Restos / Bars

Thang Long : Plats de senteurs

On y prend vite des habitudes auxquelles on ne peut plus renoncer. Elles portent des noms qui sont autant de parfums qu’on croit redécouvrir d’une fois à l’autre.

Nous y sommes, notre bouteille de vin en main. Nous n’avions pas remis les pieds ici depuis un bout de temps, depuis le réaménagement des environs maintenant plantés de jeunes arbres et agrémentés de pelouses, de fleurs et de petits bancs qui tentent les promeneurs. Une surprise nous attendait à l’intérieur: passablement rafraîchi, le restaurant s’est aussi agrandi d’une pièce où j’aperçois du coin de l’oeil un groupe, un couple, des tableaux encadrés, une lanterne rouge suspendue… Mais déjà la jeune serveuse s’est précipitée, tout sourire, pour nous accueillir, nous placer et faire écho à nos commentaires sur "tous ces changements". "Il fait bon", dis-je – lapsus significatif, car je voulais dire que cela sent bon. Je reconnais sans peine l’odeur du sizzling, ce plat grésillant dont l’arôme, ici, est unique. Quelques minutes plus tard, il émerge des cuisines empanaché de vapeur et s’en va atterrir à une table située derrière moi, juste à côté du plant de piment et de la toute petite Vandal-Cliche qui paressent sur le rebord de la fenêtre. Pareil spectacle vous fouette l’appétit. On en devient fébrile en consultant la carte, hésitant malgré tout entre le katim parfumé à l’ail, moelleuse friture d’aubergine beurrée et "enrobée", le boeuf luclak (aigre-doux sans vrai contraste) et, bien entendu, les chakis auxquels je reviens toujours, mais qui ne sont qu’un préliminaire. Pour ce qui est des plats de résistance, faisons face à mille et une sollicitations du genre "Volcan", "Hanoïenne", "Cowboy", plats de porc, de poulet, de boeuf… Sans parler des soupes (aigres, piquantes ou douces), des rouleaux… Mon amie jubile: elle mangerait "asiatique" à tous les repas. "J’ai déjà choisi, moi!" Elle vous dit ça avec un petit air de triomphe. Elle a déjà en bouche le goût de ce qu’elle va prendre – et la question qui précédera sa commande: "Est-ce qu’on pourrait remplacer…?" La serveuse répond par l’affirmative et s’en va. Quelques minutes s’écoulent, que nous meublons d’inoffensives indiscrétions autour de nous: poulet de l’énigmatique général Tao sur la gauche; une soupe colossale, à ma droite, qu’une jeune cliente savoure en lisant un recueil de notes; et là, pas très loin, le groupe qui vient d’attaquer les desserts. Ma soupe tonkinoise: nouilles, coriandre fraîche, fèves germées, gingembre… et ce parfum grisant qui évoque vaguement le cacao. Cela se mange la tête baissée, le souffle court et la cuiller hyperactive. Mon amie, elle, a préféré une thaï bien relevée, légèrement acidulée, aux carottes, champignons, céleri, oignons verts et vermicelle. Puis c’est au tour des entrées de nous régaler: mes chakis, délicieuse et copieuse friture combinant crevettes, poivrons, oignons et patate douce, auxquels donne la réplique la "grande petite" assiette garnie de rouleaux impériaux et de wonton frits qui fait chaque fois s’exclamer ma compagne: "J’t’assure… ce sont les meilleurs." J’en dis autant de ce que je mange avec de moins en moins de fougue, car ma faim s’est débinée sans crier gare. Alors, quand arrivent mes "Fantasmes du Pacifique", j’ai beau crâner, je ne parviens à goûter que deux ou trois crevettes, laissant là tout le reste – légumes, saumon et pétoncles panés, servis sous la forme de trois brochettes et accompagnés de salade, de sauce et d’un bol de riz. Cela se passe tout autrement de l’autre côté de la table. Dans son "Assiette Pékin", mon amie avait demandé qu’on remplace le poulet aux cinq épices par du poulet au saté maison. Et, avec ça, elle a du porc à la sauce aigre-douce, du riz, de la salade…. et un appétit bien entraîné. Quand enfin elle s’aperçoit que je ne mange plus et que je souris néanmoins, elle en déduit sans effort: "Tu vas demander un doggie-bag!" Mais je n’ai même pas à formuler la demande: la jeune serveuse me le propose. Et me voici qui pense déjà à mon "demain midi", tandis que mon vis-à-vis se plaît à tutoyer de près un beignet à l’ananas.

Restaurant Thang Long
869, côte d’Abraham
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 524-0572
Menu du midi à partir de 7,50 $
Tables d’hôte à partir de 13,75 $
Souper pour deux (incluant taxes et service): 41,30 $

De vins et de fromages…
Fondée par M. Philippe Kotula, fromager bien connu au Québec et spécialiste des techniques laitières, l’entreprise Terroir-conseils (www.terroir-conseils.com) a déjà fait profiter de son expertise plusieurs artisans de la province, ainsi que des entreprises et des établissements tels que la Fromagerie du Domaine (Lanaudière) et le Centre Fierbourg (Charlesbourg). Elle vient de s’associer à l’épicerie J.A. Moisan et au café Le Hobbit pour vous offrir un cours à la fois théorique et pratique sur l’accord des vins et des fromages. Les vins proviendront naturellement de la SAQ. La formation débute à la mi-octobre et durera huit semaines (deux heures chaque mardi soir). Les participants doivent avoir au moins 18 ans. Au programme: présentation et appréciation "technique" de fromages fins québécois (surtout) et européens fournis par l’épicerie J.A. Moisan; fabrication sur place d’un fromage frais, afin d’illustrer les différentes étapes du processus; dégustation pendant et à la fin de chaque séance; visite éventuelle d’une fromagerie artisanale, etc. Les rencontres auront lieu au café Le Hobbit. On peut se renseigner ou réserver à l’épicerie J.A. Moisan. Téléphone: (418) 522-2132.