Citrouilles et sorcières grimaceront bientôt parmi les ballots de foin déjà rassemblés sur la terrasse en prévision de l’Halloween. À l’intérieur, une clientèle calme mange au son du jazz – relativement calme, si l’on songe aux remuantes et loquaces soirées d’été qui animent en général ce resto. Je tourne le dos à l’enfilade de glaces courant de la porte patio jusqu’au mur du fond, dans la partie surélevée de la salle à manger. Mon amie, qui fait face à ces grands miroirs, tente déjà d’y trouver son compte: crevettes à la Newburg, duo de crevettes et pétoncles, poêlée de pétoncles à la façon du chef… Par-dessus son épaule, dans l’environnement du bar, je déchiffre des noms de bières et de vins et la mention d’une côte de boeuf au jus que la maison qualifie de "fameuse". Trapiche et Château La Grange nous serviront d’apéros. Ce n’est pas ce soir que je mangerai en entrée une terrine de canard, un bavarois de carottes ou un feuilleté d’escargots à la crème d’ail. Trop tentants! Je risque de me retrouver avec un appétit sérieusement amoché en entamant mon plat principal. Alors quoi? À cette interrogation muette succède celle, sonore, de ma compagne tout aussi hésitante: "T’es-tu décidé?" Je lui assure que oui et qu’elle va en avoir le souffle coupé, au moins pour le premier service. Troublée, la curiosité exacerbée, elle a peine à se concentrer sur la table d’hôte, sautant des linguine à la tomate et merguez au suprême de volaille à la moutarde. "Ça m’étonnerait que tu prennes un filet de truite à l’huile vierge et olives noires!" Mon silence l’encourage à continuer: "Peut-être les ris de veau savoyarde?" Elle souffle à peine avant de lancer: "Peut-être l’escalope de veau Salteboca…" Ce dernier mot m’intrigue, d’ailleurs: ne s’agit-il pas plutôt de "saltimboca"? Le serveur m’assure que non. La description qu’il m’en fait me laisse croire à une variante – un peu de pesto en lieu et place des feuilles de sauge. De toute façon, j’ai opté pour tout autre chose. Mon amie se dépêche de passer sa commande, puis, le regard brillant, attend que je me prononce. Salade au roquefort. Alors jaillit un vrai cri du coeur: "Toi!" Certainement. Mais, comme je ne suis tombé sur la tête qu’à moitié, je rectifie le tir par une côte de boeuf au jus. L’honneur est sauf. Elle a également choisi une salade, avec croûtons de chèvre et lardons, surmontée d’une petite poignée de luzerne. Les feuilles sont d’une belle fraîcheur, croquantes, mouillées d’une vinaigrette bien huileuse, presque pas acide. Les croûtons de chèvre me plaisent bien – mais je n’ai jamais apprécié que les restaurateurs aient pris l’habitude de mettre autant de fromage de chèvre sur chaque croûton… En ce qui concerne mon assiette, la présentation ne diffère que par la présence des morceaux de roquefort et de noix de Grenoble, et l’absence de lardons et de croûtons. J’y prends plus de plaisir que je ne l’espérais et m’arrête juste avant éclipse totale de l’appétit. La musique se fait latine, sans doute pour saluer l’arrivée de nos plats de résistance. Des légumes (carottes, chou rouge et brocoli) encerclent à demi un monticule de riz blanc surmonté de salsa tomatée; des crevettes à la Newburg complètent le tour. "J’ai bien fait de prendre ça!" Elle résume ainsi, ma compagne, cette petite réussite qui plaît au goût comme à la vue. Pas un chef-d’oeuvre, mais un bon plat fort bien équilibré auquel je ne trouve rien à reprocher… Un léger manque de cuisson du riz, peut-être. "Je ne trouve pas, moi!" Bon, je n’ai rien dit. Me voici tout entier livré aux bienfaits d’une imposante côte de boeuf au jus… pléonastiquement juteuse. Et tendre à vous embrouiller les mirettes. J’ai également droit à des frites (trop molles et, à l’intérieur, plutôt pâteuses), ainsi qu’à un petit plat de légumes auxquels je goûte parce que je les avais commandés. "Hors la viande, point de salut!" dit le précepte. Or, moi, je tiens furieusement à être sauvé. Et je me baptise plus que jamais à grandes lampées de vin. Ce qu’il reste ensuite dans l’assiette se décrit en quatre lettres: rien. Groggy tous deux, nous nous regardons un instant en chiens de faïence, mon amie et moi. Même la carte des desserts nous laisse indifférents. Un café. Sûr. Pour tenter de se remettre d’aplomb.
Restaurant Le Figaro
1019, avenue Cartier
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 525-3535
Menu du midi: de 8,95 $ à 14,95 $
Table d’hôte: de 20,95 $ à 29,95 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 76,97 $
Salon des vins et fromages de Québec
Voici, pour la toute première fois, le Salon des vins et fromages de Québec, présenté aux Galeries de la Capitale, du 14 au 16 novembre, sous la présidence d’honneur de Louis L. Roquet, président-directeur général de la Société des alcools du Québec. Le public est cordialement invité à venir découvrir une vaste gamme de boissons et d’aliments du Québec et du reste du monde: vins, cidres, bières artisanales, fromages et plusieurs autres mets de qualité. Le prix d’entrée, fixé à 10 $, vous donne droit à six coupons de dégustation. En outre, plusieurs centaines de produits vous seront offerts à prix modique. Renseignements: (418) 955-1150.
Le public y gagne aussi
En prévision du 13e Gala de la restauration de Québec, qui se tiendra le 5 novembre dans la salle de bal du Loews Le Concorde, son organisateur, la Corporation des restaurateurs de Québec, a distribué 25 000 formulaires de sondage dans la grande région de Québec. Parmi les 4000 personnes qui ont jusqu’ici complété et retourné leurs formulaires, 5 ont gagné des billets pour assister en couple au Gala et 5 autres ont gagné des chèques-cadeaux de 100 $, gracieuseté de Métro GP. Rappelons que les lauréats des Grands Prix du public seront connus lors de cette soirée qui accueille chaque année 400 convives. Renseignements: (418) 683-4150.