Restos / Bars

Penstock : Cascade de déceptions

Envie d’une escapade en ce dimanche soir d’été. Je propose, sans conviction, une virée du côté de Wakefield où le Moulin – mieux connu et plus facile à trouver dans le bottin sous Wakefield Mill – offre une terrasse de rêve, mais une cuisine qu’on dit sans grand intérêt. Avec toute la couverture critique dont ils furent victimes dans les dernières années, je me dis qu’il faut tout de même aller voir si les choses se sont améliorées. Mal nous en prie.

Nous entrons dans l’auberge par la porte principale d’où le chemin vers le restaurant est fort mal indiqué. Et la réceptionniste en poste ne semble aucunement avoir envie d’offrir son aide. Nous errons donc un peu, explorant du même coup: du rustique, de la belle pierre, de la chaleur bien de chez nous. La salle à manger qu’on découvre finalement à l’étage inférieur est flanquée d’un énorme foyer de pierres des champs qui doit donner un charme sûr à la pièce, les soirs d’hiver. L’accueil est sympathique, mais se fait d’abord en anglais, pour passer au français en second lieu. Et ce petit jeu se répétera à quelques reprises au cours de la soirée.

On nous propose une table sur la terrasse, où la chute s’impose en bruit de fond, avis aux conversations amoureuses… Après consultation d’une carte des vins sans surprise, nous y allons d’un Côtes du Rhône Perrin Réserve 2000 tout à fait bien. En entrée, Nico ira d’un mille-feuilles de taro et saumon fumé maison à l’érable avec mesclun à la crème de wasabi. Si le saumon est plutôt bon, l’ensemble est terne et l’on cherche en vain le wasabi qui devrait relever le tout. De mon côté, j’ai plus de chance avec mes paillettes de canard confit, petites galettes de pommes de terre et mesclun au vinaigre de xérès et huile de noix: délicat et assez bien fait.

Lui fait suivre d’un lapin à la bourguignonne: une cuisse de lapin en sauce avec champignons de Paris, mais sans les oignons perlés annoncés, se vautre sur une purée de pommes de terre, accompagnée de courge spaghetti, tomate braisée à l’ail et haricots jaunes. Pas mauvais, mais pas vraiment bon non plus avec sa sauce au vin rouge tristounette. Je ne joue pas plus de chance: une roulade de saumon trop cuit aux épinards est posé sur un ignoble risotto – je n’en ai jamais mangé de plus affreux – épais, pâteux, ouvertement allongé à la crème. Une honte! Les mêmes légumes que dans l’assiette de mon ami viennent tant bien que mal tenter de sauver les meubles.

Après une attente interminable – nous avons peu d’éloges à faire à un service souvent très lent et moyennement attentif malgré des apparences plutôt sympathiques – on nous propose finalement desserts et cafés. Nous optons pour le gâteau moelleux au chocolat qui nous arrivera un bon dix minutes après les cafés devenus froids. Le gâteau est bon, bien que pas tout à fait aussi moelleux qu’on l’aurait souhaité, mais il met tout de même un léger baume sur notre malchance.

Enfin, une petite balade dans le coin, jusqu’au bucolique cimetière MacLaren, où repose l’ex-premier ministre L.B. Pearson, nous aidera à digérer notre déception et son addition tout de même assez salée. Un repas pour deux se monte à plus de 70$, avant vin, taxes et pourboire.

Penstock (au Moulin de Wakefield)
60, chemin Mill
Wakefield
Tél.: (819) 459-1838