Étonnement, le décor est chaleureux et de très bon goût. Je dis étonnement parce que la plupart des restos thaï, comme bien d’autres chinois et vietnamiens, s’ils offrent une cuisine remarquable, prêtent peu d’attention à la décoration. Mais ici, murs ocre chaud, gravures, peintures, objets d’un exotisme délicat et très intéressants couverts forment un ensemble de bon goût. Tout l’avant de la salle est niché dans une verrière qui, si elle donne sur une rue plus ou moins intéressante, a l’avantage d’amener une abondante lumière dans la place. Le service y est courtois, affable, mais jamais obséquieux.
Nous entamons notre longue réflexion sur les plats à choisir en partageant une entrée de Tofu Tod: de tout simples cubes de tofu frits dont on fait trempette dans une sauce sucrée au piments. Un amuse-gueule qui se place une coche nettement au-dessus des chips-salsa… Nous aurions pu aussi y aller d’ailes de poulet farcies de vermicelle et porc ou de satay, tout aussi invitants.
Nous poursuivons avec des soupes. Sandra ira d’une Tom Kha Kai, soupe aigre-forte au poulet, lait de coco, galanga (racine d’origine indienne), citronnelle, chili et champignons. La douceur du lait de coco vient équilibrer le piquant du chili et les saveurs s’expriment avec enthousiasme. De mon côté, je ne peux résister à la Tom Yum Goong: aigre-forte elle aussi, elle offre de belles crevettes charnues et des champignons de Paris qui nagent dans un bouillon clair finement relevé de citronnelle et de chili.
Ma convive étant friande de fruits de mer, elle est ici bien servie puisque, outre la dizaine de plats offerts dans cette catégorie, de nombreux curis et plats de nouilles ou de riz se déclinent avec boeuf, poulet ou crevettes. Elle y va donc d’un Pad Bai Gra Prow, un plat de crevettes sautées avec chili, basilic, poivrons, oignons, et j’en passe. C’est très très relevé sans pour autant anéantir les saveurs: chaud, le plaisir! Et avec un fin riz parfumé, c’est divin.
Pour ma part, après avoir longuement louché du côté des curis principalement au lait de coco, je craque pour le Pad Thai. Le menu en annonce étonnement deux: version original de style Thai ou version internationale. La différence? L’internationale passe outre les crevettes séchées et remplace le tamarin (concentré extrait du fruit du tamarinier, au goût acidulé) par une sauce aigre-douce. Friande de tamarin, j’opte donc pour l’originale: des nouilles de riz plates cuites al dente sont sautées avec crevettes fraîches et séchées, tofu, oeuf et tamarin. On accompagne le tout de germes de soja, d’arachides grillées hachées, de coriandre fraîche, d’oignon vert, de piment fort et de limette pour un mélange relevé et bien acidulé. On m’avait garanti le meilleur Pad Thai en ville et j’avoue que la lutte se fait serrée…
Enfin, nous nous passerons de dessert, déjà bien repues. À peine plus de 40$ pour un copieux repas pour deux, avant taxes et pourboire, c’est tout à fait raisonnable pour un tel bal de saveurs.
Anna
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