Restos / Bars

Afrika : Mamma Afrika

Nous sentons qu’il y a un intérêt certain de la part de quelques restaurateurs d’explorer de nouvelles avenues exotiques. En ce sens, l’Afrique reste le dernier continent inexploré. Sa cuisine est méconnue et sa culture souvent parodiée. C’est bien dommage car ce continent immense est d’une richesse inouïe.

Nous sentons qu’il y a un intérêt certain de la part de quelques restaurateurs d’explorer de nouvelles avenues exotiques. En ce sens, l’Afrique reste le dernier continent inexploré. Sa cuisine est méconnue et sa culture souvent parodiée. C’est bien dommage car ce continent immense est d’une richesse inouïe. Malheureusement, la cuisine ne montre pas autant de diversité. Cela ne l’empêche pas d’être singulière cependant.

Le nouveau resto Afrika voudrait bien se charger de nous la faire découvrir. Dans un décor tout ce qu’il y a de plus sympathique et d’amusant, où rien n’a été épargné pour évoquer l’art tribal du continent noir, des statuettes aux fausses peaux d’animaux, en passant par un arbre au milieu de la toilette des hommes (du reste, très bien aménagée), et des couleurs que seuls les Africains oseraient peindre sur des murs (rose électrique, violet ardent, vert lime), les patrons ont réussi à créer une ambiance sensuelle.

Sur une carte impressionniste où le patron s’épanche en une ode sur le gingembre et le piment (ou le mérou?), on propose une cinquantaine de spécialités d’une trentaine de pays. C’est une bonne idée au départ, mais comme on peut l’imaginer, à peine quelques plats sont rigoureusement authentiques, moins à cause du talent des chefs que par la difficulté d’importer les produits frais nécessaires.

Rustique, la cuisine de l’Afrika l’est certainement. Mais cela n’a pas empêché les chefs de raffiner un brin les aspérités indiscutables de certains plats. Si l’on fait un effort dans la présentation (quelques ragoûts se présentent dans de jolis bols de bois), les cuissons ne sont pas toujours réussies, les légumes sous-cuits et les viandes réchauffées. Ce qui n’est pas un défaut quand on propose un plat en sauce, qui a meilleur goût le lendemain. Cela dit, les salades ont un air brouillon, celle de Madagascar baptisée toamasina, faite de foies de poulet cuits dans une sauce pili-pili (à base de piment) de citron et d’ail, n’a aucun mordant. Les pétoncles miniatures préparés à la seychelloise manquent de vigueur et de parfum et sont présentés sur un demi-avocat pas assez mûr, trop coriace pour être mangé, puis accompagnés d’une sauce qu’on dit "chienne", parfumée à la coriandre, mais qui manque de sel. En plat, le jarret d’agneau et son "os de morlam" est bien fondant, mais il a été réanimé au micro-onde, devant nous, et servi avec une sauce assez forte en gingembre et en oignons, déglacée avec une grande quantité de citron. Le montage aurait été irréprochable si cela n’avait été des légumes encore crus – carottes, patates douces, et une sorte de tubercule trop dur pour être reconnu – qui baignaient dans la sauce. Heureusement, le riz était délicieux. D’appellation tanzanienne, le civet de sanglier papote dans une sauce robuste et souriante à base de plantain et d’aubergines. En finale, les desserts sont sans complexes, bien qu’ils sortent d’un long séjour au frigo: flan au citron vert un peu navrant, sorbet quelconque. Pour ce safari africain aseptisé, comptez – ouch! – 70 $ à deux, taxes et service compris. Ah! l’avenue du Mont-Royal…

Dièse: Le décor, la volonté évidente de faire bien malgré les faiblesses techniques de la cuisine. Et les serveuses gentilles, suaves et, disons-le, d’une grande beauté.

Bémol: La cuisine, pasteurisée, met la pédale douce côté épices. C’est l’Afrique ici ou la Normandie?

Afrika
837, avenue du Mont-Royal Est
521-7035

Moti

Moti fait partie des troquets qui mélangent les genres et les modes. Avec le résultat qu’on imagine. Celui-là fait dans les spécialités italiennes, adaptées par un patron népalais, cuisinées par sa femme et servies par sa fille. Les pizzas et les pastas sont correctes, sans plus, facturées à prix moyens et servent de coupe-faim aux étudiants qui ne cherchent qu’à se remplir la panse à peu de frais. L’intérêt de ce resto vient du fait qu’il offre aussi quelques spécialités népalaises. Mais attention: seulement quand le patron est là, et quand il en reste. Le dhal bhat (riz-lentilles) est le plat national au Népal et le patron le propose sous forme de combiné, au milieu d’une montagne de riz de qualité plus que moyenne, avec un plat de lentilles au curry au parfum édulcoré, du poulet noyé dans un curry fade et gras et un peu de sauce tomate qui a sans doute servi à napper les lasagnes. Les momos, des dumplings farcis de viande, étaient manifestement congelés au préalable et avaient un goût industriel prononcé. Bonjour la cuisine maison! Bref, aussi pittoresque que ce restaurant veuille paraître, il ne s’agit que d’une façade. Et pour 35 $ à deux pour un repas de riz et de lentilles et une assiette de huit momos, j’aime mieux vous conseiller de chercher l’exotisme dans des lieux moins artificiels.

Moti
178, rue Sainte-Catherine Ouest
396-4777