C’est qu’il y croit, l’ami Stéphane Paquet, chef-proprio de la place, en la revitalisation de cette artère mal aimée. Déjà à la barre de l’Espresso, actif sur tous les fronts, le voilà qui se lance dans une aventure sans commune mesure: restaurant, salles de conférence, salle de réception pour une soixantaine de personnes, cigar lounge, tout y est. Et dans un luxe sobre qui saura plaire, avec des teintes chaudes de taupe, d’élégantes nappes blanches et une fenestration abondante.
Autre attrait: Théo est au service. Transfuge ayant quitté le centre-ville pour venir s’exiler en banlieue, il nous assure un service de haut niveau. Il nous propose d’abord menus et carte des vins, nous avouant dans un même souffle que la journée fut bien remplie: mariage célébré sur place, suivi de la réception pour une soixantaine de personnes. Comme quoi l’endroit n’a pas tardé à se faire connaître.
Après bien des hésitations, maman y va d’une table d’hôte alors que j’opte pour un menu à la carte, question de tester les limites d’un chef déjà pris sous un feu roulant de commandes. Ce sont les risques du métier! J’ouvre avec un magret de canard fumé maison qui fond dans la bouche, accompagné de portobellos sautés, d’une réduction de vinaigre balsamique et d’un filet d’huile de sésame. Un mariage fin, juste ce qu’il faut d’exotique. Faisant elle aussi dans le palmipède, maman y va d’un émietté de canard confit sur céleri-rave et moutarde de Meaux. J’aurai du mal à lui en soutirer une bouchée…
Nous poursuivons toutes deux avec la même soupe de carottes et gingembre qui, bien que d’un velouté irréprochable, manque peut-être un brin de punch. Elle fera suivre d’une entrecôte de boeuf – au diable la vache folle! – nappée d’une surprenante sauce au rhum brun et à l’échalote. Aérienne purée de pomme de terre, mousseline de navet, chou braisé, brocoli sauvage et carottes tournées viennent compléter une assiette qui la rend tout à fait heureuse. De mon côté, je m’aventure du côté d’une paupillette de veau farcie de cerf rouge et canneberges, sauce grand veneur. Le travail est ici moins sûr: la viande est un peu sèche et le poivre de la sauce vole la vedette aux saveurs contrastantes des viandes et au tanin des canneberges. Mousseline de carottes et cerfeuil, et mini bok choi donnent une autre identité à mon assiette.
Enfin, un gâteau au fromage, chocolat blanc et framboise fait totalement craquer ma gourmande de mère, alors que j’y vais plus sagement d’un trio de sorbets maison: lime et citron, bleuet, mangue; un dessert tout en fraîcheur.
Nous nous acquittons sans douleur d’une addition pour le moins raisonnable vue la qualité de la table: une soixantaine de dollars pour deux, avant vin, taxes et pourboire. Une seconde visite lors du loufoque chaos de la "Grande Noirceur" m’aura permis de confirmer que le niveau se maintient, même quand on se pointe à 22h – même accueil, même qualité.
Le St-Estèphe
711, boul. St-Joseph
Gatineau (secteur Hull)
Tél.: 777-5552