Restos / Bars

Toast! : Festin d'Éden

Des produits frais, du talent, deux ou trois touches d’exotisme et beaucoup d’imagination. Et voilà: vous  craquez!

Alors que je trinque pour la nième fois au cours d’un cinq à sept, le mot me vient à l’esprit comme une évidence. Toast! "Pourquoi pas? Surtout que c’est à deux pas d’ici…" Elle se lève déjà, annonce aux amis que nous avons faim et attrape son manteau. Il pleuvine et l’on gèle. Pas grave. Nous marchons. Quand enfin nous nous retrouvons dans le hall de l’hôtel où loge le resto, j’ai presque envie de fredonner, sur un air d’autrefois, "douce chaleur de mes jeunes années…" Nous prenons tout de suite à droite l’entrée de la salle à manger. Chic et sobre. Façon lounge. Sièges et banquettes dans les tons de rouge; murs de pierre; casier à bouteilles en plexiglas. Guidés par nos narines en resquille, nous prenons place à la dernière table, au fond, tout près des cuisines. Chacun dans ce que j’appelle notre "bulle d’arômes", nous nous abandonnons au lyrisme d’un petit parchemin déclinant les originalités de la maison, à commencer par la soupe froide d’huîtres en velouté de volaille au céleri et huile de coriandre. La demi-caille désossée a été confite au gras de canard; le suprême de faisan rôti s’accompagne d’un jeune chou étuvé au vin blanc, oignons et shiitake, jus d’os à la moutarde au moût de raisin. Jarret d’agneau de l’Alberta, côte de veau, poisson du jour (bar rayé)… Les amuse-gueule arrivent à point pour nous éviter de défaillir: maïs en grains, asperge, betterave, carotte et topinambour cuits al dente et marinés, avec quelques gouttes d’ailloli maison. Très bonne mise en train. Mais ça ne calme pas la faim; ça vous la survolte. Sans parler des odeurs chaudes qui persistent à nous racoler… Quand arrivent nos premières assiettes, elles n’ont pas le temps de dire "ouf!". Mon carpaccio de boeuf aurait pu être banal, mais il s’avère… génial. Disposées en rosace, les minces tranches de viande reposent sur une couche de purée de piments doux confits (qu’on a bien épicée) et de mayonnaise à l’ail; par-dessus, des câpres frites à l’huile de truffes – de la vraie, comme en font foi la saveur et le parfum. Je vis là un de ces moments d’euphorie où l’on pardonnerait tout à ses pires ennemis! Mon amie? Elle plane, elle aussi, propulsée haut par une entrée de crevettes géantes gainées de cheveux d’ange et servies avec une poêlée de légumes et une sauce au lait de coco et curry rouge. Les goûts, l’assaisonnement et les textures y sont tout harmonie et nuances. "Le pied!" dit-elle, confirmant ce qui saute aux yeux. Elle se commande un deuxième verre de vin blanc (Ibisco) et trinque à la pensée qu’on en a encore pour quelques moments à cette table. Quelques minutes plus tard, nous voilà de nouveau servis. Pour elle, un parmentier de canard et pommes de terre finement tranchées avec braisé de poireaux et ciboulette – tout cela gratiné au fromage de chèvre et accommodé d’un consommé de soja. Cette deuxième entrée, dressée en timbale, vaut aussi bien le coup d’oeil que le coup de fourchette – ou le double coup de fourchette, car je n’ai aucun plaisir à n’être que voyeur. "Ton agneau va refroidir": je prends ce commentaire pour un rappel à l’ordre et me rabats sur le grand bol blanc dont le fond, tapissé de risotto "arborio", est mouillé de jus d’agneau "naturel". Dessus, un carré d’agneau détaillé en six côtelettes (au lieu des cinq annoncées) croûtées de chapelure en zeste d’agrumes. Vous dire! Cela ne se décrit pas. On dévore, tout simplement, le cerveau essayant sans succès toutes sortes de superlatifs applicables à une viande saine qui fond littéralement sous la dent et vous tire à chaque bouchée un petit gémissement d’alcôve. Et la sauce importée directement du paradis! On en oublierait le risotto, pourtant réussi, qui de loin en loin apaise les papilles trop sollicitées. À un certain moment, je déclare subitement forfait et l’on emporte mon assiette. Pris de remords, je me rabats sur un "flan tout caramel, glace cannelle et braisé d’ananas au sésame noir"; pour ne pas être en reste, mon amie opte pour des canoli à l’érable, chocolat blanc et risotto d’agrumes. Nous dégustons lentement, tandis que le serveur, à notre demande, nous "raconte" les menus du midi.

Restaurant Toast!
17, rue du Sault-au-Matelot
Québec (Québec)
Téléphone: (418) 692-1334
Menu du midi à partir de 10 $
Table d’hôte: 29 à 38 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 100,65 $

Citrouilles en folie
Du 23 au 31 octobre, vous pouvez vous procurer au Marché du Vieux-Port de magnifiques citrouilles décorées par Carol Althot et Diane Charuest de l’atelier Vert de Gris (Québec). Qui plus est, les artistes procéderont devant vous, en direct, à la "métamorphose". Hulk, Spiderman, Monsters Inc. et d’autres prendront forme sous vos yeux! Renseignements: (418) 692-2517, poste 232.