Restos / Bars

Beckta : Longue vie!

Il en aura fallu du temps pour que j’y mette enfin les pieds!! Quelques critiques élogieuses, et la place s’est remplie comme s’il n’y avait plus eu, à Ottawa, que Beckta. J’ai pris mon mal en patience, espérant que tout cet engouement ne monte pas trop à la tête de la jeune équipe. Bien m’en  prit.

Beckta, c’est d’abord le nom d’un sommelier: tout juste trente ans, mais déjà une solide réputation que quelques années à New York ont suffi à bâtir. L’amour le ramène dans sa ville natale, et la fermeture du Ritz Uptown lui donne la chance de se lancer. Mais le sommelier ne fait pas à lui seul le resto. Il s’associe donc le très talentueux chef Stephen Vardy, anciennement de Kinki, qui met à bon escient sa créativité débridée.

Vous vous rappelez sûrement la maison de brique de la rue Nepean: vieille bourgeoise touchante d’élégance surannée. Si l’extérieur s’est contenté d’une nouvelle galerie, l’intérieur, lui, a subi la grande chirurgie coloriste. Un bleu soutenu sur lequel se découpent élégamment plâtres blancs et moulures de bois blond; un éclairage discret, dissimulé derrière les banquettes; des nappes blanches, des chaises mordorées accueillantes et tout ce qu’il faut de Riedel et de belle vaisselle.

Le service, bien formé, oscille entre empressement mesuré et obséquiosité. C’est qu’on est jeune et moderne, alors que la clientèle fait parfois un peu empesée; l’ambiance en souffre légèrement.

La carte des vins que propose Beckta est surtout canadienne, française et italienne, avec une place plus mince à l’Australie et autres États-Unis; mais l’ensemble est bien bâti. On y offre une bonne sélection de vins au verre, en 3 ou 6 onces et une fourchette de prix plutôt raisonnable – de 25$ à 195$. Nous irons d’un Minervois "Grande Réserve", Domaine Pujol 2000 (42$).

Si le menu est surprenant, coloré, débordant de produits locaux, je lui reprocherais seulement son côté "nouveau riche": foie gras et parfum de truffe jouent des coudes. On adore, mais la modération, comme dirait l’autre… On ouvre le bal avec une poutine au foie gras – créativité débridée, disais-je?!: amusante dans son concept – frites allumettes, fromage fontina, foie gras poêlé, réduction de balsamique et sauce au foie gras -, un peu lourde, peut-être, mais ô combien savoureuse! Un grand plat d’escargots petits-gris presque aussi fondants que les gnocchis maison qui les accompagnent seront aussi source de joie. Champignons, bacon fumé et estragon, le tout en sauce crème très légère, complètent un ensemble réussi.

Suivra un thon tataki en croûte de poivre à peine saisi, servi froid avec une vinaigrette… au foie gras, poivrons rouge marinés, réduction de gingembre et verdure: très fin.

Le filet de cerf rôti est impeccable: viande tendre, presque saignante, aux saveurs franches d’automne. Un jus au beurre brun est éclipsé par une relish de framboises un peu trop insistante. Champignons matsutake et wontons de patates douces viennent ajouter de l’exotisme à l’assiette. La poitrine de canard BBQ est tout aussi fine et fondante. Servie avec pommes caramélisées, oignons rouges, champignons shiitake et jus à l’orange et au gingembre, on en reprendrait!

On se laisse finalement tenter par une assiette de fromages: fourme d’Ambert, chèvre français, cheddar à la Guiness, gruyère, et j’en passe. Seul le Québec brille par son absence… Mais après tant de belles et bonnes choses, on ose à peine s’en offusquer.

Attendez-vous à débourser une bonne centaine de dollars pour un repas pour deux, avant vin, taxes et pourboire. Dix à 15$ pour les entrées; 25 à 35$ pour les plats. Un menu dégustation cinq services pour 75$ + 35$ pour les vins d’accompagnement.

Beckta, dining & wine

226, rue Nepean

Ottawa

Tél.: 238-7063

Petite annonce: c’est avec joie que j’ai retrouvé, mardi le 21 octobre, au restaurant le Parlementaire de Québec, les chefs Gaëtan Tessier, du Centre Relais de la Lièvre de Buckingham, et Luc Gielen, du Sans-Pareil, et leurs étudiants, Marc Bégin, Yves Courtemanche, Marie-Michèle Desjardins et Tania Fleurant-Cheff, qui y faisaient la promotion de produits régionaux de chez nous. À l’honneur pendant deux semaines au Parlementaire: capicollo et tartare d’agneau de la ferme Moreau (Ripon), poulet de la ferme Saveurs des Monts (Val-des-Monts) et Salsepareille du Coprin (Aylmer).