Restos / Bars

Café d’Europe : Pastas populus

Les modes culinaires, le tape-à-l’oeil des décors ou des assiettes nous amusent quelquefois et nous égarent? Peu importe. On revient tôt ou tard se ressourcer à l’une de ces bonnes vielles tables où rien ne change jamais vraiment.

Je ne suis pas de ceux qu’impressionne le moindre plat de spaghetti et, à vrai dire, les pâtes ne figurent pas au nombre de mes préférences. "Ça dépend du resto…": je tente ainsi d’expliquer ce qui m’avait pris de vouloir accompagner de cannelloni et de fettucine mon escalope veau. Mon amie se contente de sourire et nous remontons en voiture, fatigués de notre journée, mais heureux de ce souper au cours duquel nous avions l’impression de fêter une fois de plus. La soirée a commencé par notre long retard. Les amies qui devaient nous rejoindre nous avaient, en fait, précédés et, lasses d’attendre, avaient opté pour une balade sur la rue Saint-Jean. Ce fut donc à notre tour de patienter avant de voir arriver Claire et Lyse – hilares, pimpantes et aussi affamées qu’elles nous l’avaient promis. À part Michèle qui se délecte d’un campari-soda, nous carburons à l’eau un bout de temps, bavardant avec cette légèreté du propos qui signale à tous qu’on est bien. Les serveurs se tiennent prêts, accourant au moindre signe pour nous rappeler tel ou tel apprêt de telle ou telle pâte. Sur un mode des plus erratiques, nous discutons table d’hôte et menu spécial – piccata al limone, ris de veau braisés à blanc, filet de saumon, rognons d’agneau, entrecôte flambée au cinq poivres, carré d’agneau, veau sauté aux morilles, suprême de canard flambé, poitrine de faisan aux pêches et mouillée de porto, pizzas… "Je ne prendrai pas d’osso buco, car le mien est excellent!" annonce Claire, fin gourmet et cordon-bleu. De toute façon, elle veut des pastas. Nous faisons chorus, nonobstant ma petite nuance personnelle: de la viande. Comment ne pas être subjugué par cette série d’escalopes proposées à la parmesane, à la crème et aux champignons, au marsala, aux cerneaux de noix (sic)? Et, pour la troisième fois, je me fais "expliquer" la "surprise de veau Café d’Europe". On nous apporte peu après les vins, une bouteille de rouge pour ces dames (Lungarotti Rubesco) et, pour moi, un verre de blanc (Chardonnay). Nous levons nos verres et Claire nous prévient: "On se regarde dans les yeux en trinquant, sinon: sept ans de…" Les puritains terminent habituellement cette formule par le mot "malheur", mais ça les regarde. Nous rions, déjà grisés d’être ensemble. "Comment te sens-tu dans un souper de filles?" demande Lyse. Michèle répond pour moi que je suis aux anges. "Tu peux parler quand même, hein!" lance à nouveau Lyse. Je n’en ai jamais douté, mais, pour le moment, je note, je note… Je rempoche mon carnet au moment où s’amènent nos premiers plats. Michèle a droit à un parfait de foies de volaille, au goût prenant, très soutenu; Lyse a préféré une "soupe aux légumes" dont elle fait les éloges. Quant au feuilleté d’escargots au parfum de pastis, choisi par Claire, il s’avère bon. Pour ma part, j’aurais souhaité les pains un peu plus chauds, c’est-à-dire plus dignes de mon fondant de saumon et de crevettes, d’un goût fin que vient relever une délectable nantua. "C’est bien parti!" nous disons-nous, surtout qu’on prépare déjà, sous nos yeux, les trios de pâtes élus à l’unanimité. Ou presque: on m’apporte ma "surprise de veau Café d’Europe", soit une escalope finement panée, farcie de fromage et de prosciutto, nappée d’une sauce crémeuse (fond de veau et champignons). Il s’accompagne d’un beau cannelloni maison, farci de veau. On pose bientôt à côté de mon assiette un petit plat de fettucine alla matriciana, pas trop relevé, tandis que mes voisines de table se lancent à l’attaque, fourchette au clair. Plumes, fettucine, cannelloni, tout y passe. Ici et là, on me fait goûter à ce que je n’ai pas, et des bouchées de mon escalope font le tour de la table. Nos blagues, nos commentaires s’égarent, sur fond de chansons italiennes dont nous gratifie le personnel au passage. Depuis notre arrivée, la salle s’est passablement remplie. Quelque part, près de l’entrée, un touriste s’enhardit à entamer un couplet en anglais. On l’applaudit. Et puis, devant Lyse que nous fêtions il n’y a pas une semaine, un serveur pose une tranche de gâteau piqué d’une pluie d’étoile. "Bonne fête à vous…" commence un serveur. La jubilaire rectifie doucement: "Appelez-moi Lyse…"

Restaurant Café d’Europe
27, rue Sainte-Angèle
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 692-3835
Tables d’hôte: 26,95 $ et 27,95 $
Spécial "À la carte": de 19,95 $ à 22,95 $
Menu du midi: de 14 $ à 16 $
Souper pour deux (incluant boissons, taxes et service): 85,64 $

Guide et gala
Alors qu’elle se prépare à la tenue prochaine de son 13e Gala de la restauration, qui aura lieu le 5 novembre à la salle de bal du Loew’s le Concorde, la Corporation des restaurateurs de Québec annonce la parution de Rendez-vous Québec. Cet outil promotionnel, qu’elle publie deux fois par année, se présente sous la forme d’une brochure de 40 pages, en couleurs, luxueusement imprimée sur papier glacé. On peut se le procurer au Centre des congrès de Québec, à l’aéroport de Québec, dans les kiosques d’information touristique et chez les restaurateurs membres de la Corporation. Pour tout renseignement: (418) 683-4150.