Restos / Bars

Le Tire-bouchon : Suivre son étoile

Quoi de neuf, un an plus tard? L’aisance d’un personnel rodé dans un environnement devenu familier et aussi, sans doute, l’aisance d’une cuisine qui n’a plus rien à prouver.

C’est à la mi-juin, l’an dernier, que je me suis laissé circonvenir, depuis le trottoir, par une odeur anisée qu’alors j’ai eu l’impression de suivre "à la trace" jusqu’à l’intérieur du resto. Il en est presque de même, ce midi. Toujours courtois, le personnel a néanmoins ajouté quelques sourires à son répertoire et vous met tout de suite à votre aise. Dans la plus petite des deux salles à manger, à droite de l’entrée, nous jouons presque à la chaise musicale, mon amie et moi, car nous hésitons entre deux tables libres. Enfin assis, je tourne le dos à un grand buffet surmonté de soupières, de verres et d’un arrangement floral. Il couvre la largeur du mur. Mon amie me fait face et, au-delà d’elle, deux affiches flanquent la grande fenêtre qui prend jour sur le chemin Saint-Louis. Celle du Musée du tire-bouchon, à Ménerbes (Luberon), représente… un tire-bouchon stylé; l’autre "interprète" le même type d’accessoire en 40 versions de différentes époques et de toutes les formes imaginables. Déjà prête à commander, mon amie attend sans broncher la fin de mon escapade visuelle. Je commencerai par… par une terrine maison sur verdurette. C’est ce qui me tombe tout de suite sous les yeux, mais, à bien y penser, je persiste. Il me reste à me débattre parmi les saucisses grillées aux tomates et basilic, la longe de porc aux épices, le rôti d’agneau aux olives, le cassoulet toulousain ("le vrai", assure la carte), l’aiglefin à la moutarde et basilic… Honneur oblige, la maison vous propose pour chaque mets un vin d’accompagnement. M’en remettrai-je à une comptine pour pouvoir me décider? Pas la peine, car je succombe au souvenir, à l’odeur de la première fois: marmite du pêcheur à l’anis étoilé. Notre commande passée, tout va assez vite. Étayées de bon pain frais, une goûteuse terrine (cailles et pintade) et une crème de brocoli font le bonheur de nos premiers moments. Quelques gorgées d’eau, puis arrive le riesling de "Madame", précédant de peu sa choucroute alsacienne: saucisses (alsacienne et allemande), jambonneau et lard noir fumé se posent en pyramide sur leur lit délicieusement aigre. Les viandes ont gardé leur goût propre, si bien qu’elles vous laissent en multiplier à l’envi les contrastes, avec ou sans moutarde forte. Pour un peu j’en oublierais ma propre assiette, où les saveurs, plus sages, exigent un apaisement préalable des papilles. Le pain y pourvoit. La sauce, si légèrement teintée qu’elle en est encore blanche, la sauce veloute chaque bouchée. Le sébaste et la sole y font bon ménage. Même le saumon, qui me pâme rarement, y prend là un certain intérêt. Je tâte un peu des accompagnements, pommes de terre en purée, carottes, asperges… Au dessert, je prends un air désabusé pour me donner une contenance. J’en mangerais bien, pourtant, de cette tarte au citron que mon amie vient d’entamer avec son appétit des grands jours. Le mien n’est déjà plus qu’un souvenir.

Restaurant Le Tire-bouchon
1648, chemin Saint-Louis
Sillery (Québec)
Téléphone: (418) 527-8778
Table d’hôte: 39,95 $
Table champêtre: de 19,95 $ à 39,95 $
Menu du midi: de 10,95 $ à 15,95 $
Dîner pour deux (incluant taxes et boisson): 43,88 $
Bloc-notes
Saveurs de France
Du 25 mai au 2 juin a eu lieu la première semaine gastronomique Saveurs de France organisée par la Chambre de commerce française au Canada, section Québec (CCFC-Q), avec la collaboration de sept établissements membres. La CCFC-Q n’a pas manqué de réagir en découvrant que le Globe and Mail, dans son numéro spécial dédié au tourisme gastronomique, recommande aux gastronomes de se rendre à Vancouver ou à Toronto plutôt qu’à Québec. Grant Hamilton, président du comité culinaire de la CCFC-Q, se rappelle avec une certaine déception les commentaires du chroniqueur touristique du Denver Post affirmant que "malheureusement, Québec n’est pas une destination gastronomique. Pour goûter à la fine cuisine française, vaut mieux se rendre dans le Vieux-Montréal…" À de tels propos, on ne pouvait mieux répondre que par cette semaine Saveurs de France, à coups d’escalopes de foie poêlées sur pain perdu, brandade de crabe, gratin de Saint-Jacques, suprême de pintade au roquefort, etc. Un véritable succès, dont se félicitent autant les organisateurs que les restaurants Chez Rabelais (menu gourmand), L’Astral (spécialités parisiennes), Le Sainte-Victoire (cuisine provençale), Le Champlain (menu breton), La Crémaillère (cuisine bourguignonne), Le Paris-Brest (Périgord) et Le Louis-Hébert (région bordelaise).