Il ne subsiste rien, mais vraiment rien du précédent restaurant. Le même emplacement, certes, mais un décor plus aéré, pour ne pas dire aérien, une profusion de plantes et, dès l’entrée, un impressionnant cellier qui couvre tout le mur du fond. Le nombre de places s’est accru. Outre la petite salle à manger du rez-de-chaussée, à gauche, on en découvre une autre plus vaste, à droite, qui s’achève en une verrière qui prend vue sur le boulevard. À l’étage, le décorateur a aussi fait des siennes, de la bonne façon. C’est là que nous nous sommes risqués à tâter de cette "cuisine de l’Europe du Sud". "Risqués", dis-je bien, car le scepticisme me tenait par la main comme un bon camarade. Calmars frits au parmesan (petit régal!) et soupe de poissons et ses croûtons nappés de rouille (autre délice!): cela m’avait suffi pour cette première fois, car les portions se révèlent assez généreuses. Ma compagne? Je ne me rappelle même ce qu’elle avait mangé ce soir-là, car je m’appliquais à terminer ce que j’avais commencé, en l’occurrence deux entrées qui s’obstinaient à triompher de mon appétit. Ce soir, nous avons choisi le rez-de-chaussée, dans un environnement de briques rouges et de boiseries sombres, juste à côté du cellier vitré qui nous nargue de ses Pétrus, Gevrey-Chambertin, Más La Plana… Une bière belge (Straffe Hendrik) me tient lieu d’apéro. Mon amie, elle, finit par choisir un "Sirocco royal" (Chambord, vodka, jus de canneberge et de pamplemousse) parmi la vingtaine de martinis proposés et prévient tout de suite le serveur qu’elle enchaînera, un peu plus tard, avec un Valpolicella Superiore (2001). Satisfaite, elle attend que je me fraie un chemin parmi les bouquets de verdure, concassé d’avocats au citron avec crevettes en salsa, tartares et carpaccio de boeuf ou de saumon, "bar saisi en basilic", confit de canard, bavette de veau, trilogie de porc (boudin, filet, brandade) et autres prétextes à soupirs. Comme la semaine précédente, on nous sert ce que les restaurateurs appellent de plus en plus "amuse-bouche" plutôt qu’"amuse-gueule", par une sorte de pudeur qui me donne chaque fois envie de rigoler. Tartare de saumon et bruschetta: il y en a un de chaque sorte pour chacun de nous, mais je me tape les deux tartares (sur chips de taro) et mon amie s’octroie le privilège de pouvoir me "raconter" le piquant, le doux, le cru et la pointe d’acidité des bruschetta couchés sur craquelins. Elle en fera autant en croquant avec ferveur son méli-mélo de haricots verts mêlé de volaille grillée et de citrons confits. "Incroyable!" dit-elle en me faisant goûter. Bon, certainement; frais, original et sans une trace d’acidité. Je l’aurais enviée si je ne me régalais pas d’un feuilleté de ris de veau qui place la barre bien haute pour bien du monde. D’abord, les ris de veau ont été soigneusement dénervés et débarrassés de leur pellicule (pratique moins courante qu’on ne l’imagine, mais plusieurs soutiendront le contraire); on les a ensuite aplatis comme il se doit avant l’apprêt définitif, sauce claire, un peu douce, aux champignons. Le résultat est une merveille de raffinement. Sa salade terminée, mon vis-à-vis donne le feu vert pour son rouge, dont on vient déboucher la bouteille sous ses yeux. Et c’est reparti! Une belle assiettée de manicotti s’amène pour elle, garnis autour de poivrons rouges et jaunes, de courgettes, d’oignons verts, tout cela dans une sauce brune qui se mêle, sur les bords, à une gelée de porto. Le pied! Bien que, pour ma part, j’estime les manicotti un peu trop al dente – mais cela ne me perturbe pas une seule papille. À mon tour de tâter d’un méli-mélo… mais de fruits de mer: pétoncles délicieux et moelleux, aussi goûteux que je le souhaite à tous; crevettes tendres, à peine croquantes, savoureuses; bar, bien salé sur le dessus, mais un peu fade en dessous; saumon… qui reste du saumon; moules prometteuses, mais un peu desséchées, tristounettes, comme si la sauce, pourtant délicieuse, les avait boudées en cuisine. En accompagnement, j’ai droit à un pilaf safrané entouré de courgettes, oignons rouges, haricots français et autres légumes. Nous voilà encore une fois avec l’appétit qui demande grâce. Alors, rien que pour vérifier s’il ne joue pas la comédie, nous nous offrons à deux une glace maison à la noix de coco (de la vraie) surmontée de deux piroulines et d’une fraise coupée en deux – pour ne pas faire de jaloux. Après, il ne nous reste plus qu’à rouler jusqu’à l’auto.
Café Sirocco
64, boulevard René-Lévesque
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 529-6868
"Tables à café" à partir de 20 $
Table d’hôte à partir de 34 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 89,95 $
Nouvelle saison du Fierbourg
Le Centre de formation professionnelle Fierbourg, établissement spécialisé en alimentation et tourisme, annonce l’ouverture de sa Boutique gourmande. Comme chaque année, on y trouve un choix de mets, différents chaque jour, préparés par les élèves du Centre sous la supervision de leurs professeurs. En plus d’acheter à bas prix de savoureux plats de poisson ou de fruits de mer, des potages, ratatouille, pâtes à tarte, crêpes congelées, etc., vous encouragez les jeunes à poursuivre leur formation. La Boutique gourmande ouvre tous les jours de la semaine, de 11 h 30 à midi et de 16 h 30 à 19 h. Adresse: 337, 76e Rue Ouest, Charlesbourg (entrées 1 et 3).