Restos / Bars

Mekong : Tout l'Asie à une seule adresse

Quel bonheur que celui de retrouver un vieil ami perdu! Quatre années de vie à se raconter. Quatre années de petits malheurs et de gros bonheurs que nous voulons partager sans être trop dérangés. Nous nous dirigeons donc, Herman et moi, vers nos anciennes amours: le Chinatown. Et pour une fois qu’il n’y a pas foule au Mekong, nous décidons de nous y  attabler.

L’endroit a longtemps été un des plus courus du quartier. Impossible de réserver et il valait mieux s’y prendre tôt si on ne voulait pas y faire la file pendant de bien trop longues minutes. On annonce des spécialités asiatiques (sic), séchuans, vietnamiennes et thaï. C’est qu’on ratisse large… Reste à voir comment, avec cet éclectisme, on arrive à garder la train sur les rails.

Si l’extérieur n’a rien de particulièrement attrayant, Mekong gagne quelques points une fois passée la porte. Murs rouges, drapés, nappes, chaises de bois élégantes, font tout un contraste avec le tubulaire et la mélamine kitsch des voisins. Nettement plus intime; tout à fait dans le ton des retrouvailles. Et le service, avec sa discrétion tout asiatique, ne viendra jamais interrompre nos récits.

Affamés, j’y vais d’abord de mon dada: une soupe "hot & sour". Le menu l’annonce épicée, mais je me retrouve avec un ensemble sans grande saveur. Consistante, oui, pleine de champignons, de carottes en julienne, de tofu, une pointe d’amertume, peut-être, mais pour le "hot" on repassera. Je prends presque plaisir à ce désappointement qui me permet de rester fidèle à mes vraies amours, à quelques coins de là. Nous poursuivons avec des rouleaux de papier de riz. Rien de particulièrement réjouissant là non plus: les petites crêpes sont bien dodues, mais on s’aperçoit vite que, outre les fines tranches de crevettes et les quelques brins de laitue, elles sont principalement farcies de nouilles de riz, les rendant lourds et sans saveur. La sauce aux arachides qui les accompagne ne vient rien alléger avec sa consistance pâteuse.

Herman étant végétarien, nous avons limité nos choix aux sélections de fruits de mer, tofu et légumes. D’abord, des crevettes aux légumes et noix de cajou sont tout à fait correctes, mais sans être renversantes. Les crevettes sont cuites à point, abondantes, et les légumes bien colorés. Une sauce malheureusement sans grande saveur vient lier le tout. Un plat de tofu et brocoli est plutôt décevant: les triangles de tofu frits sont détrempés, la couche supérieure s’en détache, et l’ensemble manque d’assaisonnement. Quand on en est à se dire que le brocoli sauve le plat…

Enfin, un plat d’aubergines braisées sauce Yu-Sian offre un légume fondant et délicat, mais encore ici, les deux étoiles qui annonçaient un plat très épicé apparaissent tout à fait inutiles. Triste car on sent dans la cuisson une maîtrise de la technique; reste à savoir agrémenter le tout d’un peu plus de piquant! Un riz blanc juste ce qu’il faut de collant et un agréable thé vert accompagneront le tout.

Bref, à vouloir trop se disperser Mekong semble avoir perdu de sa finesse. Ou alors, c’est que nos goûts se sont nettement raffinés avec la grandissante popularité des cuisines asiatiques…

Un repas tout de même fort copieux pour deux personnes, avant taxes et pourboire fait une quarantaine de dollars.

Mekong

673, Somerset ouest

Ottawa

Tél.: 237-7717