rappelons qu’il y a quelques mois, Le Cendrillon (1re Avenue, à Québec), restaurant familial très fréquenté notamment par les joueurs des Remparts et des Nordiques, renaissait soudain de ses cendres… après une belle éternité. Concluons ce petit tour d’horizon par le Café Myrtina qui fait un petit malheur, avenue Maguire, avec ses assiettes libanaises et ses petits déjeuners gourmands aux croissants, chocolatines et autres gâteries. Je me retiens pour ne pas signaler ici ce restaurant maghrébin (vraiment!) que j’ai découvert récemment, par hasard et là où je m’y attendais le moins. Dépaysant et dépaysé! Je le réserve pour mon prochain papier.
Rentrée restos : Tout nouveau, tout latino
Quoi de neuf?… Sans occulter les autres changements survenus dans le milieu perpétuellement mouvant de la restauration (et de l’alimentation en général), l’émergence d’une cuisine latino-américaine plus… assurée est sans doute ce qui a marqué davantage notre paysage culinaire au cours des 12 derniers mois.