Restos / Bars

L’Astral : L'euphorie des hauteurs

Je n’aurais pour rien au monde manqué le Festival parisien du chef invité DAVID LEMÉE, qui s’achève dans quelques jours. Tout y était, sauf le stress de l’avion et l’incertitude du retour. Décollage élégant et rapide, atterrissage tout en douceur. Quant aux turbulences…

Il s’agit de nos propres turbulences intérieures, que d’autres appellent embarras du choix, tergiversations, taponnages, etc. Nous avions choisi un soir qui devait être tranquille: la salle à manger est bondée. Des accents divers s’entrecroisent, français et américains pour la plupart. Heureusement que "ça" tourne: au moins deux fois au cours de la soirée, la musique du pianiste Clément Robichaud nous revient, émergeant peu à peu du bruit multiple des voix. Don’t Cry for Me, Argentina précède de peu le Lascia chio pianga… de Haendel… Puis, d’autres airs qui s’éloignent, alors que se rapprochent… nos premiers plats. Mon amie avait naturellement choisi un apéro, préférant un porto blanc au choix assez original de martinis proposé par la carte. Elle repousse son verre pour accueillir son assiette, une grande assiette creuse dont le pourtour s’orne de motifs végétaux. Le contenu? Un "cappuccino de potiron", velouté et empanaché d’une crème… neigeuse. Le nom intrigue, le goût ravit, l’appétit exulte. Deux petites tranches de bacon y ajoutent la petite note de sel que l’on croit manquante. Ma soupe de moules n’a rien à envier à ce potage. Les mollusques sont au nombre de trois, mais le bouillon dont ils émergent a dû en mettre une bonne douzaine à contribution. On croirait en manger un à chaque bouchée. "C’est presque trop", me dis-je, mais c’est le "presque" qui fait mon bonheur du moment. Nous ne jetons même plus un coup d’oeil dehors, peu soucieux de savoir si nous "survolons" encore la Grande Allée et ses terrasses "cordées". Nous oublions aussi l’affluence qui nous environne, le passage des clients qui ont préféré le buffet dressé à quelques mètres de nous – boeuf Wellington, rôti de veau aux deux moutardes, desserts… Une seconde assiette pour Madame! En face de moi fleurit maintenant une "salade folle" semée de noisettes grillées. Endives, laitues, feuilles de chêne, luzerne, morceaux de stilton, tout cela mouillé d’une vinaigrette au vieux porto. On en pleurerait. En attendant le prochain service, je m’occupe l’impatience en récapitulant la carte qui nous avait tiré tant de soupirs – car, n’est-ce pas? pour un plat qu’on choisit, il y en 10 qu’on n’a pas pris. Très tentants le suprême de pintade au roquefort et le carré d’agneau en croûte d’herbes, à côté du mignon de veau à la vanille qui vous intrigue, du farci de légumes à la coriandre, du fondant de boudin noir, du filet de sandre rôti… Mais c’est le pigeonneau rôti que j’avais élu. Et c’est lui qui, détaillé, doré, encore tout chaud, se présente à moi dans le plus simple appareil… entendez par là quelques légumes, pâtissons nains, carottes, haricots français et asperges. Le jus est un peu rare, ce que je déplore, d’autant plus qu’il enchante chaque bouchée… mais ne se rend pas jusqu’à la dernière. Par chance, la chair du pigeonneau, savoureuse et assaisonnée sans trop d’excès (de poivre, par exemple), se suffit presque à elle-même. En fait, je la mange avec, disons-le, beaucoup d’affection. De l’autre côté de la table, une "truite soufflée parfumée de sauge et beurre d’amande". Bel équilibre de goût dans l’ensemble, surtout en surface, dirais-je, car il me semble que la sauge domine un peu trop dans la farce – opinion que se dépêche de contredire ma compagne, comme si je m’en étais pris à elle personnellement. Ma punition: ma fourchette n’arrive plus à se glisser jusqu’à son assiette. Ma douce vengeance: je choisis son dessert préféré, une tarte Tatin entourée de fraises et de kiwis en tranches sur coulis de fraises et de mangue. Et la voilà qui me nargue avec sa crème brûlée au Grand Marnier… à laquelle j’aimerais bien goûter un peu, rien qu’un petit peu. La paix, ça se négocie, non?

Restaurant panoramique L’Astral
Loews Le Concorde
1225, cours du Général-De Montcalm
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 647-2222
Table d’hôte: de 29,50 $ à 37 $
Table d’hôte parisienne: de 19,50$ à 38,50 $
Menu du midi à partir de 9 $
Buffet du midi: 18,95 $
Bloc-notes
Gastronomie québécoise en Espagne
Canard, saumon fumé, homard des îles de la Madeleine, oeufs de corégone de l’Abitibi, caribou, pintade… sans oublier les canneberges, bleuets, fromages, sirop d’érable, cidres, vins et liqueurs diverses! Bref, Jean-Paul Grappe, chef et professeur à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, n’a rien négligé pour le Festival gastronomique et touristique du Québec qui se tient à Barcelone jusqu’au 8 juin. Williams Chacon, chef et professeur au même établissement, l’accompagne. Cette activité fait partie de la première édition de Culture Québec, événement promotionnel d’envergure qui durera jusqu’à la fin du mois de juillet, mettant à l’honneur, outre la gastronomie, le théâtre, la danse, les arts visuels, le cinéma, etc. Pour l’occasion, l’ITHQ s’est associé à Tourisme Québec et à divers ministères québécois.