Restos / Bars

La Maison de la grillade – Style rib : Broche à point

Tout nouveau, tout bon. Un resto? Non: un temple de la viande – de la viande marinée, grillée, boucanée… Presque un lieu de pèlerinage pour carnivores.

J’ai, comme tout le monde, mes jours de tolérance. Mais oui, il m’arrive de faire le sacrifice d’aller dans un restaurant où l’on ne peut fumer. Dans ces moments-là, j’espère bien que la table compense avantageusement ma petite frustration. Le vestibule nous souhaite déjà la bienvenue: odeurs complexes de smoked-meat, de barbecue et de méchoui avec, en filigrane – si l’on peut dire -, de vagues arômes douceâtres ou piquants. Nous choisissons la salle à manger qui se trouve sur la gauche, plus petite que celle de droite, mais tout aussi éclairée de grandes fenêtres et d’une verrière de dimensions modestes où deux couples se livrent déjà aux plaisirs fumants de la chère. En face de moi, le bar et, derrière lui, la cuisine, son feu (de joie), ses flammèches, ses brefs panaches de fumée, ses courtes giclées d’étincelles. Heureux, je suis. La carte rassemble en quelques pages tous les fantasmes que peut entretenir un amateur de churrasco: méchoui (à l’assiette) de porc, d’agneau, de boeuf ou de dinde et sauces variées – aux canneberges, à la gelée de menthe, aux pommes et à l’érable, bordelaise, HP, tabasco, chipotle (aux jalapeños fumés). Le méchoui se retrouve aussi dans quelques pizzas, dont la Santa Fe ("Sainte-Foy", en fait). Les poissons et fruits de mer aussi sont là, crevettes, pétoncles, homards, truite, saumon… On arrive ensuite au smoked-meat, au boudin, au foie de bouvillon, à la côtelette d’agneau grillée, aux côtes levées de tous les styles, de la sichuanaise à l’orientale, en passant entre autres par la louisianaise et la blackened. Mais nous en avons assez de saliver à vide: mangeons! Nos entrées nous déçoivent un peu, toutefois: nous les aurions appréciées chaudes ou même tièdes; or, un degré de moins, et elles seraient vraiment fraîches. C’est aussi vrai pour mon feuilleté d’escargots en pleurotes (mouillé d’un savoureux beurre blanc, où le sel semble tout de même mal réparti) que pour le fleurmier en croûte (avec pommes et sirop d’érable) servi à ma compagne. Ainsi, quand arrive notre grande, grosse, colossale assiette de "grillade Style rib’s", ma "carnivoracité" se dit qu’elle tient là une belle revanche. Tout y est en double: méchoui (agneau et porc), poulet, côtelettes d’agneau, côtelettes de porc, côtes levées, saucisses fumées. Aromatisées, bien marinées, goûteuses, tendres (mais je suis tombé sur la seule côtelette d’agneau un peu moins tendre), ces pièces se côtoient, se bousculent, s’amoncellent, victuailles marquées au fer rouge et toutes luisantes de sucs mêlés d’huile. Ma compagne et moi croisons la fourchette comme d’autres croisent le fer; nos ustensiles s’entrechoquent parfois au moment de piquer le morceau qui, chaque fois, nous semble plus invitant que les autres. Elle a déjà croqué sans sourciller un beau piment rouge qui lui a pompé quelques larmes aux yeux; elle a aussi traînaillé du côté des légumes, des frites et de la pomme de terre rôtie; elle ne se prive pas de faire honneur aux petits bols de sauce (bordelaise et barbecue) trônant au milieu des viandes. Dans la grande assiette, que notre persévérance finit par vider, il traîne quelques restes de sauces et de sucs – du rosé, du brun, du vert pâle (de la gelée de menthe), du corsé, du délié, du sirupeux… Belle palette pour un peintre! Moi, je manie mieux la bouchée de pain que le pinceau ou la brosse, et je me sens inspiré. "Là, je te reconnais!" rigole ma compagne.

La Maison de la grilladeStyle rib
7150, boul. Hamel Ouest
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 871-6603
Tables d’hôte à partir de 18,90 $
Menu du jour: 8,95 à 13,95 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes) : 81,61 $
Bloc-notes
Festival parisien de l’Astral
Il vous reste encore un peu de temps pour apprécier le festival Bistro de Paris qui se tient à l’Astral du Loews Le Concorde jusqu’au 16 juin. Rappelons que le chef invité est M. David Lemée, du restaurant Le Troisième Bureau, à Paris, accompagné de son maître d’hôtel, M. Philippe Polla. Bien que la carte soit un véritable hommage aux plaisirs de la bouche, elle propose tout de même, pour ceux qui ne souhaitent pas se priver, quelques plats à haute teneur en protéines et basse teneur en hydrates de carbone. Cappuccino de potiron au lard croustillant, salade de gésiers de volaille (avec jambon fumé et copeaux de foie gras) et terrine de lapereau en mosaïque farcie de foie gras figurent parmi les entrées. Du côté des plats principaux, carré d’agneau en croûte d’herbes et pigeonneau rôti aux petits pois donnent la réplique au filet de sandre rôti, à la truite soufflée parfumée de sauge et beurre d’amande, aux noisettes de porc DuBreton marinées au soya et à l’orange… Les "douceurs du chef pâtissier" vous attendent au détour, pour le cas où il vous resterait un peu d’appétit. Il est préférable de réserver au (418) 647-2222.