Restos / Bars

Bistrot Le Moulin à poivre : Bon à craquer

Pour sa cuisine bistro copieuse et sans esbroufe, il est de ceux où j’ai mes habitudes et, parfois, mes caprices.

On finit par s’y sentir un peu comme chez soi et par connaître par coeur ce décor de plantes vertes, de porcelaine alsacienne, d’ustensiles de cuivre, de cartes postales coincées dans le cadre du grand miroir qui couvre tout un pan de mur. Il y a aussi, bien sûr, cette mini-bibliothèque aménagée sur le rebord d’une fenêtre et qui vous laisse volontiers consulter ses livres et ses cahiers dédiés à la bonne chère. Des changements? Depuis peu, un second chef vient régulièrement relayer le premier. La table qui nous accueille si souvent nous est désignée d’office. Notre faiblesse pour les vins d’Alsace et pour tout ce qu’ils rehaussent nous vaut ce commentaire énoncé avec une pointe de regret: "Il ne nous reste plus de suprême de faisan au riesling!" Nous ne nous en étonnons pas outre mesure, vu que la "période" alsacienne s’achève cette semaine pour faire place aux spécialités périgourdines. L’apéro qu’on nous propose est un guignolet, liqueur de cerises (guignes ou griottes, selon le fabricant). C’est comme s’instiller de la verve en même temps qu’on se fouette l’appétit. Ce dernier, je le sais d’expérience, a la fâcheuse habitude de caler en pleine envolée. Je prends donc la précaution, en commandant mon premier plat, de le faire diviser en deux – ce dont ma compagne me remercie déjà d’une oeillade sans cesser de fredonner avec Brassens qui chante Fernande. Derrière le comptoir, le chef effectue quelques passes agrémentées de grésillements et de flammes, puis on nous amène nos deux demi-salades de gésiers de canard confits. Moins sobre que la mienne, celle de mon vis-à-vis s’accompagne d’une vinaigrette à la moutarde – à laquelle je fais un peu honneur, tout de même. Lors de mes deux dernières visites, j’avais également choisi cette salade en entrée. À en juger par le joyeux sort que je lui fais et qu’elle me rend si bien, il en sera de même la prochaine fois. Tout en mangeant, je procède au recensement, sur la carte, de tout ce dont je devrai me priver… parce que j’ai choisi autre chose. Bavette de cerf forestière, poisson du jour (aiglefin), cassoulet, cuisse de canard confite, boudin noir aux pommes, salade de cervelas, baeckeofe… Un couple d’amis se pointe par hasard et vient prendre place à côté de nous. La rigolade qui s’ensuit ne nous détourne pas outre mesure de notre pinot blanc (Trimback 1999) et de ces assiettes dont la générosité effraie les timorés. Pour moi, des ris de veau caramélisés au porto, accompagnés de ratatouille (mets délicieux dont je n’ai pourtant jamais raffolé – allez comprendre ça!) et d’une belle tranche de polenta aussi ferme qu’une résolution qui ne tient pas longtemps. Nos amis commandent justement ce dont ma compagne fait actuellement son bonheur, soit la choucroute mulhousienne. Pas trop acide? Alors, j’y goûte – attrapant ici un bout de viennoise, une tranche de boudin blanc, un morceau de pied de porc, moyennant un détour remarqué du côté de la palette fumée. Il me semble que cela fait un certain moment que nous mangeons, non? Et il reste encore du boulot dans les deux assiettes! Mon amie laisse fuser le mot magique: doggie-bag. "Qu’il en soit ainsi!" répond celle qui nous sert et qui, sans penser à mal, nous amène une assiettée de bugnes – un autre de mes points faibles. Nous craquons, tout comme ces petits beignets poudrés de sucre nous craquent sous la dent jusqu’à plus-plus-plus faim.

Bistrot Le Moulin à poivre
2510, chemin Sainte-Foy
Sainte-Foy (Québec)
Téléphone: (418) 656-9097
Menu du jour: de 8,95 $ à 13,95 $
Table d’hôte: de 22,95 $ à 28,95 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 66,03 $

Un mois dans le Périgord
"Pour la plus grande des gourmandises…" C’est en ces termes que le Bistrot Le Moulin à poivre annonce sa thématique du mois de février, dédiée au Périgord. Aux "classiques" de l’établissement (entre autres la salade de gésiers de canard confits) s’ajoutent donc, pour l’occasion, le cassoulet sarladais, la cuisse de canard confite, le jarret d’agneau confit (sauce au thym), sans parler des cuisses de cailles confites, manchons de canard également confits et l’incontournable foie gras de canard poêlé accompagné de fruits confits. Comme d’habitude, le choix des vins saura se montrer à la hauteur. Le communiqué s’achève sur ces mots: "Si avec ça on ne fait pas de beaux rêves…" Il est préférable de réserver: (418) 656-9097.