Elle a bien sûr ses habitués, gens des environs qui viennent faire leur petit tour, histoire de déguster quelques petites spécialités, alors même qu’ils ne souhaitent pas se commander tout un repas. L’air de promeneurs, certains s’amènent à pied, sans se presser. Par les fenêtres donnant sur le chemin de Tilly, nous les voyons gravir tranquillement les marches et faire une mini-pause devant la carte affichée à l’entrée… Nous saurons un peu plus tard que plusieurs rappliquent pour la pastilla, relativement nouvelle au menu. "C’est la cinquième fois qu’on en mange", confessera un couple qui, lui, se déplace en moto. "C’est évidemment ce que tu vas choisir…" demande ma compagne, qui n’a pas besoin d’ajouter qu’elle a déchiffré mon sourire. Elle sirote sa Sleeman de fût servie dans un verre aussi élancé qu’une ballerine; j’étire ma Sagres, une cerveja portugaise qui me console de ces soirées déjà frisquettes. La salle à manger et le petit salon marocain se remplissent peu à peu, et quelques clients ont déjà atteint leur vitesse de croisière. Les tables d’hôte portent encore les noms de "Julia", "Zahra" et "Casablanca", proposant encore hommous, taboulé, couscous et tajines divers, sans parler de cette brochette de poulet que je n’ai certainement pas oubliée… Le temps d’aller jeter un coup d’oeil sur la terrasse arrière, maintenant plus grande, couverte et bien protégée des intempéries, nous revenons à notre petite table pour accueillir nos premiers plats, en l’occurrence, pour mon amie, une délicieuse salade d’aubergines apparemment toute simple avec sa garniture de laitue, olives noires, poivrons et concombres, plus une assiettée de mini-pitas tout chauds. Ça vous réjouit les plus moroses. Moi, j’attaque sans sommation une harira, potage aussi roboratif que savoureux qui mêle harmonieusement pois chiches, lentilles, riz, poulet, coriandre fraîche… et un peu de ce que je n’arrive pas vraiment à identifier (poivre ou piment?), tant le dosage est parfait. Mais, en tout cas, ça pique et ça réchauffe. J’en ai la sueur au front. Et je termine mon bol, qui l’eût cru? Un autre petit tour de terrasse s’impose, pour des raisons de fraîcheur. Puis nous regagnons nos places au son d’une musique de jazz coulant des haut-parleurs invisibles. De la guitare flamenca succède au piano peu après l’arrivée de nos seconds plats. À moi la pastilla – évidemment -, plat festif traditionnel, à base de volaille (pigeon ou poulet), d’amandes grillées, d’oignons et autres épices. La pâte feuilletée elle-même est maison. Un peu de sucre glace saupoudre le dessus piqué de trois amandes grillées. D’après celle qui m’accompagne, je ne mange pas; je dévore. Disons plutôt que je n’ai pas beaucoup de temps pour bavarder, occupé que je suis à comparer méthodiquement les qualités propres à chaque bouchée… "Fais-moi rire!" dit-elle en plongeant de nouveau sa fourchette dans son couscous aux merguez et au poulet mariné. Dans sa grande assiette creuse, il y a aussi des légumes – carottes nantaises, choux de Bruxelles, pois chiches à profusion… Le bon couscous la rend loquace, lui rappelant ses séjours au Maroc, la vraie cuisine maison… "Comme ici, quoi!" conclut-elle en repoussant l’assiette vide. Alors, pour rien au monde elle n’aurait refusé un thé à la menthe servi dans les règles de l’art. Elle ne prendra qu’une bouchée de mon chambaba, gâteau de semoule parfumé à la fleur d’oranger. Soudain, elle pouffe de rire. "Tu me diras après cela que tu n’as pas beaucoup d’appétit!" Bof… ça dépend des fois. Et, surtout, de l’endroit.
Restaurant Le Casablanca
3884, chemin de Tilly
Saint-Antoine-de-Tilly (Québec)
Téléphone: (418) 886-2926
Table d’hôte: 18,95 à 25,95 $
Souper pour deux (incluant boissons, taxes et service): 53,30 $
Arts traditionnels et… dégustations
Du 9 au 13 octobre aura lieu la 13e présentation du Festival international des arts traditionnels de Québec (FIAT). Gitans, Normands, Louisianais, Latino-Américains sont du nombre des invités à cette rencontre où musique, chanson, danse, conte et arts populaires figurent comme d’habitude au programme. Le public pourra également prendre part à quelques "activités bouffe", dont une dégustation du fameux "sirop de Normandie", confiture bien particulière qui cuit sur feu de bois pendant 24 heures. Cela débute par l’épluchage, le samedi 11 octobre, à 10 h, dans la cour intérieure du Musée de la civilisation. Le même jour, à 17 h, dans le hall du Musée, il y aura dégustation de "bouchées internationales". Le dimanche, ce sera le brunch normand (avec animation musicale) au restaurant Le Charles-Baillairgé de l’hôtel Clarendon, de 11 h à 13 h, puis, à partir de 18 h, dans la chapelle du Musée de l’Amérique française, le souper chanté à saveur internationale concocté par le traiteur Pastissimo. Renseignements: (418) 647-1598 ou .