Avez-vous vu le dernier numéro du magazine américain Vanity Fair? On y trouve une méga-pub pour Audi. Douze pleines pages en noir et blanc, vantant les mérites de la fameuse bagnole.
Pour l’occasion, on nous présente les portraits de huit personnalités de renommée internationale qui, comme la Audi, "ne suivent pas les règles, refusent de s’asseoir sur leurs lauriers et franchissent toutes les barrières": la chanteuse k.d. lang, l’architecte Daniel Libeskind, le comédien John Malkovich, l’informaticien Bill Joy et… Guy Laliberté, le fondateur du Cirque du Soleil.
"Guy Laliberté, dit le texte, s’inquiète profondément du sort de notre planète."
Il s’inquiète tellement du sort de notre planète qu’il prête sa binette à une pub… de char!
Savourez l’ironie. À quand une pub de Texaco avec David Suzuki?
C’est comme Céline Dion. Céline, nous dit-on, est une mère hyper-attentionnée, qui ne vit que pour son poupon. Or, qui voit-on sur la dernière pub de Chrysler?
Céline et René-Charles, bouche bée devant une fourgonnette Chrysler.
Parlez-moi d’une mère protectrice, branchée sur les vraies valeurs de la vie!
Cela dit, il ne faut pas blâmer la célèbre chanteuse. Elle a besoin de fric pour boucler ses fins de mois, la Céline. Ça coûte cher, des palaces en marbre rose et des clubs de golf privés. Il faut en rentrer, du bacon, pour pouvoir se payer ces petites nécessités. Tant qu’à être diva, soyons-le jusqu’au bout, non?
En passant, savez-vous combien elle a empoché, notre Céline nationale, pour associer sa binette (et celle de son cher fiston) au célèbre constructeur automobile? Dix millions de dollars.
Ce n’est pas A New Day Has Come qu’elle devrait chanter, mais A New Pay Has Come…
Au moment d’aller sous presse, on apprenait que Martha Stewart, la Reine de la petite couronne de Noël gossée avec de la paille poussée maison, risque la prison pour avoir commis un délit d’initié.
En effet, la gonzillionnaire a brisé la loi pour économiser… 240 000 $.
Imaginez: vous êtes assis sur le toit du monde, 87 % des femmes sont pendues à vos lèvres, et vous risquez votre réputation et l’avenir de votre business pour l’équivalent d’une poignée de p’tit change.
Génial, non?
Il y a plusieurs choses que je ne comprends pas dans la vie. Le succès des reality shows, par exemple, ou l’oeuvre entière de Styx. Mais la chose que je m’explique le moins, celle que j’ai le plus de difficulté à avaler, c’est la cupidité des riches. Ceux qui n’en ont jamais assez, et qui en veulent toujours plus.
Oui, c’est fantastique d’aller manger chez Toqué! de temps en temps. C’est même assez génial. Mais trois fois par jour, tous les jours? Demander à Normand Laprise de préparer des bouchées de fois gras pour la boîte à lunch du p’tit dernier?
Désolé, ça ne passe pas.
Savez-vous combien d’autos possède le stand-up comic Jay Leno? Une centaine. Comptez avec moi: 1, 2, 3, 4… 98, 99, 100. Or, la dernière fois que j’ai vérifié, il était toujours impossible de conduire deux autos en même temps. Comme disent les Américains: "You cannot eat more than one steak at a time." Cela, même si vous avez une grosse bedaine…
Les affaires de Guy Laliberté vont bien. Elles vont tellement bien que le fondateur du Cirque du Soleil a même demandé à un designer professionnel de dessiner la vaisselle qu’il utilise à bord de son jet privé! Plus riche que ça, tu chies de l’or.
Pourquoi a-t-il décidé de vendre sa binette à Audi, alors? Voulait-il se torcher le cul avec du satin?
Je suis peut-être naïf, mais il me semble qu’au-delà d’une certaine limite, l’argent devient carrément obscène. On établit bien un revenu minimum, pourquoi n’établirait-on pas un revenu maximum? Passé un gonzillion de dollars, tous vos revenus sont automatiquement détournés vers un fonds destiné à soulager la misère des nécessiteux.
Comprenez-moi: je n’ai rien contre l’argent. Mais lorsque la quête du fric tourne à vide, et que la cupidité devient une fin en soi comme dans la chanson Big Time de Peter Gabriel, la vie finit par ressembler à un cirque.