Restos / Bars

Les Infidèles : Pudeur et discrétion

Le bon goût est une chose ravissante. Il sait distinguer l’élégance de l’ostentation. Souvent le bon goût est coûteux, parfois il est bon marché. En tout cas, avoir de l’argent n’est pas une garantie de bon goût, et avoir trop d’argent incite certaines personnes à faire des excès de mauvais goût contre lequel nous serions protégés si elles étaient pauvres.

Le bon goût est une chose ravissante. Il sait distinguer l’élégance de l’ostentation. Souvent le bon goût est coûteux, parfois il est bon marché. En tout cas, avoir de l’argent n’est pas une garantie de bon goût, et avoir trop d’argent incite certaines personnes à faire des excès de mauvais goût contre lequel nous serions protégés si elles étaient pauvres.

Les Infidèles ne font aucun excès. On n’a pas injecté de fortune dans le décor, qui n’est pas l’oeuvre d’un architecte réputé ou excentrique. Le point fort de ce nouveau restaurant du Plateau c’est donc la bienséance. Tout est astiqué, précis, immaculé tant dans le décor de bonbonnière que dans l’assiette; il n’y a rien de brouillon. Certes, ce n’est pas ici que vous ferez d’importantes découvertes sur le plan culinaire, la cuisine étant assez conventionnelle dans un registre classique de type bistro bourgeois. Mais elle est bien faite, appétissante et elle nourrit ce désir qui émerge à l’automne d’une cuisine de substance. Par opposition à une cuisine d’apparence. Il y a dans ce resto une sorte de douceur qui apaise et qui, justement, s’approche du bon goût.

Au menu qui ne réserve pas de surprises, on trouve une formule table d’hôte (19 $-29 $) incluant le potage, le plat et le café. Les entrées et les desserts sont facturés à part, ce qui fait quand même monter la note. Une assiette d’os à moelle, plat tonique qui devrait contrer tous les effets néfastes de l’arrivée des journées froides, se présente tranché sur la longueur plutôt qu’en trognons, comme c’est habituellement le cas. Résultat: vous avez beaucoup de moelle à manger. Mais c’est tellement délicieux et énergétique sur un croûton sec avec un peu de sel (ici du gros sel et pas de la fleur). Une assiette de truite et de pétoncles fumés, présentés avec soin, finement, et un panaché de salade verte, au chèvre fondu, autre classique bistro, des plats sages et sans histoire.

En plat, le cabillaud qui commence à se faire mode (et avec raison, c’est un poisson délicieux, à la chair ferme et moite) est servi avec un beurre blanc. Le magret de canard de Barbarie arrive saignant comme on l’avait demandé, parfaitement exécuté, et servi sur un fond dense et parfumé d’un peu de cumin et de coriandre, des notes exotiques, parfaitement intégrées au riche parfum de la sauce.

On apporte une assiette de six légumes (certains bouillis, d’autres grillés) pour chaque convive, ce qui nuit à l’aménagement de la table. Une fois installé, nous arrivons à peine à nous servir tellement il y a de vaisselle (plus les salières, les verres d’eau, la carafe, la bouteille). Si l’on insiste pour servir le même groupe de légumes avec chacun des plats, peut-être eût-il fallu les servir à même une grande assiette. Mais nous sommes tellement individualistes. Heureusement, tout est bon, bien fait; si nous étions romantiques, nous dirions un tantinet émouvant. On fait quelques efforts du côté douceurs pour se démarquer des restos du même genre: un petit pot de crème parfumée à la lavande, un gâteau au fromage plutôt léger, quelques bricoles au chocolat, vous voyez le topo?

On apporte son pinard ici, ce qui modère une facture un peu salée qui se monte aisément à 90 $, taxes et service compris, si l’on choisit une entrée. Heureusement, le patron est gentil et attentionné.

Dièse: L’attention portée aux détails, l’ambiance exquise.

Bémol: La cuisine assez académique manque un peu de souffle.

Les Infidèles
771, rue Rachel Est
528-8555

Amuse-gueule:

Laval s’apprête à célébrer son premier Festival de cuisine du 1er au 14 octobre. Certains se questionneront sur la pertinence de tenir un tel événement dans une ville qui s’est consacrée corps et âme au développement économique sauvage et aux centres commerciaux. Pourtant les organisateurs (soutenus par toutes sortes d’organismes à but très lucratif comme la SAQ, Via Rail, Mazda et d’autres organismes de l’agroalimentaire) estiment que Laval, en tant que producteur agricole important, mérite davantage que sa piètre réputation de ville sans centre-ville. Ou banlieue-dortoir. Nous sommes tout de même dans la seconde ville du Québec. Quels seront donc les événements marquants de cette première édition? D’après son président, l’ineffable monsieur Vaillancourt, on propose plusieurs activités sous le thème de l’escapade gourmande avec des ateliers, des conférences, un peu d’humour et de musique, et la participation d’une vingtaine de restaurants dont quelques-uns sont réellement très bons (Le Mitoyen, Le Saint-Christophe, Derrière les Fagots). Information: 1-866-664-1770.