La façade nouvellement rafraîchie et la terrasse requinquée du Ritz font tout honneur à ce qui nous attend à l’intérieur. Une décoration pensée et urbaine mais sans la prétention des nouveaux pseudo-bistros-lounges qui se multiplient depuis quelques années. Tout y est aéré, bien disposé, et ma copine, anciennement serveuse, me le confirme. Au Ritz, on ne s’accroche pas dans une plante verte en plastique ou dans les ustensiles des tables voisines. La musique est appropriée et l’éclairage parfait, rien d’intimidant, tout d’invitant. Un service courtois et délicat qui s’adapta du mieux possible à notre français, avec le sourire, nous garda intéressées. Le généreux menu, parfaitement traduit, se combine à une vaste sélection de vins, dont plusieurs sont disponible au verre.
Nous débutons par les crevettes tigrées avec sauce crémeuse au vermouth doux, servies sur une pâtisserie feuilletée. Tendres, cuites juste à point, bien qu’un peu salées, et flirtant avec de généreux morceaux de champignons, tomates séchées, et échalotes, voilà une entrée réussie. La seconde était un filet de boeuf enrobé de graines de fenouil au poivre noir, arrosé d’aïoli à la moutarde au brandy et garni de câpres, basilic et fromage parmesan. Il aurait pu être mentionné sur le menu que le filet de boeuf en question était servi cru, car ce fut une surprise! De plus, les saveurs très prononcées de moutarde, câpres et parmesan rendaient le plat un peu trop complexe en bouche. Les entrées se situent entre 6$ et 13$.
Au plat principal, les choix sont tout aussi alléchants. Mon amie s’arrête sur l’assiette de Penne pesto au poulet grillé. Le poulet en fines tranches s’enroule comme une fleur au centre du plat et un généreux morceau de fromage de chèvre chapeaute, coulant, le dessus du met. Le tout beigne dans une douce huile d’olive accompagnée d’asperges grillées, tomates séchées et noisettes qui ajoutent un délicat croquant à la savoureuse combinaison. Les pâtes au menu se situent autour de15$. Mon goût du poisson, et du risque, me guide vers "la pêche du jour". Ce soir là, de la perche, servie avec tapenade d’olives noires et vertes, salades, et légumes vapeur. Encore une fois, surprise! On ne m’avait pas avertie que je me retrouverais en tête-à-tête avec une Bête. Un poisson complet, couché dans mon assiette, la culpabilité de l’assassin montant en moi. Ouverte d’esprit, je dépèce la chose entre deux fous-rires nerveux tentant de ne pas m’étouffer avec les gigantesques arrêtes. Le poisson a bon goût, mais la tapenade d’olives vertes et non noires, mais bien Calamata, est beaucoup trop forte pour la subtilité de ce poisson. Et puis il est difficile de garder un minimum de classe quand la peur de vous étouffer avec une arrête vous pousse à ausculter chaque bouchée. Après m’être découragée et avoir remarqué qu’on avait remplacé l’oeil de la bête par une petite bille blanche, je tentai de changer la perche de côté en la levant par la queue. Suivie toute sa "colonne vertébrale"! Et j’en conclus que c’était la façon rapide de retirer les arêtes principales dans une situation comme celle-là. Malheureusement, après l’avoir découvert, j’étais à bout d’appétit, et de courage… Le prix du poisson du jour varie selon la variété, mais en ce cas-ci, il revint à 33$. Enfin, il est bon de savoir que celui-ci est toujours servi avec la tapenade d’olives. Il ne reste qu’à découvrir s’il est toujours servi en entier; ce pourrait être, comme pour moi, une belle leçon d’humilité face à la Bête. Somme toute, nous avons bouclé le repas par un gâteau aux crêpes, pommes et abricots, où les amandes et la cannelle trop abondante gâchaient malheureusement la tendresse des abricots.
Ce fut une très belle soirée où le service fut constant, mais non encombrant, les mets apprêtés puis présentés avec charme et caractère.
Prévoir 85$ pour deux, avant vin et pourboire.
Le Ritz
89, rue Clarence
Marché By
Tél.: (613) 789-9797