Restos / Bars

Où aller pour se dépayser? À Westmount, évidemment! : Fusion ou défusion?

Défusionner Westmount? Pour quoi faire? À vue de nez, l’enclave n’a pas changé d’un poil, et pour cause: on y vit bien. Nul besoin d’ailleurs de posséder une résidence cossue à flanc de montagne ni une rutilante monture, allemande de préférence, pour en profiter. Il suffit d’aller s’imprégner de l’atmosphère à la fois hip et détendue de la Taverne sur le square, où l’heure est à la fusion plutôt qu’à la défusion.

Défusionner Westmount? Pour quoi faire? À vue de nez, l’enclave n’a pas changé d’un poil, et pour cause: on y vit bien. Nul besoin d’ailleurs de posséder une résidence cossue à flanc de montagne ni une rutilante monture, allemande de préférence, pour en profiter. Il suffit d’aller s’imprégner de l’atmosphère à la fois hip et détendue de la Taverne sur le square, où l’heure est à la fusion plutôt qu’à la défusion.

Malgré sa grande taille, l’établissement, à l’ombre des tours intimidantes de Westmount Square, a le charme discret. Prenez garde de ne pas rater l’entrée! Le resto est tout en longueur: à une extrémité, la cuisine ouverte; à l’autre, trois banquettes surélevées (idéales pour un tête-à-tête, mais hélas réservées, en principe, aux groupes de quatre ou plus). Entre les deux: long bar et cellier, décor chaleureux où domine le bois blond. Côté cuisine et fumeurs, des tables rapprochées, façon bistro; côté banquettes, des tables dressées à distance respectueuse, comme dans les maisons plus huppées.

La "taverne" dans tout ça? Le bruit, sans doute, quand c’est bondé, l’absence de nappe sur les tables, le service rapide. La fumée? Pas le soir de notre visite, grâce sans doute à une ventilation efficace. En fait, c’est dans NDG, avenue Monkland, qu’il faut chercher l’origine du nom. La Taverne sur le square, en effet, est une excroissance de la Taverne Monkland. Le chef "exécutif", Stephen Leslie ou Steven Leslie, selon que vous consultez la carte en anglais ou en français, officie aux deux endroits.

Parlons-en, de la carte. Un noyau stable, court mais diversifié, auquel se greffent des entrées et des plats du jour, offerts avec un potage ou une salade. Des tranches de betteraves, fondantes à souhait, entrecoupées de rondelles d’un chèvre de bonne tenue, le tout nappé d’huile d’olive et d’un peu de jus de betterave pour faire joli, sans oublier les noix de Grenoble. Du saumon barbecue, savoureux et fondant lui aussi. Côté potage, une crème de pommes de terre et de cresson, onctueuse et goûteuse. Quant aux truffes promises (confusion linguistique?), on n’en discernait pas la moindre trace.

En plat, une généreuse portion de crevettes surdimensionnées, parfaitement cuites, joliment présentées sur un risotto (un vrai!) ponctué de morceaux d’asperges, baignant dans une sorte de bisque au goût fortement citronné. Des morceaux d’épaule de veau braisée déposés sur des raviolis (en réalité, des médaillons) farcis aux champignons parfumés au basilic, des asperges, une tomate confite, un jus de viande pour le veau, une sauce à la crème pour les pâtes. Et ça marche! Le chef a l’art de concocter des mélanges déroutants, pour ne pas dire tarabiscotés, qui trouvent tout leur sens dans l’assiette.

La brigade, jeune, avenante et très professionnelle, se plie de bonne grâce aux caprices de la langue de Molière même si, ici, l’anglais domine, d’où l’impression, agréable ou pas, de dépaysement. À quel prix? En commandant judicieusement, on peut s’en tirer avec une addition somme toute raisonnable (pour de la cuisine de chef). Les pâtes, ici, ne servent pas de bouche-trou (faussement) bon marché. Complexes, parfaitement maîtrisées et satisfaisantes, elles sont offertes à partir de 13 dollars, 15 en plat du jour avec la salade ou le potage. Un verre de vin, et vous vous en tirez pour moins de 30 dollars, tout compris. Pas mal pour une sortie dans le grand monde.

Si pour vous comme pour de nombreux clients, money is no object, on vous accommodera volontiers: la carte des vins, éclectique comme le reste, fait vite des folies. Et on offre le prime rib, accompagné de frites, à 38 beaux dollars pièce. Il vous reste des sous et de la place? Laissez-vous tenter par la carte des desserts, alléchante et éclatée: ce soir-là, le panna cotta servi sur un coulis de petits fruits et la torte Linzer, préférés aux profiteroles (clin d’oeil?) et à l’inévitable fondant au chocolat, ont clôturé en douceur une expérience franchement plaisante. Pour qui n’a pas peur de sortir des sentiers battus.

Bémol: Du beurre salé avec le pain.

Dièse: Ambiance très urbaine, service attentionné, pâtes succulentes, viande braisée fondante, cuisson précise, notamment côté poisson.

Entrées: de 5 $ à 11 $

Plats: de 13 $ à 38 $

Desserts: de 5 $ à 11 $

Taverne sur le square

1, square Westmount

Westmount

Tél.: (514) 989-9779 ou 989-9967