Restos / Bars

Auberge La Muse : Délicatesse in

Pour vous dépayser, une vieille maison victorienne entourée de grands arbres, la cour arrière, une terrasse, un jardin, un verger et, dans les cuisines, un couple de Japonais qui s’emploie à mettre en valeur les produits de la région.

Il y a deux ans, nous nous sommes arrêtés là, un soir d’automne pluvieux. Ne pouvant trouver place dans la salle à manger bondée, nous nous étions retrouvés sur la galerie convertie en terrasse abritée et bien chauffée. Nous avions apprécié la cuisine tout en déplorant le service alors un peu… désordonné. Ce soir, les choses semblent se présenter différemment. Il est plus de 19 h, le soleil musarde encore quelque part dans le ciel et le verger bourgeonne en tous sens. Visiblement inexpérimentée, la jeune serveuse qui s’occupe de nous se montre d’une grande gentillesse – et nous ne lui en voulons pas trop de ne pas se rappeler la composition de tel plat ou la prononciation de tel autre… Gibu: le prononce-t-on comme il s’écrit ou devrions-nous dire "gibou"? Quoi qu’il en soit, c’est l’apprêt (au wasabi et à l’huile d’olive) du "filet de truite fraîche de chez Smith" que mon amie vient de choisir après avoir inventorié toutes les ressources de la carte. Ainsi, de tentations en tentations, elle est passée de l’étuvée de poulet bio et tomates Lacoste au braisé de porc bio à la Okinawa (miso et courgettes), minaudant du côté des sushis (saumon, thon, crevettes, caviar de saumon) et du filet mignon sauce au madère. Plusieurs des plats sont de la Route des saveurs, circuit gourmand d’une association charlevoisienne. Quelques-unes des entrées jouissent du même statut, tels le rôti de porc biologique Cha Chu, l’aumônière de cuisse de poulet biologique aux noix et le confit de canard au parfum de rose. C’est ce dernier qui m’a finalement tenté et que j’accueille, plus affamé qu’ému, quelques minutes plus tard. L’émotion s’est manifestée après, c’est-à-dire quand je me suis penché pour humer mon assiette. Un parfum délicat, si discret qu’on le croirait en train de se tailler en douce. Alors, vaut mieux le garder pour soi, en soi. Une, deux, trois bouchées. Rien à voir avec les confits habituels: aucun excès de gras ou de sel; tout y est nuance et subtilité. J’aime. Pour un peu, mon amie n’y goûtait pas. Mais sa fourchette avance vers moi un peu de cette chair de poulet qui se retrouve dans ses deux petites aumônières entourées de salade. Là encore, le chef montre son sens de la mesure en ce qui concerne l’assaisonnement. Notre vin blanc est un Mâcon-Viré qui se la coule fraîche en notre compagnie. Des haut-parleurs s’échappe une voix que je n’ai pas entendue depuis belle lurette: Lhasa de Sela. C’est vraiment les vacances! Le service ne traîne pas. Les plats de résistance s’amènent assez vite. Le filet de truite, cuit juste à point et pavé d’échalotes vertes, s’imprègne bien du Gibu qui le caresse, et vous caresse la bouche, sans aucune agressivité. Les légumes d’accompagnement (champignons, courgettes, fèves germées, riz, etc.) sont aussi les bienvenus, car on a pris soin de les assaisonner (délicatement, encore une fois). Moi, évidemment, j’ai choisi de la viande, en l’occurrence une brochette: cerf de la Vallée et sanglier mariné au gingembre. Bonne? Un peu mieux que cela. Le goût et la tendreté y sont. La dernière fois, la cuisson trop superficielle des viandes m’avait déplu. Cette fois, le "non-cuit" (selon moi) se trouve réduit au minimum: de toutes petites parties à l’intérieur de quelques morceaux. C’est une façon de faire qui en vaut une autre, j’en conviens, mais qui ne correspond pas à mes goûts. Maintenant que le soleil a basculé outre-horizon, nous estimons qu’il est temps de s’envoyer un peu de sucré derrière le col roulé. Un autre élu de la Route des saveurs s’amène en tenue d’apparat. Il s’agit d’un moelleux au chocolat et miel des Grands Jardins, planté d’un petit treillis de sucre filé. Le détail? Onctueuse glace maison et salade de fruits frais (pommes, pamplemousse, pêches…). Le temps de dire "ouf", il ne reste dans la petite assiette qu’un trognon de fraise.

Auberge La Muse
39, rue Saint-Jean-Baptiste
Baie-Saint-Paul (Québec)
Téléphone: (418) 435-6839 ou 1 800 841-6839
Tables d’hôte: de 26,95 $ à 30,50 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 72,98 $

Bloc-notes
Soirée africaine au Piolet
Le restaurant Le Piolet, entreprise d’insertion sociale et professionnelle pour les jeunes de 18 à 30 ans, s’est assuré la collaboration du café L’Eurêka pour vous organiser une chaleureuse soirée africaine le jeudi 29 mai, c’est-à-dire aujourd’hui même, à partir de 17 h. Les artistes invités sont bien connus de la région: il s’agit de Oumar N’Diaye, à la fois danseur, acrobate, chorégraphe, chanteur et percussionniste (prix Juno 1995), et de Mohamed Keba N’Diaye, jeune percussionniste lauréat du concours Secondaire en musique. Sur le plan des nourritures bien terrestres, vous aurez le choix entre les mets "Croque-Bistrot" du Piolet et la table d’hôte qui propose, entre autres, le philo de cerf aux agrumes, le magret de canard aux petits oignons, l’effeuillade d’espadon à l’orange, les côtes levées au hickory… On vous suggère de réserver: (418) 842-7462.