À cause d’une petite déconvenue qui remonte à ma dernière visite, je suis un peu sur le qui-vive, ce soir, contrairement à la nombreuse clientèle très détendue qui emplit les deux salles à manger – la première, agrémentée d’une multitude de jardinières suspendues, et celle du fond, dotée d’un bar imposant, où plusieurs groupes mobilisent la quasi-totalité des places. Mes réserves ne concernaient pas le service, toujours vif et prévenant (et aujourd’hui particulièrement aimable), mais l’excès de douceur d’un plat et l’assaisonnement "imprécis" d’un autre. J’avoue donc guetter la moindre fausse note: il n’y en a pas. Si personne ici ne vous promet le nirvana gastronomique, on s’efforce (et on réussit) de vous servir ce que la carte vous annonce en diverses rubriques qui sont autant de voyages dans toutes les directions – Europe, Asie, Afrique, Océanie… sans compter le "tour du monde en pizzas", les "entrées globe-trotters". De Shangai à la Louisiane, on passe par les lanières de filet mignon, le poulet sauté à la mode d’Osaka, les fajitas, tajines, jarret d’agneau confit au lait de coco, burgers, tartes et toutim. Et, comme chaque mois amène une nouvelle thématique, la table d’hôte nous emmène ce soir en Suisse – l’entrée de fondue au fromage, la roulade de veau aux deux chocolats et le… Je ne vais pas plus loin; je m’arrête à la sandre (que nous appelons doré). Elle devait être accompagnée d’une sauce au fendant du Valais, poires, zeste de citron et tombée d’asperges, mais je suggère qu’on m’improvise un autre "arrangement". En l’attendant, j’entretiens mon appétit d’un simple bouillon de poulet modérément assaisonné. Mon amie a préféré le torride: un combiné asiatique fait d’un rouleau impérial relevé et d’un poulet du général Tao, tout cela servi avec un mesclun où gambadent haricots rouges, pois chiches et fèves romaines. "Bon décollage!" commente-t-elle. (Moi qui pensais plutôt que nous voguions!…) Elle se rabat ensuite sur une "côte de porc des Bayous", une tranche épaisse comme ça! bien grillée et nappée d’une sauce brune assez relevée. Surprenante de tendreté, uniformément cuite à point (et partout malgré son épaisseur excessive), elle ne donne prise à aucune critique. Ma sandre? Le chef a voulu m’en mettre plein la vue… et le palais. La sauce est un velours blanc – une émulsion à base d’échalotes (les vraies!), de crème, de vin blanc et d’un bon sens de l’équilibre en ce qui concerne l’assaisonnement. Nos deux assiettes s’accompagnent de petits légumes discrets et d’une préparation de pommes de terre qui tient à la fois de la purée et du rösti. Ici, la coutume veut qu’on vous donne le choix entre un dessert et un digestif. Mon amie préfère terminer son vin à petites gorgées, pour un atterrissage en douceur. C’est elle qui conclut: "Tu te sens bien, hein?… Tu semblais si tendu en arrivant."
Restaurant La Faim de loup
2830, chemin Sainte-Foy
Sainte-Foy (Québec)
Téléphone: (418) 653-8310
Menu du jour: de 8 $ à 12 $
Table d’hôte: de 17,95 $ à 23,95 $
"Festin helvétique" pour deux: 45,90 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 54,18 $
Bloc-notes
Une boisson politique
Patrice Claude, journaliste au Monde, nous présente Tawfik Mathlouthi, qui, seul, sans le sou, mais animé par un rêve grandiose, lance une boisson baptisée Mecca Cola et que les médias ne tardent pas à reconnaître comme le "premier produit de consommation politique de masse". Bilan actuel: près de 20 millions de bouteilles vendues en moins d’un an et des commandes affluant de partout, même de Californie. Mais en quoi le Mecca Cola est-il politique? Par son slogan, bien sûr: "Ne buvez plus idiot, buvez engagé!" Et Patrice Claude de préciser: " Le coup de génie du papa de Mecca Cola est tout entier dans ce slogan publicitaire et ses déclinaisons politiques subliminales qu’a très bien comprises notre épicier de Belleville: "Pas un sou pour les guerres de Bush!"" Pour accéder au dossier que consacre le journaliste à ce phénomène:
www.lemonde.fr/article/0,5987,3230–307984-VT,00.html.
Chef d’un soir
Gagnante du concours Chef d’un soir organisé pour la première fois par le restaurant Laurie Raphaël, Élisabeth Pinard était à l’honneur dans ce restaurant le mardi 25 février. Elle a donc, avec le concours du chef Daniel Vézina, concocté un menu gastronomique servi aux convives. Parmi ces derniers figuraient quelques invités, dont l’animateur Patrice L’Écuyer, le morning man du FM-93, Claude Thibodeau, et une auditrice de cette station choisie au hasard, Odette Beaudet.