Nous jaillissons littéralement du froid pour nous ruer à l’intérieur, dans une ambiance où le moindre objet exotique acquiert, par contraste, un extraordinaire pouvoir de dépaysement. Nous voici déjà quelque part en Extrême-Orient. Nous l’ignorons encore. Nous ne le saurons qu’au moment de nous intéresser à la table d’hôte. D’abord, la carte des vins: considérablement enrichie, elle vous mène de l’Italie au Liban et du Portugal à l’Australie, en passant par la France, l’Espagne, etc. La soif qui résulte d’une telle balade suggère à mon amie un cocktail maison, baptisé Moscovite, à base de vodka, jus de canneberges et crème de cassis. On nous a placés dans un petit salon rouge évoquant sobrement l’Asie avec ses éventails déployés sur les murs et ses parasols colorés fixés de biais au plafond. À ma gauche, trois grands miroirs couvrent la largeur du mur. À droite, deux hautes fenêtres à espagnolette favorisent l’indiscrétion – filet d’agneau en croûte, soupe claire aux champignons, rouleaux de printemps: telles semblent être, pour le moment, les distractions auxquelles se livrent les clients installés dans la salle à manger voisine. En ce qui nous concerne, j’ai rapidement fait le "Tour du monde gastronomique" et fantasmé un brin sur la terrine de gibier, la fricassée d’escargots en pâte feuilletée flambés au pastis, les raviolis de canard, filet de saumon grillé, médaillon de porc, suprême de canard rôti, filet d’agneau en croûte feuilletée au kiwi et camembert… Mon amie, hésite, choisit, se reprend et opte finalement pour deux entrées, en l’occurrence le croustillant de poulet thaï et le feuilleté de cuisses de grenouilles et ris de veau. Je commence par un tartare de saumon à l’avocat et graines de sésame, servi avec deux petits "croustillants" de tempura, une mayo au wasabi (dont je m’abstiens), des croûtons et une petite salade fleurie. Je le souhaitais peu relevé; je suis comblé. Il est aussi moelleux et goûteux qu’on pouvait l’espérer. Je n’en fais qu’un petit nombre de bouchées pour, ensuite, regarder ma compagne se délecter de son croustillant de poulet qui se présente sous la forme de deux rouleaux qu’on dirait… "impériaux". Ni trop gras, ni trop secs, ils s’avèrent aussi savoureux que piquants; on en atténue l’ardeur grâce aux endives qui les accompagnent et au petit lit de nouilles sur lequel ils sont posés. Pour accompagner le plat suivant, mon amie se fait servir un verre de Madiran (faute de Trapiche) qui se révélera un peu trop corsé pour son feuilleté de cuisses de grenouilles et saisie de ris de veau mouillé d’une sauce au bleu et noisettes. Elle en prend une bouchée, médite… et se contente de sourire. Elle prend un certain temps avant d’avouer, sur le ton de la confession, que la sauce est voluptueuse, les textures complices et les chairs complaisantes. Ses accompagnements sont les mêmes que les miens: poivrons, oignons, champignons et céleri bien assaisonnés, sautés et servis dans une petite coquille de pâte. Mon plat à moi se complète d’un satay de crevettes grillées -deux brochettes généreuses appuyées sur une portion de riz basmati et, à côté, une sauce à l’arachide et à la noix de coco (un peu relevée). Les crevettes sont d’une extrême tendreté, succulentes avec, en plus, ce petit goût de feu qui évoque déjà les belles journées de barbecue. Cette fois encore, je mange à une vitesse phénoménale, jusqu’à ce qu’il ne reste plus dans mon assiette qu’un vague souvenir de sauce et des vestiges de légumes. En examinant la carte des desserts, un peu plus tard, je murmure pour moi-même: "Satay à satiété." Mon amie roucoule de rire, tente de me tenter en citant quelques gâteau au fromage et framboises à la new-yorkaise, délice aux pêches sanguines, dôme Java, etc. Nous convenons de remettre les douceurs à la prochaine fois.
Restaurant 47e Parallèle
24, rue Sainte-Anne
Québec (Québec)
Tour du monde gastronomique: 47 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 78,22 $
Téléphone: (418) 692-1534
Bloc-notes
Soirée-bénéfice gastronomique
C’est sous la présidence d’honneur du comédien Denis Bernard que se déroulera la 15e soirée-bénéfice du restaurant Le Piolet qui, comme on le sait, est une "entreprise d’insertion" chapeautée par la corporation Les Premiers de cordée. L’animation musicale revient à un trio de jeunes talents: la soprano Sylvie Duchesneau accompagnée par le pianiste Maxime Bégin et le clarinettiste Guillaume Durand. Le menu gastronomique de huit services comprend de "petites mises en bouche" et du mousseux, des blinis de truite et caviar de hareng fumé sur crème d’aneth, un consommé de gibier, une gamba géante (sur lentilles vertes cari coco), un sorbet lime et vermouth et un mignon de porcelet à la mangue et millefeuille de lotus à la polenta précédant le tiramisú du Piolet, le café ou l’infusion. Organisé au profit du carrefour Jeunacte, voué à l’insertion des jeunes de 18 à 30 ans, l’événement se déroulera le samedi 15 mars, à partir de 18 h. Coût: 100 $. Reçu disponible pour déclaration fiscale.